On commence avec l’échalote !

Si on peut protéger des gelées nocturnes très fortes en travaillant sous serre froide ou tunnel, c’est dès le mois de janvier qu’on peut planter l’échalote.

On prépare la terre en l’ameublissant soigneusement mais sans l’amander d’un compost ou d’un fumier. On ménage des billons en remontant la terre des côtés sur 15cm de haut pour faciliter le drainage et on plantera les caïeux d’échalote tous les 15cm.

On assied bien le « bulbe » sur sa base mais en prenant soin de garder sa pointe dépasser à l’air libre et on n’arrose pas.

 

Retrouvez cette astuce accompagnée de nombreuses autres dans le numéro 196.

Comment planter des fraisiers dès le milieu du printemps

Avec les beaux jours, reviennent souvent les envies de fraises. C’est bien, mais attention car leur culture au jardin ne s’improvise pas. Voici les quelques gestes utiles qui vous permettront de faire de belles récoltes.

C’est toujours appréciable de pouvoir cueillir des fraises dans son jardin. Mais ne croyez pas qu’il suffit de planter quelques pieds. C’est une culture à part entière avec quelques vraies exigences pour que les conditions réunies permettent de récolter.

Choisir quelles variétés
Mais avant de vouloir des fraises, encore faut-il choisir les variétés. Les amateurs peuvent avoir des préférences marquées. Il y a d’abord les remontantes avec une première récolte en mai et juin, puis une seconde en septembre et octobre. On compte dans cette catégorie ‘Mara des bois’, ‘Rabunda’ très rarement malade, ‘Maïka’, ‘Charlotte’ et plusieurs autres. Il y a aussi des fraisiers non remontants avec une seule production par an en juin. ‘Manille’, ‘Talisman’, ‘Ananas’ et d’autres donnent de gros fruits savoureux. ‘Gariguette’, plus précoce, fructifie en mai.

Quand peut-on planter ?
L’idéal est de planter les fraisiers remontants en avril et les non remontants en octobre. Mais on peut tout de même planter les deux catégories aux deux saisons. En revanche, il faut préparer le terrain un bon mois avant la plantation. Si on plante en avril, il faut se lancer dès le mois de mars.

Pourquoi des billons ?
On commence par ameublir la parcelle tout en désherbant soigneusement. Puis on apporte un bon compost maison qu’on incorpore par un griffage léger. Les fraisiers sont gourmands et, avec le paillage à prévoir, on ne peut pas revenir amender après la plantation (ou difficilement). Soyons donc généreux dès le départ. On laisse reposer au moins trois semaines avant de monter des billons. Il s’agit de relever le rang à 15 cm en rapportant la terre des côtés, ce qui facilite l’écoulement des arrosages ou des pluies. Le pire ennemi des fraisiers est l’excès d’humidité qui cause l’oïdium et surtout la pourriture grise.

Faut-il un film plastique ou un paillage traditionnel ?
Il est certain qu’il faut couvrir le sol pour le garder frais en plein été, étouffer les mauvaises herbes et éviter que les fruits les plus bas ne soient en contact avec la terre sinon ils pourrissent vite. On peut tendre un film plastique noir dès que le billon est prêt ; ça réchauffera aussi la terre. On incise le film d’une croix tous les 30 cm et on plante en prenant soin de placer le collet au ras du sol, ni trop profond, ni pas assez. Le film est très efficace mais appauvrit la terre en la privant d’air et de pluie. On doit arroser plus souvent et renouveler entièrement le rang tous les deux ans. Le paillis de paille, ou de fougère, est plus aéré, léger, efficace. On espace les plants de la même façon et on peut les remplacer tous les trois ou quatre ans seulement.

Trois menaces à surveiller
Si le temps est maussade, gare au blanc (oïdium). Espacez bien les plants pour limiter les risques. La pourriture grise (botrytis) est favorisée par l’excès d’eau. Ne mouillez jamais les feuilles en arrosant.
Enfin, certes, on doit se méfier des oiseaux. Tendre un filet en nylon au-dessus des plants est utile. Mais on risque davantage avec les mulots qui se régalent des jeunes fraises encore vertes.

Walter Brousse

Le panais

Curieusement, on retrouve plus souvent ce légume sur les étals des marchés que dans les potagers. Pourtant, il est facile à cultiver et très apprécié des gourmets. A votre tour, essayez le panais en vous lançant dès février.

Vive l’hiver, belle saison où le panais est présent dans nos cuisines et sur les étals de nos marchés. Ce légume constitue une savoureuse alternative aux navets, carottes et autres légumes de saison. Facile à cultiver, simple à récolter et délicieux sur la table en version crue ou cuite, salée ou sucrée, voici l’occasion de s’ouvrir à des saveurs anciennes et qui reviennent sur le devant de la scène. Le panais (Pastinaca sativa) est originaire du bassin méditerranéen. Il était déjà bien connu des Grecs et des Romains. Aliment de base au Moyen-âge, le panais fut éclipsé par l’arrivée de la pomme de terre. Mais fort heureusement, avec le regain d’intérêt pour les légumes oubliés, le panais est à nouveau cultivé et apprécié pour ses qualités réelles d’aliment-santé.

Il faut bien préparer la terre avant de semer
Le semis de panais s’effectue de février à juin, mais doit être commencé sous abri tant que subsiste encore des risques de gelées. Une fois le spectre de gel écarté, on peut semer directement en place. Le semis en terre doit se faire dans un sol très léger ou consistant mais allégé avec du sable. Notez qu’il est conseillé de faire tremper les graines deux ou trois heures avant de les semer pour les « réveiller ». Cela permet d’obtenir une levée plus stable et plus rapide.
En février et même en mars, il faut couvrir votre semis avec un voile d’hivernage ou mettre en place un tunnel. Pour s’épanouir, le panais préfère les terres profondes, plutôt fraîches et riches. N’hésitez pas à améliorer votre sol en enfouissant à l’automne un fumier bien décomposé. Si vous ne l’avez pas fait, apportez un compost deux à trois semaines avant le semis et brassez bien en profondeur en passant le motoculteur. Si vous ne disposez pas de ce type de machine, brassez à la fourche bêche pour ameublir le sol sur 20 à 30 cm. Finissez en ratissant bien afin d’éviter les racines fourchues ou déformées. Ensuite, vous pouvez tirer des traits (ou sillons) d’environ 1 cm de profondeur. Espacez chaque trait d’une trentaine de centimètres. Si votre terre est naturellement lourde et même si vous l’avez allégée avec du sable, il est plus prudent de monter des billons (rangs surélevés sur lesquels on sème) qui favoriseront l’écoulement des eaux de pluie. La levée proprement dite prend entre 12 et 15 jours selon la température de la terre. Puis, lorsque les pousses seront suffisantes, vous devrez éclaircir à 15 cm.

Des bons amis et des moins bons voisins
Afin d’améliorer la récolte et la qualité même de vos panais, vous pouvez essayer de soigner le voisinage que vous leur réservez.
Attention, au potager, le panais aime particulièrement la proximité des choux, des radis, des oignons, des haricots et des fèves, mais aussi des salsifis. D’ailleurs, panais et salsifis se sèment en même temps et ont une durée de culture similaire.
A l’inverse, il redoute la présence trop proche des laitues et surtout des fenouils.

Entretien simple mais utile
Le panais ne réclame pratiquement aucun entretien. Comme pour toutes les cultures, vous devrez simplement sarcler et biner de temps en temps pour aérer la terre. C’est l’occasion aussi de faire un désherbage régulier. Les besoins du panais en eau sont assez importants. Il est donc nécessaire d’arroser avec régularité tout au long de l’été pour garder le sol juste frais mais aussi de se méfier des sécheresses de printemps. Attention, arrosez au goulot (arrosoir sans pomme) doucement et sans mouiller les feuilles.

Une rotation nécessaire
Evitez de cultiver le panais au même endroit que l’année précédente. Nous vous conseillons de laisser passer au moins trois ans (voire quatre). Une bonne rotation des cultures permet de ne pas vider la terre des mêmes éléments nutritifs et réduit les risques de parasites. L’idéal est de semer les panais sur une planche ayant été occupée la saison précédente par des légumes fruits comme les tomates ou les aubergines. Le panais, légume racine, plongera plus en profondeur pour trouver les éléments nutritifs qui lui sont nécessaires tout en aérant la terre.

La récolte et le stockage
La production moyenne du panais est d’environ 6 à 8 racines par mètre linéaire. La récolte s’effectue environ 4 à 5 mois après le semis. En étalant les semis de févier à mai, on peut donc étaler les récoltes de juin à octobre et même fin novembre. Pour ce qui est de l’arrachage, soyez prudent en plongeant la fourche-bêche à 20 cm du plant pour ne pas blesser les racines. Notez que les panais résistent bien au froid et qu’ils peuvent donc passer une bonne partie de l’hiver en terre. Ils stoppent alors leur maturation et peuvent être récoltés au fur et à mesure de vos besoins. Certains prétendent même que le gel apporte de la douceur au panais…
Comme la plupart des légumes racines, les panais sont faciles à conserver, aussi bien en terre qu’une fois récoltés. On peut les stocker dans des cagettes, au frais, à l’abri de la lumière, dans un lieu sec et aéré. L’idéal est de les mélanger avec du sable, ce qui améliore encore les conditions de conservation.

D’excellentes propriétés nutritionnelles
Le panais est une bonne source de fibres, il est également riche en minéraux (manganèse, phosphore, magnésium, potassium…). Pour en profiter au maximum, le mieux est de le consommer cru (par exemple râpé en salade). C’est délicieux.
Ce légume est aussi riche en vitamine B9, laquelle participe à la fabrication des cellules du corps et des globules rouges. Il affiche aussi une belle teneur en vitamine C et en vitamine E qui est un antioxydant majeur.
Attention toutefois à sa teneur en glucides, que les personnes diabétiques ou hypoglycémiques doivent considérer. Pour 100 g de panais cru, on compte 1,4 g de protides, 1,6 g de glucides et 0,5 g de lipides.
Régalez-vous !

François Willemin

Céleri-rave

Si vous ne l’avez pas encore fait, dégagez le tiers supérieur de la boule (la racine) en retirant la terre. Otez les radicelles qui apparaissent sur la rave et sur les feuilles déjà jaunies. On supprime encore les feuilles les plus basses et les plus grandes en rabattant leur pétiole à la base. Surtout n’arrosez pas. Mieux, si vous devez affronter de fortes pluies, couvrez le rang d’un tunnel. Normalement, on compte environ 6 à 7 mois après le semis (donc 5 mois environ après le repiquage) pour récolter. C’est donc en septembre ou octobre mais n’attendez pas trop sinon la chair de la rave va vite durcir. Soulevez la racine à la fourche-bêche sans risquer de blesser le légume. Secouez pour faire tomber le gros de la terre et laissez ressuyer deux jours à l’air libre sur la paille. Ensuite, rabattez les feuilles et les radicelles et stockez à la cave.

En + : Si le temps est maussade, anticipez la récolte. Les raves seront parfumées et saines.

Faire un potager surélevé

On a déjà vu des astucieux élaborer des assemblages de palettes plus ou moins stables et pas très solides. Aujourd’hui, nous vous proposons de faire vous-même un potager surélevé durable et surtout à vos justes mesures.

Que la terre est basse !
En partant de ce constat, certains ont eu l’idée d’en élever une petite surface afin qu’elle devienne plus facilement accessible. Une aubaine pour beaucoup d’entre nous, surtout pour les personnes à mobilité réduite, ou celles souffrant d’un mal de dos chronique. De plus, le potager surélevé présente l’avantage d’être protégé des visiteurs indélicats comme les lapins, les taupes, mais aussi parfois les chiens. Bien qu’il existe déjà des modèles tout faits dans le commerce, faire soi-même son potager surélevé représente bien évidemment une économie. C’est aussi l’occasion de construire une version totalement adaptée à vos besoins et à vos envies, tant d’un point de vue esthétique que pratique et surtout avec des dimensions correspondant à l’espace disponible. Dans cet article, nous n’évoquerons que les équipements en bois, mais d’autres matériaux sont tout à fait envisageables.

La version classique
Le plus simple consiste en un carré, ou un rectangle, composé de petites poutres verticales qui servent à la fois d’angles et de pieds sur lesquelles on vient fixer horizontalement des planches de façon à créer le pourtour. Vous démarrerez le fond du « potager » en calculant qu’il vous faut au moins 35 cm de terre pour votre culture. La hauteur doit évidemment être adaptée à l’utilisateur, si la personne travaille debout ou plus souvent assise, voire si elle est en fauteuil roulant.

Les bons matériaux
Pour les poutres, utilisez 4 chevrons dans un bois prévu pour l’extérieur et de section 100 x 100 mm (longueur environ 1,20 m) ou 8 chevrons de 50 x 100 mm (comme sur les photos). Prenez aussi des tasseaux de 25 x 25 mm pour servir de lien aux planches si la longueur de votre « potager » dépasse 2 mètres.
Pour les planches, la bonne épaisseur est de 25 à 30 mm. Le bois est de bonne qualité, naturellement imputrescible ou traité à haute température, ou même traité autoclave (sachez que c’est un traitement chimique) mais normalement la terre ne doit jamais être en contact avec le bois. Surtout ne prenez jamais de bois aggloméré qui gonfle, se déforme, puis se détruit à l’humidité.
Pour la visserie, prenez des vis à bois de 5 x 75 ou 6 x 80 mm.
Pour la toile de plantation, prenez un morceau qui soit légèrement supérieur à la surface de votre « potager ». Vous pouvez également opter pour une bâche imperméable dont les dimensions sont équivalentes à un peu plus de la surface du pourtour de votre « potager ».
Pour l’outillage, il faut disposer d’une perceuse, d’une visseuse ou un tournevis, d’une scie circulaire ou à défaut d’une scie manuelle, d’une agrafeuse murale, d’un marteau, d’un mètre et éventuellement d’une équerre de menuisier.

Tasseaux de 50×100 mm pour une structure vraiment solide

La construction
La longueur des chevrons déterminera la hauteur finale de votre potager. C’est à vous de la définir en fonction de ce que vous souhaitez. On compte généralement 110 à 120 cm (comme pour des meubles de cuisine). Coupez les planches à la longueur voulue et vissez-les aux quatre chevrons. Utilisez l’équerre de menuisier pour vous assurer que les coins sont bien perpendiculaires. Si vous n’utilisez pas des vis auto-taraudeuses, il est préférable de pré-percer les trous dans les planches afin d’éviter que les vis ne cassent lors du vissage. Pour renforcer la stabilité de l’ensemble, des planches peuvent relier les pieds deux à deux à mi-hauteur.

Il faut une caisse solide
Par définition, un potager surélevé est bien hors sol. Il faut donc prévoir la construction du fond. Celui-ci devra évidemment être assez solide pour supporter le poids de la terre. Vous pouvez fabriquer un fond avec des planches en bois en les vissant directement sur les planches du contour ou sur une baguette fixée contre le bas des planches du pourtour. Le but est de créer un support sur lequel les planches du fond reposeront. Attention, ces planches ne doivent pas être trop serrées entre elles. Il faut prévoir des petits espacements pour que l’eau puisse s’écouler. Sur ce fond, vous placerez une toile de plantation perméable pour éviter que la terre ne s’échappe par les interstices. Laissez remonter cette toile contre le bord de la caisse du potager. Cela évitera à la terre d’être en contact direct avec les produits chimiques utilisés pour traiter le bois et ça protègera le bois lui-même. De temps en temps, pensez à surveiller l’état des planches du fond, car le bois a beau avoir été traité pour l’extérieur, l’humidité constante risque de le dégrader. Pour prévenir ce danger, vous pouvez remplacer la toile de plantation du fond par une bâche imperméable, mais dans ce cas, il faudra faire des trous dans la bâche au niveau des interstices, pour permettre à l’eau de s’écouler. Quelle que soit la solution choisie, souvenez-vous qu’en aucun cas les toiles de protection ne doivent empêcher l’eau de s’écouler.
Si vous tenez absolument à cultiver des légumes racines comme les carottes ou les betteraves, vous devrez prévoir une profondeur en conséquence. Mais rappelons que ce genre de potager surélevé est avant tout destiné à la culture de légumes feuilles et fruits. Une fois le travail terminé, il ne reste plus qu’à remplir la caisse de ce potager avec une bonne terre végétale mélangée à du compost.

Le potager mobile
A condition que votre potager surélevé ne soit pas trop imposant et que vous souhaitiez l’installer sur un grand balcon ou sur une terrasse, vous pouvez prévoir l’installation de roulettes qui permettront de le déplacer facilement. Attention, une fois rempli de terre, votre potager pèsera lourd. Choisissez donc les roues en conséquence.

Des formes originales
Comme nous venons de le voir, les potagers surélevés sont la plupart du temps carrés ou rectangulaires. Ceci dit, rien ne vous empêche de créer des formes plus personnalisées, afin d’optimiser votre espace ou de laisser libre cours à vos talents artistiques. En forme de L, de U ou plus complexes encore, le principe de base de construction expliqué juste avant reste valable. Il faut juste adapter les dimensions des éléments à la forme que vous souhaitez créer. Nous vous avons montré un système de construction simple, avec des planches. Vous pouvez également exécuter de belles réalisations en utilisant des poutres ou des rondins de bois. Dans ces cas, le principe reste le même mais la réalisation est un peu plus compliquée.

On peut réaliser de grands formats à partir du même principe.

L’option serre à semis
Vous aurez probablement besoin de les protéger en créant une petite serre tunnel. Il suffit, lors de la construction, d’inclure des morceaux de tubes PVC, à la verticale de part et d’autre des deux plus grands côtés. Vous insérez ensuite dedans d’autres tubes souples afin de créer l’armature et vous n’avez plus qu’à disposer dessus une toile adaptée. C’est très pratique, car vous pouvez mettre cela en place au début du printemps puis le retirer quand les risques de gel sont définitivement passés.

François Willemin

Oligo-éléments : identifiez les carences

Chaque oligo-élément occupe une place spécifique dans le développement d’une plante. On les utilise généralement en faibles quantités mais ils n’en sont pas moins indispensables à la bonne santé de nos cultures, arbustes et rosiers.

En plus des éléments nutritifs majeurs que sont l’azote, le phosphore et le potassium, chaque plante doit trouver dans le sol d’autres éléments. Pour estimer les quantités nécessaires, il faut se rendre à l’échelle des grandes cultures et parler de besoins à l’hectare. Ainsi, pour les éléments nutritifs secondaires tels que le soufre, le calcium ou même le magnésium, on parle en kilogrammes par hectare. Toutefois, pour les oligo-éléments qui nous intéressent aujourd’hui, les quantités se mesurent en grammes par hectare. Pour nos plantes, l’absorption insuffisante de ces oligo-éléments provoque des troubles végétatifs qui sont appelés maladies de carences. Sans entrer dans des détails trop techniques, voire scientifiques, il est donc important de connaître les principaux oligo-éléments et leurs fonctions. Ainsi comprend-t-on mieux certaines faiblesses de nos cultures, notamment potagères. En identifiant le problème, on peut essayer de le résoudre.

Le fer
Il est absorbé par les racines sous forme d’ion ferreux. Bien qu’abondant dans le sol, l’absorption du fer par les racines est complexe car dans des conditions oxydantes, c’est-à-dire avec un sol alcalin au pH élevé, il disparaît et se transforme en oxyde ferrique, devenant alors inassimilable. Le fer est un composant essentiel de nombreuses enzymes. Son rôle est associé à la fixation d’azote de l’air par la symbiose entre légumineuses et rhizobium. Les plantes ont développé différentes stratégies pour absorber la quantité dont elles ont besoin, et qui sont disponibles dans les sols. Cependant, la carence induite en sol calcaire (alcalin) est fréquente et se caractérise par une forte chlorose. Cela se manifeste par un jaunissement allant jusqu’à la décoloration des feuilles les plus jeunes. On peut remédier à la chlorose ferrique par un apport au sol, ou par pulvérisation sur les feuilles, de produits à base de fer.

Le magnésium
Voilà un élément nutritif essentiel pour les plantes car il intervient dans de nombreux métabolismes. Il est vraiment indispensable à la formation de boutons floraux, notamment chez les rosiers.

Le manganèse
Lui, est absorbé par les racines sous forme de cation. Comme le fer, il est assez abondant dans le sol, mais son absorption devient difficile en conditions oxydantes ou de pH élevé car il se transforme alors en oxyde insoluble. Le manganèse est particulièrement actif concernant la synthèse de protéines et particulièrement de la chlorophylle. Il joue également un rôle important dans la dernière étape de la réduction du nitrate dans les feuilles. Certaines cultures, comme par exemple la betterave et la pomme de terre, en demandent beaucoup. Le manganèse se trouve dans la nature à l’état d’oxyde. Par ailleurs, de nombreux engrais, amendements, substrats et terreaux proposés en jardinerie sont enrichis en oligo-éléments dont le manganèse.

Le cuivre
Il est absorbé par les racines, également sous forme du cation Cu++. Il est assez absorbant dans le sol, mais il est fortement lié à la matière organique. Lui aussi est un composant essentiel de nombreuses enzymes qui concernent la synthèse de protéines, particulièrement de la chlorophylle. Notez que la stérilité du pollen est un effet de la carence en cuivre. Elle affecte la fécondation et le remplissage des épis chez les céréales à paille. C’est la maladie dite des « bouts blancs », qui se caractérise par des épis vides et des repousses après récolte. Le traitement consiste à épandre au sol du sulfate de cuivre à titre préventif, ou en traitement curatif à pulvériser sur les feuilles des spécialités à base de cuivre.

Le zinc
La plante absorbe le zinc sous forme du cation Zn++. Cet ion intervient dans la synthèse des protéines et de l’amidon. Il a un rôle spécifique dans le métabolisme de l’auxine, cette hormone responsable de l’élongation cellulaire. Le zinc protège aussi la plante des stress oxydants surtout en cas de forte lumière et de sécheresse.

Le bore
Il est essentiel au bon développement des légumes « racines », des dahlias, des iris et à la fructification des arbres fruitiers. Une carence en bore nécessite une amélioration du sol, avec des amendements complets, enrichis en oligo-éléments. En règle générale, on ne peut se procurer du bore séparément des autres oligo-éléments. Il est indispensable pour la production d’un pollen fertile. Peu mobile, il n’est pas aisément remobilisé à partir des feuilles vers les points de croissance. Les symptômes de carence apparaissent sur les jeunes pousses, les boutons ou les cœurs de certains végétaux (betterave, tournesol, chou-fleur, navet…). Attention car le bore peut devenir toxique au-delà d’une concentration à peine supérieure à celle jugée adéquate pour la plante. Les symptômes apparaissent par une nécrose qui commence par le bord extérieur des feuilles.

Le molybdène
Peu utilisé, ses fonctions sont spécifiques et importantes. Il est associé au métabolisme du fer et du phosphore. Il permet aussi de fixer l’azote de l’air.

Les « oligos » secondaires
Il existe aussi d’autres éléments dits « secondaires » car on les trouve en très faibles quantités. Mais ils ont tout de même des rôles très spécifiques et souvent indispensables, soit pour certaines espèces végétales, soit pour la chaîne alimentaire et les animaux. Attention car ils peuvent être toxiques au-dessus de certains seuils. C’est le cas notamment du cobalt, du nickel, de l’iode et du sélénium.

François Willemin

Aubergines : gestes utiles

On sait qu’il faut aux aubergines un sol riche et beaucoup de soleil. Mais ça ne suffit pas : il faut aussi un arrosage régulier, tous les trois jours, sans mouiller le feuillage.
On peut apporter un purin de consoude un arrosage sur trois en juillet. Riche en potasse, il favorise la formation des fruits.
Ensuite, il faut pailler pour garder le sol frais, mais aussi pour bloquer les limaces. Elles adorent les jeunes fruits qu’elles dévorent avant que vous ne puissiez les récolter.
Enfin, on doit pincer les tiges des plants au-dessus du second bouquet de fleurs pour éviter qu’elles montent exagérément. On en profite, en cours d’été, pour supprimer les feuilles les plus basses afin qu’elles ne touchent pas le sol.

En + : on peut marier les aubergines avec les tomates et les pois.

Salades : éviter les montées à graines

Contrairement à ce que certains pensent, la montée à graine n’est pas une fatalité, et encore moins le fruit du hasard. On peut très bien jouer sur plusieurs paramètres pour réduire considérablement les risques.

Qui n’a pas connu de tels déboires avec ses salades ? La montée à graine intempestive se produit principalement sur les différentes laitues d’été. On éprouve alors un sentiment d’impuissance mêlé d’injustice puisqu’on est persuadé d’avoir soigneusement préparé ses cultures. Pourtant, en respectant quelques bonnes pratiques, on peut réduire considérablement les risques.

Une montaison, c’est quoi ?
Commençons d’abord par nous intéresser au problème. La montée à graine, encore appelée « montaison » affecte un peu certains légumes racines, mais surtout les légumes feuilles et notamment les laitues, qu’il s’agisse des pommées, des batavias et des romaines, même des variétés de laitues à couper. Normalement, une hampe florale qui se dresse et les fleurs qui s’ouvrent pour libérer des graines sont signes de fin de vie du plant. A ce stade, les feuilles épaississent et deviennent impropres à la consommation. Cela devient un problème quand ce phénomène intervient plus tôt que prévu, c’est-à-dire en cours de culture. Et c’est à ce moment là qu’on parle de montées à graines (sous-entendu intempestives ou accidentelles).

Les quatre causes majeures des montées à graines
Il existe plusieurs raisons à ce problème mais on peut tout de même distinguer quatre causes majeures.
La première, et sans doute la plus fréquente, est un coup de chaud brutal. Les jeunes laitues supportent très mal les hausses de température violentes. Or, depuis quelques années, c’est souvent le cas en avril et en mai avec une ou deux semaines très chaudes.
Ensuite, on a remarqué que la montaison se produisait souvent au cours des jours les plus longs de l’année. La fin du printemps est donc toujours une période particulièrement à risques.
La troisième cause classique est un stress hydrique, c’est-à-dire un manque d’eau mais aussi un excès d’eau brutal comme c’est le cas lors d’une averse d’orage très violente. Le plant ainsi « stressé », se sentant en danger, réagit en déclenchant une production de graines pour se reproduire avant de mourir.
Enfin, il ne faut jamais semer les graines de ses propres salades si elles ont été récupérées lors d’une montée intempestive. Les plants qui en seraient issus reproduiraient presque inévitablement le phénomène. On conserve uniquement les graines des plants laissés sur pied à cet effet et donc montés en graines normalement à la fin de leur cycle. Et puis, pour les variétés d’été, le repiquage est toujours une épreuve pour les jeunes plants. C’est la raison pour laquelle on a tout intérêt à semer directement en place et à éclaircir ensuite le rang sans avoir à toucher aux pieds qu’on veut conserver. Repiquer des plants achetés augmente toujours un peu les risques.

En cas de pics de chaleur, il faut ombrer

Pour se protéger des coups de chaud brutaux, il faut dès le mois de mai comme en plein été, ombrer les salades. On peut aligner sur les rangs des cagettes retournées qu’on recouvre d’une vieille toile de jute. On peut également planter des arceaux sur lesquels on étend une toile de 11h à 18h. Seconde mesure, on évite de semer du 10 juin au 15 juillet. Et si en mai on annonce à la météo des pics de chaleur, on patiente une semaine de plus pour faire son semis. En effet, la germination des graines devient beaucoup plus difficile dès que la température atteint 20°C. Dans l’idéal, on sème sur une terre aérée mais non retournée et qui a été enrichie avec un apport de compost.

Bien arroser, ce n’est pas juste apporter de l’eau
Troisième mesure, il faut arroser très régulièrement et ceci quoi qu’il arrive. « Régulièrement » ça veut dire au moins un jour sur trois si le temps est maussade et un jour sur deux si le temps est sec, voire chaque jour en cas de très fortes chaleurs durant l’été. C’est aussi arroser juste après un orage, même en apportant très peu d’eau, simplement pour garder le rythme des arrosages. Attention, on arrose toujours très tôt le matin, avant que le soleil touche le rang et évapore l’arrosage. On peut préférer aussi arroser le soir, la terre ayant ainsi toute la nuit pour absorber tranquillement l’arrosage. On arrose avec un arrosoir et pas au tuyau, pour être précis et verser l’eau doucement au goulot (sans la pomme), juste à côté du plant mais sans le mouiller. On utilise une eau de pluie qui est à température ambiante et pas une eau sortie du robinet, qui est toujours beaucoup trop froide. Enfin, souvenez-vous de ce vieil adage bien utile : un binage vaut deux arrosages. En effet, en cassant légèrement la croute du sol en surface, vous facilitez la pénétration de l’eau dans la terre (et vous en profitez pour désherber). Si vous ne binez pas, l’eau restant plus longtemps en surface va s’évaporer très vite en grande quantité et sera perdue.

Pailler est indispensable
C’est une évidence et pourtant ce n’est pas toujours appliqué. Cette mesure a trois utilités. La première est de conserver le sol frais en permanence. Utilisez de la paille ou des fougères sèches et répandez une bonne couche autour de chaque plant tout le long du rang. Le second atout est de pouvoir décourager les limaces de venir festoyer la nuit. Cependant, restez sur vos gardes car certaines parmi les plus téméraires parviennent tout de même à franchir cette barrière. Troisième avantage, un paillis assez épais empêche les mauvaises herbes de lever. La terre reste propre et les laitues, sans concurrence, ont pour elles toutes seules une bonne terre fertile et régulièrement arrosée.

Echelonner les semis
C’est peut-être une lapalissade mais tout le monde ne le fait pas. Echelonner les semis toutes les trois semaines permet tout simplement d’étaler les récoltes. Et comme on mange des salades presque tous les jours en été, c’est même une nécessité. Mieux, en échelonnant les semis, on étale les risques de maladies et d’accidents de culture comme les montées à graines. D’un mois sur l’autre, les conditions météorologiques ne sont pas les mêmes. Et si vous subissez tout de même une montaison, elle sera limitée en nombre de plants touchés.

Choisir les variétés les moins sensibles
Dans la catégorie des laitues, on retrouve aussi bien les laitues pommées aux grosses feuilles lisses que les batavias aux pommes volumineuses mais aux feuilles cloquées, voire gaufrées ou même frisées, les romaines et les laitues à couper (on coupe les feuilles encore jeunes au niveau du collet et ça repousse). Pour toutes ces laitues, il existe des variétés de printemps qu’on sème sous abri en février et mars, des variétés d’été qu’on sème en pleine terre en mai et juin puis des variétés d’hiver à semer à partir de septembre. Enfin, parmi les variétés d’été, il existe certaines variétés moins sensibles que d’autres aux montées à graines. C’est le cas des laitues pommées comme ‘Grosse Blonde Paresseuse’, la bien nommée ‘Kinemontepas’, ‘Merveille des quatre saisons’, ‘Kagraner Somer’. On peut aussi retenir ‘Reine de juillet’, ‘Justine’ et ‘Augusta’. Parmi les variétés de batavias d’été, la belle ‘Rouge Grenobloise’ est peu sujette aux montaisons. C’est aussi le cas de ‘Pierre Bénite’, ‘Camaro’ et ‘Carmen’. Mais attention, cette dernière, comme ‘Canasta’ ou ‘Kamikaze’ est réputée lente à lever, ce qui n’est pas un avantage. Du côté des variétés à couper ‘Lollo Rossa’ est une valeur sûre.

Jules Bara

 

Pois asperge

Aussi nommé pois carré, ce pois asperge n’est pas vraiment un pois, même s’il fait partie de la famille des légumineuses papilionacées. Ses fleurs vont du bleu pâle au rouge pourpre, ce qui en fait un végétal très décoratif.

Voilà un légume ancien, presque totalement oublié, et pourtant très intéressant. De son vrai nom Tetragonolobus purpureus, le pois asperge forme de jolis buissons rampants ou à port libre, montant jusqu’à 40 cm de haut, parfois plus. Ses tiges commencent à pousser dressées, puis finissent par retomber légèrement sous la longueur des tiges ramifiées aux feuilles trifoliées de forme ovale. Elle est cultivée pour ses fruits mais on aime aussi ses petites fleurs qui font penser à des papillons. Si ses fruits sont remarquables, il semble pourtant plus juste de parler de « gousses ». Celles-ci sont allongées, bordées sur leur longueur par quatre ailes membraneuses, d’où le nom parfois rencontré de pois ailé ou de pois carré. C’est une plante qui possède de vrais atouts pour la santé. Elle est digestive, énergétique, riche en vitamines A, B et C, mais aussi en calcium, en magnésium. De plus, sa culture est assez facile.

Où et quand semer
Vous pouvez vous procurer des graines de pois asperge dans les graineteries des magasins bio ou sur les catalogues des semences de légumes anciens. Le pois asperge craint le froid. Choisissez donc une exposition bien ensoleillée et selon le climat de votre région, ne semez trop tôt : gare aux saints de glace.
Attention, il craint également la sècheresse. Il faudra donc bien veiller à la fraîcheur du sol. Les semis du pois asperge peuvent être faits dès la mi-avril et jusqu’à la fin mai, parfois même mi-juin. Patrice Peloutxao* conseille toujours d’étaler les semis en deux ou trois fois, ceci vous permettra d’étaler également la récolte. Les jardiniers des régions méditerranéennes, du littoral atlantique et de Bretagne peuvent semer le pois asperge dès l’automne et jusqu’aux premières gelées, le long d’une treille ou d’une clôture.

Pour être bien cultivée, cette plante aime les sols profonds (terre ameublie sur une demie-hauteur de bêche), frais et fertile. Le pois asperge doit être semé en poquets de 3 graines peu profonds (2 à 3 cm). Espacez les lignes d’environ 40 cm.
Lorsque les graines sont en place, recouvrez de terre, tassez légèrement et arrosez. Quand les plants atteignent 3 à 4 cm de hauteur, ne conservez que le plus vigoureux. La fraîcheur du sol est importante pour obtenir des gousses tendres, car les arrêts végétatifs consécutifs à un déficit d’eau les rendent vite filandreuses. Cependant, si vous cultivez les pois asperges uniquement pour leur côté esthétique, les besoins en eau sont beaucoup moins importants. Il est inutile de « ramer » ces pois.

Cueillez des gousses jeunes
Dès que les premières fleurs apparaissent, surveillez vos plants car les premières gousses ne tarderont pas. Le fruit peut mesurer jusqu’à 10 cm mais il faut le récolter bien avant terme. La taille idéale s’obtient généralement 3 mois après semis, c’est-à-dire de mi-juillet à mi-septembre, quand le fruit mesure environ 3 à 4 cm. Au delà de cette taille, le fruit durcit, devient filandreux et désagréable en bouche.
Si la récolte est importante, sachez que les pois asperges pourront être préparés en conserve, comme les haricots, ou placés au congélateur. Dans ce cas, n’omettez pas d’inscrire la date de la récolte sur les sachets.

Les bons voisins
Le pois asperge se plait beaucoup en compagnie des carottes, des laitues, des tomates, des betteraves et des fraises. Par contre, évitez de le planter à proximité des oignons (toutes sortes), de l’échalote, de l’ail.
Comme les pois, les fèves ou les haricots, le pois asperge est une plante dite améliorante. Patrice suggère d’appliquer une rotation de 2 à 3 ans.
Cette plante peut aussi être utilisée en engrais vert. Laissez les racines dans le sol après la récolte car elles l’enrichiront en azote. Les tiges et le feuillage peuvent être épandus sur le sol après avoir été réduis en copeaux.

François Willemin

* Patrice Peloutxoa, jardinier passionné installé sur la côte basque, cultive très souvent le pois asperge. Il apprécie autant ce légume pour ses gousses que pour sa floraison.

Panais : on peut lancer les semis

Dans la plupart des régions, sauf dans les plus froides, l’hiver étant de plus en plus doux, on commence les premiers semis de panais dès février. Par précaution, on couvre la parcelle d’un voile de forçage ou, mieux, d’un tunnel, deux à trois semaines avant. On apporte un compost et on travaille la parcelle pour que la terre soit à la fois riche, consistante et surtout meuble et sans cailloux sur 15 cm de profondeur. Si ce n’est pas le cas, les racines vont vite « fourcher » ou se tordre anormalement. L’idéal est de ménager des billons, c’est-à-dire de surélever la parcelle de 10 cm pour faciliter le drainage des arrosages ou des pluies. On tire un sillon profond d’1 cm et on sème pas trop clair, quitte à éclaircir après la levée.

En + : on gagne à tremper les graines une nuit avant de semer pour les « réveiller ». La levée sera plus sûre.