Akébie : le romantisme des années 30

Le charme presque désuet de sa floraison lui vaut un franc succès. C’est aussi une liane vigoureuse, solide, très couvrante qu’il faut savoir guider sans la contrarier.

C’était une star dans les jardins des années 30. Et puis curieusement, elle a été vite délaissée. Pourtant l’akébie ne manque pas d’atouts. Fort heureusement, on la redécouvre ces derniers temps, notamment dans les foires aux plantes avec de nouvelles variétés.

Une liane vigoureuse mais lente au départ
Akebia est d’origine japonaise et chinoise. Elle a été introduite en Europe seulement au cours du 19e siècle. Elle a rapidement connu un certain succès. C’est surtout l’espèce Akebia quinata qu’on cultive. C’est une belle liane, vigoureuse, qui se hisse à 6 ou 8 m de haut, parfois un peu plus. Elle lance ses longues tiges volubiles qui se lignifient assez vite. Comme beaucoup d’autres plantes grimpantes, elle prend un peu de temps pour démarrer. Ne vous inquiétez pas. Il faut juste savoir patienter deux ou trois ans pour la voir se développer. Mais encore faut-il la planter au bon endroit.

Un sol fertile, frais et un soleil légèrement filtré
L’akébie aime les terres moyennes à fertiles, plutôt humifères. Pour l’aider au départ, on apporte à la plantation un bon compost maison et on vérifie la qualité du drainage. Le sol est neutre ou acide. La plante a aussi besoin de soleil pour fleurir généreusement. Cependant, dans les régions méridionales, si l’été est très chaud et le soleil brûlant, il faut trouver une ombre légère pour éviter que le feuillage grille trop vite.

Une floraison précoce et très originale
Cette grimpante porte des fleurs femelles et des fleurs mâles distinctes sur le même pied. On la dit « dioïque ». Ces petites fleurs, délicieusement parfumées, sont réunies en grappes et vont du blanc rosé au rouge lie de vin. Délicates, elles apparaissent dès le mois de mars dans les régions où les hivers sont doux et en avril ailleurs. Les fleurs femelles peuvent ensuite donner des fruits en forme de petites saucisses si les étés sont suffisamment longs et chauds. Les feuilles sont plus ou moins persistantes, surtout dans les régions douces. Elles sont presque coriaces, d’un vert franc qui peut se tacher de pourpre à l’automne et portent cinq folioles pour les variétés de l’espèce A. quinata. Mais il existe d’autres espèces comme A. trifoliata avec des feuilles à trois folioles.

Une taille de nettoyage
Rassurez-vous, la taille est réduite au plus simple. Après floraison, souvent en mai, on supprime les brindilles sèches qui encombrent le feuillage et les feuilles les plus âgées. Mais il n’y a aucune taille nécessaire à la bonne floraison. On se contente de « nettoyer » la plante en aérant les tiges trop denses.

Elle peut s’avérer parfois envahissante
Il est vrai que cette akébie a une souche rhizomateuse parfois puissante. Dans certaines régions, on voit des rejets surgir jusqu’à 7 ou 8 m du pied mère. C’est sans problème en bord de pelouse car on tond les pousses. En revanche, dans les massifs de vivaces c’est beaucoup plus gênant à cause des racines. D’ailleurs, prélever ces rejets est encore la méthode la plus facile pour multiplier l’akébie.

Offrez-lui un bon support
Evidemment, il faut un support pour qu’elle puisse se développer : arche, treillage, grillage de clôture, vieux tronc d’arbre. Il faut tout de même faire attention. Autant elle peut être associée à des glycines, une bignone, un rosier grimpant, autant il est imprudent de l’associer à une clématite qu’elle pourrait vite étouffer. Et en hauteur, il est plus difficile d’aller la déloger.

On ne la consomme pas
L’akébie rentre dans la pharmacopée chinoise. L’écorce et les racines auraient des vertus analgésiques, anti-inflammatoires et diurétiques. On peut même manger ses feuilles et ses fruits. Mais ils n’ont aucune qualité gustative.

Catherine Larenaudie

Bleuir les hortensias

Certaines variétés d’hydrangeas, dont quelques hortensias (H. marcrophylla) ont des fleurs bleues. Or, si le sol manque d’alumine, les fleurs deviennent roses. On peut compenser ce manque en apportant une fois par an, voire tous les deux ans, avant l’été, un produit bleuissant à raison de 100 g dilués dans 10 l d’eau.
On peut aussi pailler le sol autour de l’hortensia avec des ardoises pilées. Elles apporteront lentement l’alumine utile dans le sol. Mais attention, seules les variétés naturellement bleues pourront ainsi le rester.

 

Marguerite : on l’aime un peu, beaucoup, passionnément

Voilà une vivace qui nous est familière. Elle pousse à peu près partout, même en moyenne montagne. On a d’ailleurs adopté de nombreux cultivars dans nos jardins mais ils n’ont pas la résistance de l’espèce type.

Elles surgissent avec le mois de mai sur les prairies, les talus, les lisières de bois et les bords de route. Les marguerites annoncent enfin les beaux jours de fin de printemps et surtout le grand soleil. C’est une plante très commune dans toutes nos régions et sous tous nos climats.

Sur tous types de sols
La marguerite est une vivace qui pousse spontanément sur des sols neutres ou basiques, c’est-à-dire calcaires. Mais on la voit aussi sur des terrains un peu acides. Elle préfère en tout cas des terrains moyens ou pauvres, toujours drainants, plutôt frais mais sans excès d’humidité. Elle colonise les emplacements ensoleillés. Sa taille peut varier avec des tiges allant de 30 à 80 cm de haut. Plus le sol sera riche, plus les tiges seront molles et auront tendance à se coucher.

Ce n’est pas une matricaire
Cette marguerite commune ou Leucanthemum vulgare a des fleurs simples (diamètre 5 cm), qui comptent 20 à 30 pétales d’un blanc pur. Le cœur de la fleur est jaune vif. Les feuilles alternes, ovales, poilues et à bord denté, sont d’un vert foncé.
La matricaire camomille (Matricaria recutita) est assez proche. Ses pétales blancs (ligules) sont souvent orientés vers le bas avec des capitules jaunes proéminents et pointus. Elle a une odeur très forte que n’a pas la marguerite.

Les marguerites de jardin
La marguerite a donné lieu a de nombreux cultivars à fleurs simples, semi-doubles ou doubles. ‘Reine de Mai’, 70 cm, précoce, est toujours appréciée. Il y a aussi des hybrides de Leucanthemum x superbum avec des grandes fleurs (10 cm de diamètre) portées par des tiges de 90 cm. Les floraisons sont souvent plus tardives (de fin juin à fin août). Elles tolèrent moins la sécheresse que leur cousine sauvage.

Catherine Larenaudie

Acanthe : ceux qui la dénoncent la connaissent-ils vraiment ?

Elle serait fanée dès le milieu de l’été, envahissante, difficile à éradiquer. Mais tout le monde aime cette vivace puissante au feuillage spectaculaire et aux floraisons généreuses. Encore faut-il savoir la dompter.

Tout le monde est d’accord pour dire que l’acanthe est une belle vivace. C’est une plante de caractère, volumineuse et qui ne manque vraiment pas d’atouts. Pourtant, plusieurs jardiniers s’en lassent assez vite. Pire, certains pestent même contre elle, la jugeant envahissante. Qu’en est-il ?

Des semis spontanés qu’on peut éviter
L’acanthe est remarquable pour ses feuilles mais aussi pour ses puissantes hampes florales. Hautes de 1 à 2 m, bien droites, elles comptent de nombreuses fleurs mellifères qui attirent les abeilles et les bourdons. C’est si vrai qu’on les plante au potager pour favoriser la pollinisation de certains légumes. Chaque fleur compte trois bractées pourpres et des pétales blancs ou rosés. La floraison commence selon les espèces et les régions entre mai et juin et se poursuit jusqu’à la fin juillet ou la mi-août. En fanant, ces hampes libèrent de nombreuses graines qui germent la saison suivante un peu partout au jardin, même là où on ne veut surtout pas. J’en ai retrouvé au milieu des hellébores, parmi les heucheras ou les sédums qui étouffent sous la vigoureuse acanthe. Pour éviter le problème, il suffit de rabattre la hampe au ras du sol dès qu’elle commence à peine à faner.

Des petits éclats de racine bouturent vite
Par ailleurs, l’acanthe est dotée d’une racine charnue, puissante, qui plonge bien dans les terres profondes. Si vous souhaitez vous débarrasser de la plante, il faut retirer tout le bloc racinaire. Attention, un simple petit tronçon de racine risque de bouturer tout seul et générer rapidement un nouveau plant. C’est ce qui fait dire aux détracteurs de l’acanthe qu’elle est difficile à éliminer et qu’on a beau l’arracher, il en revient toujours. Si vous prenez le temps de creuser large et profond, la plante ne donnera plus de rejet.

Si elle rechigne à fleurir
L’acanthe s’adapte partout. Les sols secs, calcaires ne la gênent pas plus qu’un sol neutre ou même acide et très drainant ou une bonne terre fertile d’un massif. En revanche, elle a besoin de soleil pour fleurir. Ceux qui la plante à l’ombre ou mi ombre pour protéger ses feuilles risquent d’être déçus par une floraison faible. Plantez-la au soleil même si l’été est chaud. Elle supporte bien la sécheresse et montre quand elle a soif en s’affaissant. Un arrosage suffit à la redresser. Quant aux jeunes plants, ils mettent deux à trois ans avant de donner leurs premières hampes florales. Patientez.

D’une acanthe à l’autre
Parmi les nombreuses espèces d’acanthes, deux sont connues.
Acanthus mollis sont les hampes d’1,50 m peuvent monter jusqu’à 2 m. Les feuilles très larges sont molles, persistantes en climat doux, vert foncé et luisant. Elle fleurit de juin à août. C’est la plus vigoureuse et se ressème spontanément très vite.
Acanthus spinosus a des feuilles plus profondément découpées que la précédente (jusqu’à la nervure centrale). Les pointes sont épineuses mais c’est aux bractées épineuses des fleurs qu’elle doit son nom de spinosus.
A. longifolius (ou A. hungaricus) est plus compacte. Elle ne dépasse pas 1 m de haut et ses feuilles très longues et profondément découpées ne sont pas épineuses.

Walter Brousse

Les coucous

La primevère sauvage est une espèce botanique. C’est une véritable plante indigène qui pousse spontanément dans nos régions. Solide, frugale, elle ne demande aucun soin et préfère les sols difficiles et même calcaires.

Comme son nom l’indique, elle fleurit souvent quand le coucou chante, selon les régions fin mars ou tout début avril. Elle est parfois plus précoce. Cette vivace, genre Primula du latin primus premier et l’espèce veris printemps, est dite botanique. Cela signifie qu’elle est indigène dans nos régions.

Pas de sol trop fertile
Cette primevère sauvage pousse spontanément sur les talus et au bord des chemins, sur un sol neutre à basique (calcaire), moyen à pauvre. Il lui faut de la lumière en hiver et au printemps, mais aussi une ombre légère en été pour rester toujours au frais. Au jardin, elle s’installe sans difficulté, mais ne lui apportez pas de compost. Elle peine dans les terres régulièrement amandées.

Elle se développe seule sans être envahissante
Cette primevère est dotée d’un rhizome court. Avec le temps, il forme chaque année un nouveau « nœud » qui donne une nouvelle rosette de feuilles. Celles-ci sont ovales, longues de 5 à 8 cm, épaisses, d’un vert moyen. Il en sort des tiges florales de 20 à 30 cm de haut. Les fleurs, hermaphrodites, ont un calice et des corolles soudés avec des pétales jaunes et une tache orange. Elles libèrent un parfum caractéristique. Cette primevère, également appelée officinale, a bien des vertus médicinales avec des propriétés analgésiques, pectorales et antispasmodiques. Mais attention, des allergies sont possibles.

Il ne faut pas se tromper de primevère
Il existe près de 400 espèces de primevères et l’une d’elles, la primevère élevée (P. eliator), pousse aussi spontanément dans les campagnes. Elle a un aspect assez proche de P. veris mais on la distingue par ses fleurs ouvertes, d’un jaune plus pâle, par ses feuilles plus larges et redressées, et par l’absence de parfum (ou très discret). Or, si le coucou est commun, cette primevère élevée est rare. Si vous en voyez, n’y touchez pas.

Catherine Larenaudie

 

Euphorbes characias

En quelques années, elles sont devenues des stars du printemps. On les voit dans les beaux jardins bien sûr, mais aussi dans les villes où elles fleurissent les ronds-points dans des conditions difficiles. Mais attention, cette espèces a des exigences particulières.

Sol sec et grand soleil
Il est vrai que le genre botanique Euphorbia compte plus de 2 000 espèces de toutes sortes. Parmi les seules vivaces assez courantes dans nos régions, certaines ont besoin d’un sol frais comme E. griffithii, d’autres d’un sol sec mais à l’ombre comme E. dulcis et d’autres d’un sol marécageux (E. palustris). Or, E. characias a besoin d’un sol sec, drainant, caillouteux. Elle adore les pentes d’une rocaille ou les grands talus. Et il lui faut du soleil pour fleurir (ou une ombre légère) et de l’espace pour briller, se développer et respirer. Et soyez prévoyant quant à la place à lui accorder.

Certaines variétés sont très volumineuses
L’espèce E. characias compte elle-même plusieurs variétés. Les plus petites atteignent 40 à 50 cm de haut comme la surprenante ‘Blackbird’. Mais la hauteur moyenne est de 80 cm comme ‘Humpty Dumpty’ ou même ‘Forescate’. Mais quelques-unes dépassent 1 m de haut notamment ‘Wulfenii’ qui forme des massifs volumineux avec d’énormes inflorescences.

Soignez le drainage
A la plantation, qu’il faut faire idéalement en mars ou octobre, une fois l’emplacement choisi au soleil et avec de l’espace, creusez un trou et vérifiez le bon drainage de l’eau. C’est essentiel. La seule menace sérieuse qui pèse sur cette euphorbe est de pourrir depuis sa base en raison d’un sol trop lourd et donc trop frais. Dépotez en douceur pour ne pas déchirer les radicelles du jeune plant et trempez la motte dans l’eau pour l’imbiber au cœur. Ensuite, plantez et tassez au pied pour former une cuvette autour du plant que vous remplirez d’eau. Durant les trois premières semaines qui suivent, arrosez tous les trois à quatre jours. Ensuite, jusqu’à la fin du printemps et tout au long de l’été, arrosez une fois par semaine (deux si le temps est chaud et sec). La seconde année, le plant étant bien installé, ce sera inutile.

Ne les chouchoutez pas
Pour certains d’entre nous, c’est presque devenu un réflexe : à chaque plantation on apporte un peu de bon compost maison. Or, dans ce cas précis, c’est déconseillé. Un sol fertile ne convient pas à E. characias. Cette vivace aime les sols moyens à pauvres, voire très pauvres. Il arrive même qu’elle fasse des semis spontanés sur des bords de chemin et de trottoir. Sur sol trop riche, elle sera molle et ne se teindra pas.

Une taille au bon moment
Oui, Euphorbia characias a bien besoin d’une taille par an. Il faut juste supprimer les tiges fanées en rabattant à la base. On intervient après la floraison, au début d’été, sans toucher aux autres tiges qui fleuriront l’année suivante. Celles-ci vont pouvoir se développer plus facilement.

Walter Brousse

 

Tulipes : elles prennent tous les styles

Il faut l’avouer, certains jardiniers n’accordent pas beaucoup d’intérêt aux tulipes. Ils la jugent avant tout comme une fleur de fleuriste juste bonne pour faire des bouquets. Or, c’est très mal connaître cette plante dont la diversité des styles et des tailles permet de l’intégrer dans toutes sortes de jardins avec succès.

4 000 variétés réparties en 15 catégories
La terre d’origine de la tulipe est la Turquie. Le nom même de Tulipa vient du turc tülben, qui signifie plante à turban. C’est à partir du 15e siècle que la plante fut introduite en Europe et notamment aux Pays-Bas où elle suscite rapidement une réelle passion. Les financiers investissent, les boursicoteurs surenchérissent, ce qui pousse les botanistes de l’époque à multiplier la plante et à créer déjà des hybrides. Ce pays est toujours aujourd’hui la première terre de production et la tulipe a pris différentes formes et différentes tailles. Le genre Tulipa compte désormais près de 4 000 variétés dans 120 espèces différentes. Pour s’y retrouver facilement dans cette multitude, on classe les tulipes en 15 catégories selon leur période de floraison et selon leurs types.

Les hâtives simples et doubles dès le mois de mars
Les premières tulipes à fleurir ont des tiges courtes et ne dépassent pas 20 cm de haut. Elles sortent de terre dès la fin février et fleurissent tout début mars, souvent en même temps que les crocus. On distingue les tulipes à fleurs simples et les doubles un peu moins précoces et à peine plus grandes.

Les tulipes dites de saison fleurissent en avril
Arrivent ensuite les variétés de saison qui fleurissent entre le début et la fin avril. Il y a d’abord les Triomphe issues de croisements entre simples hâtives et simples tardives. Elles atteignent entre 35 et 60 cm de haut. Les très classiques hybrides de Darwin (les fameuses tulipes de fleuristes) fleurissent plutôt fin avril et sont un peu plus hautes (70 cm). Elles sont issues de croisements entre différentes Darwin et des variétés de l’espèce fosteriana.

Des tardives très variées
Parmi les tulipes tardives, les simples fleurissent entre la fin avril et le début mai. Elles font 50 à 70 cm de haut. Plus originales, les variétés à fleur de lys ont des pétales allongés et pointus souvent dans les jaunes. Les frangées sont intéressantes car le bord des pétales est finement découpé comme pourrait l’être un tissu. Elles s’épanouissent souvent début mai. Les Rembrandt sont des tulipes à fleurs simples et marbrées. Cette particularité est due, à l’origine, à un virus. L’effet étant apprécié par les amateurs de tulipes, les spécialistes l’ont développé. Les viridiflora sont assez proches des fleurs de lys mais souvent en blanc-vert. Toujours en mai, les perroquet sont très spectaculaires avec leurs grands pétales colorés et profondément découpés. Enfin, les doubles (ou variétés à fleurs de pivoine) ont d’énormes fleurs. Elles sont souvent les dernières à fleurir autour du 20 mai.

Les botaniques
Les espèces dites botaniques sont « sauvages » et poussent spontanément. En réalité, les tulipes dites botaniques sont celles dont le caractère sauvage est encore dominant. C’est le cas des saxatilis, linifolia, humilis, voire des plus rares agenensis et autres variétés vraiment spontanées.

Trois cas particuliers
On pourrait très bien les ranger parmi les hâtives mais elles sont assez connues pour être considérées comme des catégories à part entière. Il y a d’abord les kaufmanniana, courtes sur tige (20 cm) et précoces (début mars). Il y a aussi les fosteriana à peine plus hautes, plus colorées et qui fleurissent fin mars ou début avril. Et viennent enfin les greigii aux coloris souvent très vifs, parfois mouchetés qui atteignent 30 à 40 cm et fleurissent fin mars. Ces trois espèces comptent désormais de très nombreux hybrides.

C’est l’heure du choix
Oui bien sûr, c’est entre la fin septembre et la fin novembre qu’on plante les bulbes de tulipes en optant pour un emplacement au soleil et dans un trou à fond plat deux à trois fois plus profond que la hauteur du bulbe. Mais c’est maintenant que vous pouvez mesurer sur pied toute la diversité des tulipes. Laissez-vous tenter mais observez aussi avec attention les points suivants. En effet, on peut préférer une tulipe perroquet ou une variété très double à une tulipe à fleurs simples et courte sur tige. C’est une affaire de goût et on doit planter en fonction de ses goûts, mais pas seulement. Il faut aussi prendre en compte la période de floraison qui varie d’une catégorie à l’autre et d’une région à l’autre. Les plus précoces fleurissant dès le mois de mars, elles seront associées à des plantes vivaces de début de printemps (Viola, Primula, Anemone) et à d’autres bulbes précoces (Crocus, Muscaris). Les tulipes les plus tardives fleurissant avec les lilas, elles seront associées à d’autres vivaces aussi différentes que des cœur de Marie (Dicentra), des géraniums vivaces, des euphorbes, voire même des pavots. La hauteur de tige de la tulipe est le troisième critère de choix important. L’emplacement réservé sera aussi fonction de la taille : rocaille pour les plus basses, bordure pour les moyennes, massif pour les plus grandes. Et puis certaines tulipes botaniques seraient plus adaptées à certains types de climat : humilis dans l’est, saxatilis dans l’ouest et le Midi. On gagne toujours à interroger un spécialiste des bulbes sur une foire aux plantes.

Jules Bara

La bruyère d’hiver

Cette jolie bruyère alpine est la plus rustique des bruyères. Quelles que soient les conditions climatiques, elle fleurit chaque année avec régularité. C’est une solide qui supporte même le calcaire et l’ombre.

Elle est très rustique et sacrément solide
Le nom botanique de cette plante est Erica carnea. Son nom commun est bruyère d’hiver ou bruyère des Alpes, voire bruyère carnée. Il s’agit d’un petit sous-arbrisseau aux tiges vite ligneuses, au feuillage persistant et aux floraisons hivernales. Cette bruyère encaisse des froids intenses (- 15°C sans difficulté) mais aussi la pollution urbaine, les vents violents, les embruns marins. Bref, c’est une rustique, dure à cuire qui rien n’effraie.

Une belle floraison en plein cœur de l’hiver
Mais évidemment, l’atout le plus apprécié est sa floraison généreuse qui se déroule tout l’hiver. Les variétés les plus précoces commencent à s’épanouir dès novembre et les plus tardives s’éteignent en avril. Elles sont donc, pour la plupart, en fleurs en plein hiver, même sous la neige et des froids rigoureux comme on en connaît en basse ou moyenne montagne, ou dans le Nord, les Ardennes et en Belgique.

Rose, rouge, violet, blanc
Il existe plusieurs variétés de différentes couleurs.
Parmi les plus connues citons :
‘Rosalie’, rose vif, hauteur 20 cm, est en fleurs de janvier à avril.
‘Pink Sangles’, rose clair, 40 cm de haut, fleurit de décembre à avril.
‘Myretoune Ruby’, rouge foncé, 15 cm, est en fleurs à la même période ainsi que ‘December Red’, rouge franc, hauteur 25 cm.
Parmi les bruyères blanches, ‘Snow Queen’, hauteur 15 cm, fleurit de novembre à mars et ‘Spring Wood Alba’, 25 cm de haut, fleurit de novembre à février.

Ne plantez pas trop profond
Cette Erica carnea aime les sols acides mais s’adapte aussi très bien dans une terre neutre voire un peu calcaire. Néanmoins, à la plantation, préparez un mélange à parts égales de terre de jardin et de terre de bruyère et ajoutez systématiquement un peu de sable pour que le drainage soit très bon. En revanche, n’utilisez pas de compost. Cette bruyère n’est pas du tout gourmande. Dépotez et plongez la motte au moins un quart d’heure dans l’eau pour qu’elle s’imbibe à cœur. Enfin, mettez en place sans enterrer profondément le sujet. Le haut de la motte doit vraiment être à fleur de sol.

Pratiquez une taille légère mais très utile
C’est vrai, dans les landes et les sous-bois, les bruyères se passent très bien de taille. Pourtant, au jardin, une taille maîtrisée permet d’accroître la longévité des plants et de leur garder un port harmonieux. On intervient toujours après la floraison, c’est-à-dire dans la seconde moitié du printemps. On se contente de raccourcir de moitié les jeunes pousses. Il ne faut  pas être trop sévère car on n’obtient pas de nouvelles tiges sur du vieux bois et la floraison a lieu sur les pousses d’un an. Mais il ne faut pas non plus tailler trop long en épointant car la plante « filocherait » vite en faisant trop de vieux bois. Il faut tailler juste.

Walter Brousse

Camélias du Japon : ils sont moins fragiles qu’on le croit

Ni fragiles, ni capricieux, les camélias ont une réputation qu’il est temps de rectifier. Plantés dans des conditions qui leur conviennent, ils sont florifères, costauds et font toujours preuve d’une fort belle longévité.

Originaires d’Asie, plus précisément des littoraux de Chine, de Corée et bien sûr, du Japon, les camélias apprécient les climats océaniques chargés d’une forte humidité. Il est vrai que chez nous, on les retrouve en nombre sur toute la côte ouest de Bayonne à Dieppe. Mais on peut aussi planter des camélias dans le Centre, en Ile-de-France, voire dans l’est. Toutefois, avant même le climat, c’est bien la nature du sol qui est le critère essentiel.

Une vraie plante de terre de bruyère
Comme les rhododendrons et les érables, les camélias exigent un sol franchement acide, c’est-à-dire dont le pH est égal ou inférieur à 6. C’est le cas des terres de bruyère qu’on trouve dans les landes bretonnes et normandes. Il y a aussi des terres acides dans bien d’autres régions. En revanche, ce n’est pas forcément le cas sur tout le littoral atlantique, par exemple vendéen ou charentais.
Attention, si ce n’est pas le cas chez vous, ne croyez pas qu’il suffise d’apporter dans le trou de plantation de la terre de bruyère achetée dans une jardinerie. Elle va se diluer très vite dans le sol et le camélia peinera toujours. C’est efficace seulement pour les sujets cultivés en bac et pour lesquels on mélange terre végétale, terre de bruyère et terreau. N’utilisez jamais de la terre de bruyère seule car elle est beaucoup trop pauvre et filtrante. Elle ne retient pas l’eau d’arrosage.

Respectez les rythmes de croissance
C’est vrai, en comparaison à d’autres arbustes à fleurs, les camélias ont une croissance un peu lente. Et encore, sur une terre acide, fertile, à l’ombre légère et avec un hiver doux, ils peuvent pousser et surtout s’étoffer assez vite. En tout cas, ne cherchez pas à les bousculer en apportant des engrais. Respectez leur rythme. Certains ne dépassent pas 3 m et d’autres atteignent 6 à 8 m de haut. Et puis, dans l’ensemble, tous les camélias font preuve d’une très belle longévité. Ils survivent le plus souvent aux jardiniers qui les ont plantés.

Le choix de l’emplacement est important
On entend souvent dire que les camélias sont fragiles. C’est faux car lorsqu’ils sont plantés au bon endroit, ils ne posent aucun problème. Mais le bon endroit c’est où ? Si vous êtes dans une région où les étés sont chauds à caniculaires, c’est sous une ombre légère qui les protègera entre 12 et 18h de juin à août. Il faut éviter les soleils brûlants qui les grilleraient. Dans les régions aux étés plus doux, on peut les planter au soleil mais ils apprécieront toujours l’ombre portée de grands arbres caducs qui retrouvent leurs feuilles qu’au milieu du printemps. Et puis, le bon endroit, c’est à l’abri des vents trop forts qui pourraient condamner une floraison prometteuse.

On plante entre novembre et avril
C’est bien en hiver et au début du printemps, en dehors des périodes de gel, qu’on plante les camélias. Quand l’emplacement est choisi, on creuse un trou qui soit assez large (deux fois le diamètre de la motte) et surtout assez profond : un bon fer de bêche sur un massif déjà cultivé et deux fers sur un terrain en friche. Fouillez bien le fond du trou de plantation et attendez deux à trois semaines avant de mettre en place le jeune camélia. Assurez un bon drainage, au besoin avec un lit de gravier, et préparez un mélange à parts égales de terre de bruyère, terre de jardin et terreau. Ajustez la profondeur de plantation de façon à faire affleurer le haut de la motte au niveau du sol. Si le chevelu racinaire est assez dense, découpez le contenant en plastique pour sortir la motte sans arracher les racines et mettez à tremper dans une bassine d’eau quelques minutes. Une fois le sujet en place et le trou comblé, tassez au pied en formant une cuvette autour du tronc que vous remplissez d’eau. La terre va se tasser, vous devrez donc ajouter un peu de mélange terreux. Dans les semaines qui suivent, arrosez copieusement une fois par semaine (un arrosoir de 10 litres). Paillez avec des feuilles mortes, des fougères ou des aiguilles de pin qui acidifieront un peu le sol.

Méfiez-vous des satanés otiorhynques
Ces petits charançons sont une véritable plaie. Ils logent souvent dans les mottes des sujets vendus en jardinerie. C’est beaucoup plus rare sur des camélias vendus en pépinières spécialisées. L’otiorhynque est noctambule. Il sort la nuit et dévore les jeunes feuilles et parfois les racines superficielles de ces arbustes. La seule solution efficace est de les chasser à la nuit tombée à l’aide d’une lampe torche pour les récupérer, s’en saisir et les écraser. C »est simple mais au moins sans recours aux pesticides.

Un choix très large parmi les camélias du Japon
Le genre Camellia compte de nombreuses espèces mais au sein de la seule Camellia japonica on dispose déjà d’un choix très large. Il existe d’abord des coloris variés avec des fleurs d’un rouge feu coiffé d’un opulent bouquet d’étamines jaune d’or, mais aussi des fleurs d’un blanc pur ou d’un rose délicat. On trouve également une large palette de formes de fleurs avec des simples, doubles voire très doubles comme une pivoine ou sagement ordonnancé comme des anémones. Citons quelques coups de cœur ‘Jupiter’, arbuste de 3 à 4 m, très apprécié pour ses fleurs simples d’un rose soutenu tirant vite sur le rouge et un bouquet d’étamines jaune d’or. Elles s’épanouissent de février à avril sur un feuillage vert foncé presque brillant.
‘Marguerite Gouillon’ pousse assez vite mais se stabilise autour de 3 m. On aime ses fleurs d’un blanc strié de rose, plus ou moins doubles, épanouies de février à avril. Rustique, cette variété supporte des -20°C à l’abri du vent. La superbe ‘Nobilissima’ (ou ‘Surpasse Nobilissima’) est une ancienne variété du milieu du 19e siècle. Elle connaît un succès constant grâce à ses fleurs très doubles d’un blanc éclatant mises en valeur par un feuillage vert foncé et lustré. Particularité, ‘Nobilissima’ peut fleurir dès la fin novembre et se renouvelle jusqu’en mars. Elle résiste à -12°C, là encore si on est à l’abri du vent.
Sous une pluie de janvier, ‘Smellie Nellie’ garde une tenue exceptionnelle avec des fleurs aux pétales bicolores rehaussés par un très grand bouquet d’étamines. Petit plus, cette variété est parfumée.
‘Madame Picouline’ est une variété créée en Belgique au milieu du 19e siècle qui reste assez basse (1,50 m) et offre de nombreuses fleurs très doubles, péoniformes (à forme de pivoine), rouge cerise, dès le mois de janvier jusqu’en mars.

Jules Bara

Hellébores : en fleurs de décembre à avril

Les hellébores demandent un à deux ans de patience pour donner une première floraison. On a donc tout intérêt à planter sans perdre de temps. Ça tombe bien puisque novembre est un mois propice à cet exercice. Mais le choix est large. Alors profitez-en pour retenir des espèces dont les floraisons se succèdent de la fin de l’automne au milieu du printemps.

Quel plaisir de voir des floraisons en plein hiver. Les hellébores nous offrent cette possibilité avec un grand nombre d’espèces (et de nouveaux hybrides) dont les floraisons se succèdent les unes aux autres de la fin de l’automne jusqu’au milieu du printemps. Les pluies froides, la neige, le gel, la lumière du jour souvent faible, ne les gênent pas. Même les jardiniers débutants peuvent commencer à constituer une petite collection. Quant aux amateurs plus expérimentés, ils auront toujours à cœur d’accueillir quelques nouvelles recrues. Ça tombe bien, c’est le bon moment pour commencer les plantations.

Les hellébores orientales sont les plus faciles
Mais avant de se lancer, faisons d’abord un rapide tour d’horizon des différentes espèces les plus courantes. Helleborus orientalis donne un très grand nombre d’hybrides. Ces plantes ont en général 50 à 60 cm de haut et fleurissent de février à mars ou avril. On trouve des fleurs dans des coloris allant du pourpre au chocolat en passant par le vieux rose, le jaune ou le crème.
Certaines fleurs sont doubles. Très faciles, ces hybrides s’adaptent à tous types de sols avec une préférence pour les terres plutôt acides et fertiles. Attention, il faut une ombre légère pour garder un sol frais même en plein été.

La fameuse rose de Noël
Normalement, l’appellation rose de Noël désigne Helleborus niger et non pas toutes les hellébores. C’est une espèce spécifique, certes connue, mais assez peu répandue. Elle est d’ailleurs plus capricieuse que ses cousines H. orientalis et demande des sols légers, drainants, peu fertiles, même calcaires. En tout cas avec elle, évitez les terres acides et richement amendées. La rose de Noël n’y sera pas à son aise. Précoce, elle fleurit en décembre, comme son nom le laisse supposer.

Sauvage, fétide, mais belle
Il y a aussi H. foetida, l’espèce type qui pousse spontanément en lisière de bois. Elle est bien assez ornementale pour être intégrée dans nos jardins. Elle est solide et forme une grosse touffe de 70 cm de haut. Précoce, sa floraison intervient dès novembre et se prolonge jusqu’à la fin de l’hiver.

Corsicus, sternii et d’autres
C’est une gageure de proposer une sélection d’hellébores, même très sommaire, tant le choix est vaste. Néanmoins, nos préférences vont vers les variétés de H. sternii souvent très originales, H. atrorubens, notamment celles qui ont des fleurs d’un brun rouge rehaussé d’un bouquet d’étamines jaune d’or. Il y a aussi H. corsicus (synonyme nigercors) et ses hybrides plutôt tardifs qui fleurissent dans des teintes  plus sophistiquées. Plongez dans les catalogues et observez les collections des pépiniéristes spécialisés.

Un bon départ pour une longue vie
Dans de bonnes conditions de culture, les hellébores ont une longévité de plusieurs dizaines d’années. Pour cela, il faut commencer par apporter des matières organiques (compost ou fumures) avec un terreau de feuilles. Si la terre est lourde, apportez du sable pour faciliter le drainage. L’emplacement doit être à la fois aéré l’hiver et ombragé l’été pour ne pas souffrir d’un soleil trop chaud. Plantez sous la ramure d’un arbre caduc. Au  moment de dépoter, dégagez la motte sans déchirer les racines qui sont cassantes. Trempez la motte dans une bassine d’eau pour l’imbiber à cœur avant de la mettre en terre. Inspectez le revers des feuilles pour écraser les éventuelles aleurodes.
Finissez en arrosant au pied. Attention, laissez au moins 25 à 30 cm entre deux pieds car ils se développeront vite.

Quand la floraison s’avère capricieuse
Normalement, une hellébore ne fleurit pas la première année suivant sa plantation. Il faut attendre deux ans et parfois trois pour voir les premières fleurs. Puis, d’année en année, la floraison s’intensifiera. Toutefois, elle peut rester décevante si vous plantez dans un endroit trop sombre et surtout manquant d’air. Il faut aussi supprimer les fleurs fanées et les feuilles sèches ou malades. Il faut arroser entre juin et août si le sol est trop sec. Il faut éviter les apports d’engrais azotés qui favorisent les feuilles au détriment des fleurs. En revanche, il faut fertiliser les sols pauvres. Enfin, divisez les touffes anciennes devenues énormes et qui ont tendance à s’essouffler.

Gare aux semis spontanés
On fait rarement des semis car les graines stockées plusieurs mois perdent leur pouvoir germinatif et parce que, semées très vite, il leur faut plusieurs mois pour lever. Cependant, sur une terre fraîche, meuble et fertile, les semis spontanés sont nombreux. Là encore, il faut attendre un ou deux ans pour les déplacer. Mais sachez que les variétés et espèces d’hellébores s’hybrident très facilement entre elles. Résultat : les jeunes plants récupérés sont rarement identiques au pied-mère si vous avez plusieurs hellébores au jardin.

Jules Bara