Alstroemères

Ces vivaces tubéreuses forment de grands massifs colorés très tard dans l’année. Elles demandent parfois un peu de temps avant de fleurir aussi généreusement. En plantant en automne,vous gagnez une année. Robustes, rustiques, florifères, faciles, ces hybrides ont tout de même quelques exigences qu’il faut savoir satisfaire.

C’est toujours étonnant de voir un massif en fleurs en plein mois de novembre. Et pourtant, chaque année, j’admire ces brassées multicolores d’astroemères, aussi bien dans le Loir-et-Cher que dans l’Oise ou dans les Côtes d’Armor. Mais attention, toutes les alstroemères n’ont pas cette capacité à fleurir si tardivement.

Des hybrides plus costauds que les espèces types
Le genre Alstroemeria compte près d’une cinquantaine d’espèces. Parmi les plus connues, A. psittacina (50 cm de haut) est appelée l’alstroemère perroquet en raison de ses fleurs brun-rouge strié de vert et taché de noir. A. aurantiaca (70 à 80 cm de haut) a des fleurs jaunes ou d’un beau rouge-orangé. A. inticancha, A. aurea, A. pulchella, A. pelegrina sont également assez répandues, ou plus précisément l’étaient du temps de nos grands-mères. En effet, ces lys des Incas plaisaient beaucoup dans les années soixante, même si elles étaient d’une rusticité assez moyenne (- 5° à – 8 °C). On appréciait leurs floraisons estivales (juin à septembre) et leur touche jugée à l’époque un peu exotique. Puis, plusieurs hybrides ont été mis au point et commercialisés, notamment certains issus de croisements entre A. ligtu et A. haemantha. Ces alstroemères ont le mérite de proposer des floraisons très colorées, et surtout, beaucoup plus longues. C’est le cas par exemple de A. x ‘Indian Summer’ dont les fleurs jaunes, orangées, rouges, sont encore épanouies fin novembre. Rustiques jusqu’à – 10 °C, elles sont aussi solides avec des tiges bien dressées et résistantes aux maladies.

Avant de planter, choisissez bien l’emplacement
Les alstroemères sont faciles mais elles n’aiment pas être trop souvent déplacées. Autant bien choisir l’endroit où vous les plantez et ne pas y revenir trop vite. Et le bon emplacement c’est d’abord une terre moyenne à fertile, fraîche, assez meuble, en tout cas drainante, neutre, acide ou même légèrement calcaire. Si votre terre est trop compacte et durcit en été, la souche tubéreuse de l’alstroemère éprouvera de vraies difficultés à s’installer et prospérer. Quant à l’exposition, l’alstroemère doit profiter d’une place ensoleillée mais pas brûlante en plein été. On peut également la planter à mi-ombre, c’est-à-dire avec le soleil du matin ou de fin de journée, assez doux, et une ombre légère aux heures les plus chaudes pour ne pas « griller ».

La souche tubéreuse doit être bien enterrée
L’alstroemère est dotée d’une souche tubéreuse. Méfiez-vous vraiment des sachets plastiques qui ne contiennent souvent que des fragments de souches et dont la reprise n’est pas certaine. Préférez des plants vendus en pot dont vous pouvez inspecter facilement la motte. A la plantation, creusez un trou assez profond mais surtout trois à quatre fois plus large que le diamètre de la motte, pour permettre aux radicelles de s’installer. Avant la mise en place, apportez un bon compost ou un terreau de feuilles. Ensuite, plantez en enterrant suffisamment la motte. Le haut doit être un peu plus bas que le niveau du sol, de façon à concentrer l’arrosage autour du pied. C’est à cette condition que vous obtiendrez une floraison dès le premier été qui suivra la plantation.

Pourquoi les alstroemères rechignent-elles à fleurir 
D’abord on doit commencer par se méfier de notre impatience. L’alstroemère est un peu longue à s’installer. Elle peut demander deux à trois ans pour fleurir généreusement. Laissez-lui le temps qu’elle demande et n’oubliez pas qu’en plantant à l’automne, on gagne souvent un an de patience. Ensuite, tous les paramètres recensés plus haut doivent être satisfaits. J’ai fait une fois l’amère expérience de planter une belle alstroemère au printemps dans une situation pourtant ensoleillée et sur une terre drainante et fertile. J’avais bien pris soin d’enterrer correctement la plante. En revanche, à proximité, un jeune mimosa (Accacia dealbata) développait de puissantes racines qui asséchaient la terre autour d’elles. Et les alstroemères en souffraient. Les quelques jours de pluie ne suffisaient pas à mouiller en profondeur. Il est indispensable d’arroser une fois par semaine pour garder le sol frais au printemps et en été la première année. Il faut aussi maintenir cette fraîcheur avec une bonne couche de paillis. Mais là encore, faites bien attention : ne mettez pas de la paille qui étoufferait rapidement la plante. Préférez des fougères sèches, légères, qui laissent respirer la plante tout en restant très efficaces. Enfin, éliminez les mauvaises herbes (souvent la chélidoine) qui imposent une concurrence sur les arrosages, mal vécue par des jeunes alstroemères.

Divisez l’alstroemère si vous devez la déplacer
Si vous n’avez pas pris toutes les bonnes dispositions, ou si la plante tout simplement végète là où vous l’avez installée, il ne faut pas hésiter : déplacez-la. Même si elle n’adore pas ça, c’est la seule solution pour la relancer. Comme la pivoine herbacée, l’alstroemère peut se montrer parfois un peu capricieuse sans raison apparente et rechigner à bien fleurir. L’idéal est d’intervenir en automne, entre octobre et Noël, par temps doux et couvert, voire pluvieux. On commence par rabattre toutes les tiges à 5 cm du sol. Ensuite, on plonge en profondeur la fourche-bêche à côté de la souche de façon à ne pas risquer de la blesser et on enlève une grosse motte. Surtout, avant de replanter, on divise en deux ou trois la motte existante de façon à assurer la reprise. On plante alors sans attendre et en arrosant copieusement. En d’autres termes, on ne déplace pas une alstroemère sans la diviser, ce qui revient à la multiplier. Mais elle le vaut bien !

Louis Vittu