Marguerite : on l’aime un peu, beaucoup, passionnément

Voilà une vivace qui nous est familière. Elle pousse à peu près partout, même en moyenne montagne. On a d’ailleurs adopté de nombreux cultivars dans nos jardins mais ils n’ont pas la résistance de l’espèce type.

Elles surgissent avec le mois de mai sur les prairies, les talus, les lisières de bois et les bords de route. Les marguerites annoncent enfin les beaux jours de fin de printemps et surtout le grand soleil. C’est une plante très commune dans toutes nos régions et sous tous nos climats.

Sur tous types de sols
La marguerite est une vivace qui pousse spontanément sur des sols neutres ou basiques, c’est-à-dire calcaires. Mais on la voit aussi sur des terrains un peu acides. Elle préfère en tout cas des terrains moyens ou pauvres, toujours drainants, plutôt frais mais sans excès d’humidité. Elle colonise les emplacements ensoleillés. Sa taille peut varier avec des tiges allant de 30 à 80 cm de haut. Plus le sol sera riche, plus les tiges seront molles et auront tendance à se coucher.

Ce n’est pas une matricaire
Cette marguerite commune ou Leucanthemum vulgare a des fleurs simples (diamètre 5 cm), qui comptent 20 à 30 pétales d’un blanc pur. Le cœur de la fleur est jaune vif. Les feuilles alternes, ovales, poilues et à bord denté, sont d’un vert foncé.
La matricaire camomille (Matricaria recutita) est assez proche. Ses pétales blancs (ligules) sont souvent orientés vers le bas avec des capitules jaunes proéminents et pointus. Elle a une odeur très forte que n’a pas la marguerite.

Les marguerites de jardin
La marguerite a donné lieu a de nombreux cultivars à fleurs simples, semi-doubles ou doubles. ‘Reine de Mai’, 70 cm, précoce, est toujours appréciée. Il y a aussi des hybrides de Leucanthemum x superbum avec des grandes fleurs (10 cm de diamètre) portées par des tiges de 90 cm. Les floraisons sont souvent plus tardives (de fin juin à fin août). Elles tolèrent moins la sécheresse que leur cousine sauvage.

Catherine Larenaudie

Myrtilliers : retrouvez ces saveurs oubliées

Les myrtilles ont presque totalement disparu des jardins des particuliers. Pourtant ces petits arbres fruitiers étaient encore communs du temps de nos grands-parents. Heureusement on en trouve toujours grâce à quelques passionnés comme Jacques Vivès, dont les collections font rêver.

Ce fruit noir fait le délices de nos desserts d’été. Il pousse en grappes sur des petits arbustes et il offre une grande richesse gustative et diététique. Le myrtillier est relativement peu sujet aux maladies, à condition que ses exigences de culture soient respectées. Il n’est pas toujours facile de trouver des plants de belle qualité et des conseils adaptés à ce genre de buisson fruitier. Nous avons donc fait appel à Jacques Vivès, spécialiste en plantes rares, pour nous éclairer.

Des petits arbres fruitiers très productifs
Le myrtillier que nous cultivons dans nos jardins, Vaccinum myrtillus, est né du croisement entre la petite myrtille sauvage de nos montagnes et celle d’Amérique qui est deux fois plus grosse. A maturité, ces arbustes fruitiers font 1,50 m à 2m de haut et sont très productifs, même les jeunes sujets. Par la suite, ils peuvent vivre une bonne cinquantaine d’années et produire plusieurs kilos de baies par an. Ils forment des  petits arbres caducs dont le feuillage se colore en rouge cuivré en automne. Au printemps, des grappes de fleurs apparaissent. Elles seront vite remplacées en été par des grappes de fruits. La myrtille est très riche en vitamines A, B et C, en sels minéraux, en calcium et plus particulièrement en fer.

Choisissez bien les variétés
Il existe quelques variétés de myrtilliers qui se différencient principalement par leur date de maturité. Le myrtillier ‘Bluetta’ donne généralement des fruits de la mi-août à fin septembre. Cet arbre est très productif tout en étant d’une vigueur moyenne. Le myrillier ‘Bluecrop’ est la variété la plus précoce. Elle donne de gros fruits du 1er août à la mi-septembre. C’est un arbre bien vigoureux et au port érigé qui est très productif en donnant de grosses grappes de fruits de calibre moyen ou gros, bleu-noir. C’est la variété la plus couramment cultivée. Le myrtillier ‘Jersey’ donne de très gros fruits d’un joli bleu clair, très allongés et à la chair ferme. Attention, ils sont réputés un peu amers. Comme ‘Bluetta’, cette variété produit du 15 août au 15 septembre. Elle est également très vigoureuse. Le myrtillier ‘Darrow’ est la variété la plus tardive car elle donne des fruits du 1er septembre au 15 octobre environ. L’arbre est moyennement vigoureux, mais il offre une production régulière de gros fruits qui sont toujours d’excellente qualité.

Il faut une terre acide
L’exposition et la nature du sol sont deux paramètres à respecter scrupuleusement quand on plante un myrtillier. C’est déterminant pour garantir une bonne santé à l’arbuste et assurer une production régulière au cours des années à venir. En ce qui concerne l’exposition, le myrtillier se plait sous un soleil direct et léger si vous habitez le nord de l’hexagone. En revanche, cherchez la mi-ombre, même si cette dernière est assez dense, si votre lieu de plantation est dans la moitié sud du pays et sur des régions où les étés sont brûlants. Dans tous les cas, il doit être à l’abri des vents dominants et des fortes chaleurs. Quant au sol, il faut avoir en tête que le myrtillier n’apprécie que les sols très acides dont le pH est compris entre 4 et 5.5, comme c’est le cas d’une terre de bruyère naturelle. De plus, il est important que les sols soient bien drainés. Pourquoi ne pas les planter à proximité de vos azalées et de vos rhododendron : ils devraient s’y plaire !

Soignez la plantation
On plante les myrtilliers d’octobre à mars et nous vous conseillons de préférer les plants à racines nues. La reprise est mieux assurées. Attention, un arbuste à racines nues ne doit pas rester longtemps à l’air libre car les racines risquent de sécher très vite. Couvrez-les toujours d’un chiffon mouillé tant que le sujet n’est pas planté. Si vous achetez votre myrtillier en pot, vous pourrez le  planter toute l’année, sauf en plein été. Le mieux est d’attendre la fin de l’automne et le début de l’hiver. Sortez le plant de son contenant en douceur. Vérifiez que les racines ne forment pas de chignon, sinon démêlez-le en le trempant dans une bassine d’eau et sans déchirer les racines. Rabattez la pointe des plus grosses racines. Si votre terre est franchement calcaire, mieux vaut réviser vos projets et vous orienter vers un autre fruit rouge comme la framboise, le cassis ou la groseille. Dans les sols qui sont naturellement acides, il suffira d’ajouter un terreau d’écorces bien décomposées au moment de la plantation. Dans le cas contraire, la seule solution consiste à creuser une fosse de 50 à 60 cm de profondeur et autant de large. Prenez soin de tapisser le fond des parois avec un feutre géotextile. Versez ensuite dans le trou, sur 10 cm d’épaisseur, du gravier afin d’assurer le drainage. Enfin, remplissez la fosse avec de la terre de bruyère mélangée à hauteur d’un tiers avec du terreau forestier bien décomposé ou de la terre végétale. Vous pouvez aussi renforcer l’acidité de votre sol avec des broyats de pin à apporter caque année. Pour une récolte abondante, plantez plusieurs myrtilliers afin de garantir une bonne pollinisation croisée et donc la fructification. Il en faut au moins deux, même de variétés différentes. Une fois la plantation terminée, protégez les myrtilles de la gourmandise des oiseaux en posant un filet. C’est souvent indispensable.

Surveillez l’arrosage
La fertilisation s’effectue au mois de mars avec l’apport d’un bon compost pas trop azoté. L’arrosage doit être régulier les deux premiers étés (sans mouiller le feuillage). Ensuite, on arrose en cas de sécheresse prolongée. En revanche, pensez à pailler les pieds des myrtilliers pour garder le sol frais. Durant les trois premières années, vous pouvez laisser l’arbuste pousser naturellement. Par la suite, il est inutile de tailler régulièrement vos myrtilliers. Contentez-vous de leur donner une forme équilibrée et supprimez les rameaux mal placés ou morts à la fin de l’hiver

Une résistance aux maladies relative…
Le  myrtillier est un arbuste robuste, si les conditions de culture sont adaptées. Cependant, il peut être sensible à diverses maladies, surtout par temps chaud et humide. En prévention, il convient de planter dans un sol bien drainé et d’espacer les plants. Les risques de blanc seront moindres. Arrosez avec une décoction de prêle en mai et en juin et pulvérisez un mélange de bouillie bordelaise et de soufre en avril et mai pour bloquer l’apparition éventuelle des maladies cryptogamiques. Par temps chaud et humide, on peut aussi pulvériser un purin de prêle. Mais surtout, nettoyez le sol tout autour du pied de l’arbuste. Pour les protéger des parasites tels que la chenille arpenteuse ou la mouche blanche, le mieux est d’installer des pièges de glu dans les branches et de pulvériser régulièrement du purin d’ortie, ou une décoction d’absinthe sur le feuillage, ou encore une solution à base de savon noir. Enfin, même s’il est difficile de ranger les oiseaux parmi les ravageurs, il est vrai qu’il faut les surveiller de près si on veut goûter aux myrtilles.

On récolte au rythme de la maturation des fruits
Les fruits ne mûrissent pas tous en même temps sur l’arbuste. Vous devez procéder à des cueillettes successives. Le bon moment est lorsque les myrtilles sont d’un bleu foncé. Avec un peu d’habitude, on voit tout de suite les fruits qui sont mûrs. Vous les dégusterez ainsi d’août à septembre, selon les variétés. Ensuite, les possibilités sont multiples : confitures, tartes, salades de fruits, sorbets ou liqueurs… Régalez-vous !

François Willemin