Les bonnes raisons de pailler

Laissé nu, un sol s’érode et s’appauvrit très vite. Si on ne le cultive pas, il faut pailler. Il existe plusieurs types de paillage, certains ayant des avantages que d’autres n’ont pas.

Pour quelles raisons faut-il pailler en été ?
On compte huit bonnes raisons de pailler l’été. D’abord pour éviter de voir repousser les mauvaises herbes. Ensuite, pour garder un sol frais en limitant le phénomène d’évaporation de la terre. Un sol nu s’évapore trois fois plus vite qu’un sol couvert. C’est un isolant thermique qui protège les racines superficielles des fortes chaleurs et des sécheresses. Un paillage organique nourrit aussi la terre. Il peut, dans certains cas, acidifier le sol, ce qui est utile pour les plantes de terre de bruyère. C’est l’occasion de recycler utilement des déchets (tontes, tailles…). On évite aussi le lessivage du sol par les averses d’orage et le tassement de la terre surtout sur sol argileux. Enfin, on évite le contact direct avec la terre des tomates, fraises, melons, aubergines et autres courges. C’est bien utile.

Existe-t-il des inconvénients ?
Un paillage isolant empêche le sol de profiter des fraîcheurs nocturnes et des rosées du matin. Il bloque les éventuels semis spontanés pour les plantes qui s’y prêtent. On peut avoir un risque de pourrissement de certaines plantes qui étoufferaient sous un effet de confinement. Enfin, il peut y avoir un risque de « faim d’azote » avec certains types de paillage.

Quelles sont les précautions utiles à prendre en paillant ?
Précisément, pour éviter les pourrissements, on gagne à retirer le paillage en début de printemps. Les plantes respirent et le sol se réchauffe.
On paille toujours un sol propre, débarrassé de mauvaises herbes et ratissé. On laisse le sol nu juste autour du tronc de certains végétaux (rosier, arbuste). On arrose avant la pose du paillage et juste après. Enfin, si on utilise des copeaux de bois qui ont tendance à pomper l’azote du sol, on étale avant une couche de compost précisément pour éviter ce phénomène de « faim d’azote ».

Quels sont les avantages des paillis minéraux ?
Ils sont généralement esthétiques et surtout ils sont presque tous inusables.
L’ardoise peut apporter, à la longue, de l’alumine dans le sol, qui assure le bleuissement des hortensias. Mais qu’il s’agisse de pouzzolane (roche volcanique), de billes d’argile, de gravier blanc, de galets ou même de verres concassés, tous ces paillages sont vite très coûteux.

Quels sont les principaux paillis organiques ?
Les plus courants viennent du jardin. Il s’agit d’abord des tontes de gazon qu’on laisse sécher une semaine avant d’épandre pour ne pas avoir un bloc de feutre putride. On utilise aussi les feuilles mortes (surtout du chêne) qui gardent le sol frais et l’enrichissent d’humus. On récupère encore la paille et les fougères, excellents isolants thermiques qui ont l’avantage d’être légers. Les aiguilles de pin et les écorces sont pratiques au pied des plantes de terre de bruyère pour acidifier le sol. J’utilise aussi les fleurs de camélias. Enfin, le papier journal et le carton sont très efficaces. On peut les recouvrir de terre ou de feuilles pour l’aspect esthétique. Citons encore les paillettes de lin et autres fèves de cacao, esthétiques, efficaces mais coûteuses. Enfin, les copeaux de bois bien broyés sont surtout utiles dans les allées. Mieux vaut les mélanger à des feuilles mortes pour pailler des sols azotés.

Les films plastiques sont-ils déconseillés ?
Certes, le plastique n’est pas une matière très naturelle. Toutefois, les films noirs utilisés pour les rangs de fraisiers sont efficaces pour garder le sol frais et propre, même si on peut leur préférer de la paille. De la même façon, les larges bandes de bâche tissée sont pratiques quand on plante une haie. Reste à les couvrir de copeaux pour les dissimuler.

Quelles plantes doit-on pailler ?
On peut tout pailler sauf les plantes couvre-sol et les rocailles. Au potager, l’ail, l’oignon et l’échalote n’ont pas besoin de paillage. Mais toutes les autres cultures potagères méritent d’être paillées en été. C’est surtout vrai pour les légumes-fruits et les légumes feuilles. En effet, ce sera beaucoup plus compliqué pour les limaces d’aller croquer les salades si elles doivent franchir une barrière de paille ou de fougères sèches. Les massifs de vivaces seront mieux protégés au cours des fortes chaleurs et le sol sera nourri. Les rosiers paillés sont moins exposés aux maladies, notamment au marsonia (maladie des taches noires) et à l’oïdium. Les jeunes arbustes profiteront bien mieux des arrosages copieux qui sont indispensables les deux premiers étés.

Quand faut-il poser les paillages ?
On pourrait presque dire toute l’année. En effet, l’une des règles de base est de ne jamais laisser un sol nu. Pour ma part, je retire les paillages en sortie d’hiver durant un mois (comme vu plus haut), pour laisser respirer les vivaces. Au potager, bien sûr, on attend que les cultures soient effectivement lancées pour les pailler. Du coup, on commence à pailler dès le mois de mai. Il faut prévoir en moyenne une couche de 5 à 10 cm. Un paillage organique aura tendance à se décomposer en quelques semaines. Il faudra souvent le renouveler en fin d’été, surtout en cas de sécheresse. Et puis, en fin d’automne, il faut pailler contre le froid.
Attention, n’attendez surtout pas qu’il gèle pour mettre en place des isolants thermiques.

Jules Bara

Des fleurs de camélias pour le rosier

On a tout intérêt à pailler, surtout l’été. Pour cela, on peut utiliser différents matériaux (paillis minéraux ou organiques).
Ici, nous avons récupéré les grosses fleurs fanées d’un camélia ‘Debbie’ et nous les avons répandues autour du pied d’un rosier. L’idéal est de ne pas en placer contre le tronc pour éviter un pourrissement. On peut même arroser sans déplacer le paillage.

En + : En se décomposant, les fleurs de camélia aident à la formation d’humus qui enrichit la terre.

Poireau : un paillis ou en jauge

Si depuis quelques années les hivers sont nettement moins rigoureux, il faut tout de même rester vigilant. Dans bien des régions les premières gelées, brèves mais franches, interviennent avant la fin de l’année. Il est donc nécessaire de protéger les poireaux. Rassurez-vous, ça reste simple. Il suffit d’épandre dans les rangs un épais paillis de feuilles mortes. Ça suffit largement à éviter que le sol gèle et ça vous permet de récolter au fur et à mesure des besoins tout au long de l’hiver sans aucune difficulté. La mise en jauge consiste à creuser une tranchée en V où on aligne côte à côte les poireaux avant de recouvrir les fûts de terre et de feuilles mortes. La jauge ne protège pas mieux les poireaux que le paillis mais elle permet de libérer la parcelle tout en continuant à conserver vos poireaux en terre. C’est encore là qu’ils seront le mieux en attendant, plusieurs mois, que vous les préleviez au fur et à mesure de vos besoins.

À NOTRE AVIS
Apportez du sable dans la jauge, surtout si la terre du jardin est compacte.