Tomates : observer ses plants pour mieux les connaître

Une observation attentive de nos plants de tomates nous permettra de mieux comprendre leur type de fonctionnement, leurs fragilités et leurs exigences. Et puis, certaines ressemblances avec d’autres légumes comme la pomme de terre, voire l’épinard, sont tout de même amusantes.

La tomate est généralement présentée  dans les différents ouvrages de jardinage comme étant une plante annuelle herbacée plus ou moins ramifiée. Mais une présentation plus détaillée permet de souligner des particularités de la plante qu’on a tout intérêt à connaître lorsqu’on veut la cultiver.

Une racine pivot fragile
On y prête rarement attention et pourtant c’est un point fondamental. Un plant de tomates est doté d’une racine pivot. Il faut en tenir compte dès le départ en ne laissant pas trop longtemps un jeune sujet dans son godet d’origine au risque de gêner la croissance de sa racine. Soyez méticuleux lors du repiquage. Quant à la plantation en terre, prévoyez un trou assez profond pour ne pas avoir à plier la racine pivot et, là encore, pour faciliter le développement à venir du système racinaire.

Des tiges à tuteurer
Ensuite, le plant est doté de tiges plus ou moins épaisses. Elles sont, dans la plupart des cas, rigides, raides, presque ligneuses en fin de saison. Elles sont recouvertes de poils et sont rêches au toucher. Ces tiges sont souvent ramifiées et atteignent en moyenne 1 m de haut, voire 1,50 m et plus. Il faut absolument les tuteurer car elles plient vite sous le poids des feuilles et surtout des fruits.
Attention : les tiges encore jeunes sont cassantes. Vous devez les manipuler avec délicatesse et les tenir au tuteur solidement, mais sans les étrangler ni les blesser.

Des feuilles très variables
La feuille de la tomate est assez caractéristique du genre. Elle est « composée », c’est-à-dire constituée de folioles (entre 7 et 11) répartis par paires sur le pédoncule avec un seul foliole terminal situé à l’extrémité. Ces folioles forment une feuille plus ou moins longue (10 cm jusqu’à 30 cm) selon les variétés… et la nature du sol ! Ces folioles sont le plus souvent très découpés avec un bord denté (pas toujours) et peuvent  prendre des formes assez variées : ronds, ovales, cordiformes, proches de l’épinard voire de la pomme de terre. Ces feuilles sont essentielles à l’équilibre général du plant. Certains les suppriment pour favoriser l’ensoleillement des fruits, méthode assez discutée par les puristes. Mais à l’inverse, il ne faut pas que le développement foliaire soit excessif car il pénaliserait la formation des fruits. Or, c’est souvent le cas sur certains terrains fortement azotés.

Des fleurs hermaphrodites
Regroupées par cinq ou huit, les petites fleurs en forme d’étoile, jaunes, forment des grappes retombantes. Chaque fleur (diamètre 2 cm) possède à la fois des organes mâles et des organes femelles. Autogame, une fleur peut donc se féconder elle-même avec son propre pollen. Néanmoins, la pollinisation croisée entre plusieurs pieds est plus sûre.

La tomate est une baie
Ces fleurs fécondées donnent donc des fruits. On parle de « baie » puisqu’il s’agit d’un fruit entièrement charnu qui abrite des graines. Celles-ci sont protégées par une sorte de gangue gélatineuse qui les enveloppe individuellement. Sur des variétés de mi-saison on compte à peu près autant de jours entre le semis et les premières fleurs et entre ces fleurs et la récolte des premières tomates mûres.

Le port déterminé ou non déterminé
Dans l’écrasante majorité des cas, le plant grandit et poursuit son développement tant que les conditions le permettent. Les tiges s’allongent, les feuilles poussent et les fleurs apparaissent toutes les trois à quatre feuilles. On parle alors de port indéterminé. Pour ne pas laisser le plant s’épuiser tout seul, on contrôle et limite son exubérance en pinçant les tiges (on parle de taille) et, bien sûr, en les tuteurant.
A l’opposé, il existe des variétés qui stoppent d’elles-mêmes leur croissance dès qu’elles ont produit un nombre déterminé de bouquets de fleurs (souvent trois ou quatre). On parle alors de port déterminé. C’est généralement le cas de variétés naines qui ne demandent ni pincement, ni même un tuteur. On se contente de pailler pour éviter que les fruits ne soient en contact direct avec la terre.

Les protections hivernales efficaces et pas chères

Depuis quelques années, les hivers sont un peu moins rigoureux et surtout moins longs. Mais il suffit de deux ou trois coups de froid pour perdre beaucoup au jardin. Or, il existe des protections efficaces et simples.

Avec quoi peut-on pailler efficacement ?
De la paille bien sûr, mais pas n’importe comment. Il ne faut pas que cette paille soit trop compressée sinon elle pourrait provoquer un pourrissement de la plante. On peut aussi utiliser des frondes de fougères fanées qu’on récupère dans les bois. Le mieux est de les effeuiller pour que le paillis constitué soit à la fois dense, léger et aéré. On ne risque jamais un pourrissement avec un paillis de fougères. On peut aussi récupérer des feuilles mortes de chêne qui fertilisent la terre en se décomposant. On peut, en automne, épandre une bonne couche d’un terreau de feuilles mortes et de tontes. Ça isole du froid et ça fertilise la terre. Les aiguilles de pin sont efficaces l’été pour protéger du soleil et de l’évaporation du sol, mais très peu l’hiver contre le froid.

Peut-on emballer entièrement les plantes frileuses ?
Non, c’est vraiment déconseillé. Si vous devez protéger la partie aérienne d’un arbuste, par exemple un laurier rose ou un camélia, emballez toute la ramure mais laissez le sommet à l’air libre. L’air doit passer quitte à ce que les extrémités de quelques branches gèlent. Si vous encapuchonnez trop un arbuste, il risque fort de pourrir. Si, toutefois, vous tenez absolument à lui coiffer la tête, faites-le avec un voile de forçage mais pas avec un carton épais ou un plastique. Et en plein hiver, profitez des belles journées ensoleillées pour ouvrir les protections et laissez le sujet respirer. Evidemment, en fin de journée, vous devez tout remettre en place.

Pourquoi mettre les plantes en pot dans des caisses à poisson ?
Parce que le froid remontant par le sol, il est utile d’isoler le fond du pot. C’est encore plus vrai si le sol est en dalles ou en béton (comme souvent sur les terrasses). Or, le polystyrène est un excellent isolant. Du coup, en plaçant une plante en pot dans une caisse à poisson, on évite que le gel remonte par le fond et on protège même la paroi du pot, donc la motte. Il suffit de glisser ensuite, entre le pot et la caisse, de la fougère ou de la paille, et d’en mettre en surface pour parfaire le dispositif. A défaut de paille, utilisez des pages de journal (pas de magazine) que vous froissez. Ce papier journal est l’un des meilleurs isolants thermiques déjà utilisé par les anciens.

Pourquoi et quand bâcher les plantes ?
Essentiellement quand il neige ou quand il pleut. En plein hiver, les pluies sont très froides et la nuit cet excès d’humidité gèle. Il est donc possible de bâcher temporairement, quelques jours seulement, une plante fragile.
Au potager, on peut planter des arceaux sur un rang et les couvrir d’une bâche plastique pour former un tunnel de fortune. N’oubliez pas que  le niveau de rusticité d’une plante varie toujours en fonction de la nature du sol. Plus il est drainant, plus le froid peut être intense. Moins c’est drainant et moins la plante résistera.

Comment protéger les floraisons précoces des arbres fruitiers ?
D’abord en tenant compte de la précocité des variétés fruitières au moment de les choisir. Il existe quantité de pruniers dans l’est et le nord-est qui ne craignent pas les gelées tardives de ces régions. Ensuite, en plantant à l’abri des vents dominants, surtout venant du nord, car plus le vent souffle et plus la température descend. Enfin, en évitant de planter en plein champ pour préférer des formes à palisser contre un mur orienté vers l’est. En effet, avec cette exposition, les arbres subiront des écarts de température moins importants entre le jour et la nuit. Cette alternance répétée plusieurs fois entre gel et dégel est toujours très mal tolérée. Notez encore que, dans les potagers de qualité, ces murs sont toujours dotés d’une petite couverture de tuiles qui met à l’abri des pluies froides une bonne partie des branches palissées. Ce détail est souvent déterminant pour éviter de perdre des floraisons venues trop précocement.

Pour un châssis on isole à l’intérieur ou à l’extérieur ?
On isole contre le froid toujours à l’intérieur, quitte à poser à l’extérieur, sur les vitres, un paillasson qui prendra le givre. Dans le cas d’un châssis, vous glisserez dedans de la paille autour des plantes. Dans le cas d’une serre froide, vous apposerez un papier bulle (les bulles contre la vitre). Vérifiez le pourtour des ouvertures sans les bloquer. Vous devez pouvoir ouvrir facilement une porte ou un battant pour permettre l’aération (même légère) du local.

Que faire en cas de chute brutale de la température ?
Il suffit que le thermomètre oscille entre -8° et -2°C durant quelques jours seulement pour tout perdre (premiers semis, boutures, jeunes plants, frileuses). Dans ce cas 30 minutes d’un chauffage électrique en début de nuit (vers 21h) permet d’éviter le pire. Pour les formes fruitières palissées on peut tendre une grande toile de jute, ou un double voile de forçage, le long du mur en fin de journée, avant que le froid intense commence à mordre. C’est plus efficace qu’on l’imagine.

Catherine Larenaudie

 

Le concombre-citron

Il a la couleur d’un citron, la forme d’une balle et la saveur douce d’un concombre. Ce n’est pas un nouvel hybride mais une variété ancienne, oubliée et qui mérite largement d’être à nouveau cultivée.

Amusant bien sûr, mais pas seulement. Ce drôle de concombre est aussi savoureux et même pratique. Pourtant, avec toutes ces qualités, cette variété ancienne reste très peu connue.

Un véritable concombre
Ce concombre, petite boule totalement sphérique de la taille d’un citron (8 à 10 cm de diamètre), jaune comme un citron, est bel et bien un concombre (Cucumis sativus). Sa chair blanche est croquante. La saveur est douce, sans amertume si on récolte le fruit pas trop tard. Le feuillage est identique aux feuilles d’une variété de concombre classique en étant tout de même un peu moins encombrant, ce qui est appréciable. Quant à la culture, elle est globalement la même que la culture de n’importe quel concombre.

Un semis en mai pour une récolte en août
Gérard, à Guérande en Loire Atlantique, a pour habitude de faire le semis en barquette dans le courant du mois de mai. Il garde sous serre froide et attend juin pour repiquer en pleine terre sur une parcelle qui a été correctement amendée au printemps. Pour Gérard, cela veut dire l’apport en sortie d’hiver d’un bon fumier de cheval « mûri » durant presque un an. Comme toutes les courges, le concombre est une plante gourmande qui a besoin d’une bonne couche de matières organiques. Attention, certains préfèrent anticiper en faisant le semis en avril. Or, c’est inutile car cette variété est naturellement tardive. Il faut attendre la mi-août (quand l’été est beau) pour commencer à récolter les premiers fruits. On peut aussi semer directement en place fin mai ou début juin, si possible juste après la pleine lune, en faisant des poquets de trois à quatre graines. Comptez normalement une semaine pour que la levée intervienne.

On peut le palisser
Que vous semiez en barquette avec un repiquage à suivre ou que vous semiez en place, pensez à installer juste à côté un grand tuteur à tomates ou tendez un grillage le long du rang. En effet, ce concombre est très facile à palisser compte tenu de son feuillage limité et de ses fruits assez compacts, donc légers. Ça prend peut de place au sol. Les fruits ne sont pas en contact direct avec la terre donc sans risque de pourrissement en cas de pluie ou de rosée matinale excessive. Ça peut faciliter l’exposition au soleil (la plante a besoin de six heures d’ensoleillement par jour). Et ça réduit sensiblement les menaces qui peuvent peser sur cette culture.

Gare au mildiou et aux rats
Rassurez-vous tout de même car ces menaces ne sont pas nombreuses. Il y a surtout le mildiou mais qu’on prévient avec une terre riche, un bon ensoleillement qui varie d’une année à l’autre, et de l’air (d’où l’intérêt de palisser). On réduit aussi les risques avec un purin d’ortie dilué dans les arrosages en début de culture (juin et début juillet). Et on enraye dès les premiers symptômes avec une bouillie bordelaise.
L’autre menace vient des rats et autres mulots qui peuvent roder dans le jardin. La seule vraie bonne solution est encore de ceinturer le potager (ou le carré) d’un grillage profondément enterré.

Pour des graines fiables
Evidemment, en fin de récolte, vous penserez à conserver des graines pour disposer de semences l’année prochaine. Mais gare aux hybridations incontrôlées très fréquentes avec les cucurbitacées. Si vous avez plusieurs cultures au potager, il est plus sage (au moins au début) d’utiliser des graines de semenciers professionnels.

Walter Brousse

 

Choux de Bruxelles : récoltez sans précipitation

Il faut attendre un petit coup de froid pour récolter les premiers choux de Bruxelles. Généralement ce n’est pas avant la fin novembre, voire en décembre. Les petites pommes ont au moins 2 à 3 cm de diamètre (c’est-à-dire la taille d’une belle noix) et ne sont pas encore ouvertes. On cueille d’abord les choux situés sur le bas de la tige en passant d’un pied à l’autre. Prenez votre temps et prélevez uniquement la quantité dont vous avez besoin. C’est sur pied que les choux de Bruxelles se conservent encore le mieux et même s’il fait frais. Ils ne craignent ni la neige ni même un gel bref. Dans l’est et en basse montagne, on pourra couvrir le rang d’un tunnel mais ailleurs c’est franchement inutile. La récolte peut donc se prolonger tout l’hiver.
Toutefois, si vous deviez tout de même récolter tous vos choux d’un seul coup, il est vrai qu’on peut très bien les congeler. Mais dans ce cas, blanchissez-les très vite dans une eau bouillante avant de les placer dans un sac de congélation.

Hellébores : en fleurs de décembre à avril

Les hellébores demandent un à deux ans de patience pour donner une première floraison. On a donc tout intérêt à planter sans perdre de temps. Ça tombe bien puisque novembre est un mois propice à cet exercice. Mais le choix est large. Alors profitez-en pour retenir des espèces dont les floraisons se succèdent de la fin de l’automne au milieu du printemps.

Quel plaisir de voir des floraisons en plein hiver. Les hellébores nous offrent cette possibilité avec un grand nombre d’espèces (et de nouveaux hybrides) dont les floraisons se succèdent les unes aux autres de la fin de l’automne jusqu’au milieu du printemps. Les pluies froides, la neige, le gel, la lumière du jour souvent faible, ne les gênent pas. Même les jardiniers débutants peuvent commencer à constituer une petite collection. Quant aux amateurs plus expérimentés, ils auront toujours à cœur d’accueillir quelques nouvelles recrues. Ça tombe bien, c’est le bon moment pour commencer les plantations.

Les hellébores orientales sont les plus faciles
Mais avant de se lancer, faisons d’abord un rapide tour d’horizon des différentes espèces les plus courantes. Helleborus orientalis donne un très grand nombre d’hybrides. Ces plantes ont en général 50 à 60 cm de haut et fleurissent de février à mars ou avril. On trouve des fleurs dans des coloris allant du pourpre au chocolat en passant par le vieux rose, le jaune ou le crème.
Certaines fleurs sont doubles. Très faciles, ces hybrides s’adaptent à tous types de sols avec une préférence pour les terres plutôt acides et fertiles. Attention, il faut une ombre légère pour garder un sol frais même en plein été.

La fameuse rose de Noël
Normalement, l’appellation rose de Noël désigne Helleborus niger et non pas toutes les hellébores. C’est une espèce spécifique, certes connue, mais assez peu répandue. Elle est d’ailleurs plus capricieuse que ses cousines H. orientalis et demande des sols légers, drainants, peu fertiles, même calcaires. En tout cas avec elle, évitez les terres acides et richement amendées. La rose de Noël n’y sera pas à son aise. Précoce, elle fleurit en décembre, comme son nom le laisse supposer.

Sauvage, fétide, mais belle
Il y a aussi H. foetida, l’espèce type qui pousse spontanément en lisière de bois. Elle est bien assez ornementale pour être intégrée dans nos jardins. Elle est solide et forme une grosse touffe de 70 cm de haut. Précoce, sa floraison intervient dès novembre et se prolonge jusqu’à la fin de l’hiver.

Corsicus, sternii et d’autres
C’est une gageure de proposer une sélection d’hellébores, même très sommaire, tant le choix est vaste. Néanmoins, nos préférences vont vers les variétés de H. sternii souvent très originales, H. atrorubens, notamment celles qui ont des fleurs d’un brun rouge rehaussé d’un bouquet d’étamines jaune d’or. Il y a aussi H. corsicus (synonyme nigercors) et ses hybrides plutôt tardifs qui fleurissent dans des teintes  plus sophistiquées. Plongez dans les catalogues et observez les collections des pépiniéristes spécialisés.

Un bon départ pour une longue vie
Dans de bonnes conditions de culture, les hellébores ont une longévité de plusieurs dizaines d’années. Pour cela, il faut commencer par apporter des matières organiques (compost ou fumures) avec un terreau de feuilles. Si la terre est lourde, apportez du sable pour faciliter le drainage. L’emplacement doit être à la fois aéré l’hiver et ombragé l’été pour ne pas souffrir d’un soleil trop chaud. Plantez sous la ramure d’un arbre caduc. Au  moment de dépoter, dégagez la motte sans déchirer les racines qui sont cassantes. Trempez la motte dans une bassine d’eau pour l’imbiber à cœur avant de la mettre en terre. Inspectez le revers des feuilles pour écraser les éventuelles aleurodes.
Finissez en arrosant au pied. Attention, laissez au moins 25 à 30 cm entre deux pieds car ils se développeront vite.

Quand la floraison s’avère capricieuse
Normalement, une hellébore ne fleurit pas la première année suivant sa plantation. Il faut attendre deux ans et parfois trois pour voir les premières fleurs. Puis, d’année en année, la floraison s’intensifiera. Toutefois, elle peut rester décevante si vous plantez dans un endroit trop sombre et surtout manquant d’air. Il faut aussi supprimer les fleurs fanées et les feuilles sèches ou malades. Il faut arroser entre juin et août si le sol est trop sec. Il faut éviter les apports d’engrais azotés qui favorisent les feuilles au détriment des fleurs. En revanche, il faut fertiliser les sols pauvres. Enfin, divisez les touffes anciennes devenues énormes et qui ont tendance à s’essouffler.

Gare aux semis spontanés
On fait rarement des semis car les graines stockées plusieurs mois perdent leur pouvoir germinatif et parce que, semées très vite, il leur faut plusieurs mois pour lever. Cependant, sur une terre fraîche, meuble et fertile, les semis spontanés sont nombreux. Là encore, il faut attendre un ou deux ans pour les déplacer. Mais sachez que les variétés et espèces d’hellébores s’hybrident très facilement entre elles. Résultat : les jeunes plants récupérés sont rarement identiques au pied-mère si vous avez plusieurs hellébores au jardin.

Jules Bara

 

 

Gardez votre raisin jusqu’à Noël

Garder frais son raisin jusqu’à Noël est un vrai défi, surtout dans les régions au nord de la Loire. Pourtant, les anciens le faisaient très bien. Pour cela, il faut avoir récolté la grappe de raisin en ayant fait la coupe non pas sur la tige mais sur le sarment. Ensuite, il faut suspendre la grappe en plongeant la partie sarment (10 cm) dans un flacon d’eau.
Dans les beaux jardins, comme à St-Jean de Beauregard, on abrite les grappes dans un meuble fruitier lui-même placé dans un local sec et hors gel (5 à 7°C).
On place dans chaque flacon un petit morceau de charbon de bois pour éviter le croupissement de l’eau. Otez aux ciseaux les grains qui seraient malades.

Les 6 bonnes raisons d’avoir un cognassier au jardin

Il y a sa floraison au printemps. Et puis il y a sa rusticité, sa robustesse, sa longévité (certains sont centenaires), son autonomie, sa tolérance aux sols, ses fruits uniques. Bref, le cognassier a plein d’atouts. Il faut le planter.

C’est sidérant mais c’est pourtant vrai, le cognassier est en passe de devenir un arbre fruitier rare. On en voit presque plus dans nos jardins, alors que dans les années 1960, il était aussi commun qu’un pommier ou un poirier. Mais un coing se cuisine et ne se croque pas cru, ce qui explique sûrement ce désamour. Et pourtant…

1/ D’abord pour retrouver cette saveur unique
Parmi les bonnes raisons de planter un cognassier, il y a d’abord la saveur incomparable de ses fruits. Il est difficile de la décrire car on ne mange pas un coing seul. La meilleure façon de l’apprécier est de l’associer à la pomme ou à la poire dans une compote, un crumble, voire avec des pommes de terre ou pour accompagner du gibier, un tagine ou un poisson. Et puis la gelée de coings et les pâtes de fruits ont leurs amateurs.

2/ Parce que l’arbre est compact et très décoratif
Adulte, le cognassier atteint 4 à 5 m de haut pour 3 m de large. Il a un port naturellement régulier et bien proportionné. Du coup, il a sa place dans tous les jardins même assez petits. Il est très décoratif grâce à une floraison superbe. Tardive, elle intervient à partir de la mi-avril, bien après celle des poiriers et souvent après celle des pommiers. C’est même sans doute l’un des derniers fruitiers à fleurir. Les fleurs sont assez grosses, rondes, d’un blanc plus ou moins rosé. Elles sont très nombreuses et bien réparties sur l’ensemble de la ramure.

3/ Parce qu’il s’adapte à peu près partout
Fleurissant tard, il ne redoute pas, ou très peu, les dernières gelées de printemps. Il est très rustique et encaisse des -25°C sans faiblir. On peut donc le planter dans l’Est, le Centre ou le Nord sans crainte. Mais il aime aussi les été très chauds, ce qui en fait un habitué des régions méridionales. Et le climat océanique lui convient. On dit encore qu’il s’adapte à tous types de sols. Chez moi, il accepte une terre lourde, argileuse, difficile  et je l’ai vu heureux sur des sols calcaires. Sur sol acide, les fruits seraient un peu moins parfumés : c’est à voir. Où que vous le plantiez, choisissez un endroit ensoleillé.

4/ Parce qu’il est vraiment auto-fertile
Un arbre est auto-fertile lorsque ses fleurs, présentant à la fois des organes mâles et femelles, s’autofécondent. C’est le cas du cognassier. Or, les quelques arbres fruitiers dits auto-fertiles (de très rares pommiers et poiriers, certains cerisiers) le sont très peu. On peut donc planter un seul cognassier et avoir de très belles récoltes durant des dizaines d’années.

5/ Parce qu’il demande très peu de soins
Une fois la taille de formation terminée, il est inutile de sortir le sécateur. Pas besoin de taille pour le faire fructifier. On doit juste ôter en hiver les tiges en surnombre en aérant le cœur de l’arbre et supprimer les vieux bois. Pour le reste, il est un peu sensible aux tavelures (points noirs sur les fruits et les feuilles), à la moniliose (pourriture marron sur les fruits) et à l’oïdium (feutrage blanc sur les feuilles). Un mélange de bouillie bordelaise et de soufre dilué permet de prévenir ces maladies. Mais balayez les feuilles mortes, sortez les fruits momifiés et gardez le sol nu autour du tronc.

6/ Parce qu’il peut aider les autres arbres fruitiers
Enfin, un cognassier en fleurs attire les abeilles. Planté près d’un pommier, il facilitera la pollinisation croisée ce qui ne peut qu’aider à la fructification des deux arbres. Et puis le cognassier est un excellent porte-greffe pour les poiriers. On peut donc le multiplier par bouturage et ensuite greffer la variété de poire voulue sur ces jeunes sujets.

Walter Brousse

 

 

 

Rosier Sally Holmes : élégant et solide, il fleurit de juin à octobre

C’est un moderne assez récent qui a la fraîcheur d’un églantier, beaucoup de charme et une solidité à toutes épreuves.

Il y a la masse de fleurs spectaculaire mais aussi leur beauté. Et avec ‘Sally Holmes’ on trouve les deux. Pourtant, la concurrence est forte dans le jardin où je peux l’admirer. Entre un ‘Bobbie James’ et un ‘Denise Grey’, et plus loin ‘American Pillar’, ‘Madame Alfred Carrière’ ou ‘Albéric Barbier’, sans oublier ‘Mozart‘, ‘Fête des mères’ et les galliques comme ‘Eveque’ ou ‘Cardinal de Richelieu’, il faut faire preuve de sérieux atouts pour sortir du lot. C’est le cas de ce ‘Sally Holmes’ solidement installé sur une arche du jardin.

Des fleurs simples, parfois surprenantes
Ce que j’aime en premier lieu sur ce rosier, ce sont ses fleurs simples qui ont la fraîcheur de l’églantier. Mais les boutons pointus, un peu sophistiqués, presque rosé ou abricot, apportent une élégance intéressante. Ils virent au blanc ivoire au fur et à mesure qu’ils s’épanouissent. Ouverte, la fleur est alors composée d’un bouquet d’étamines jaune d’or cerné par cinq ou six pétales larges, souples, d’un blanc aux reflets rose. Il arrive parfois que quelques toutes petites taches rouge sang les agrémentent. Seul regret, il émane un parfum élégant mais trop léger.

Une floribondité record
Ces fleurs de 8 cm environ sont regroupées par douze ou quinze et constituent ainsi des grappes généreuses. L’effet de masse est intéressant. Mais surtout, ce ‘Sally Holmes’ remonte très bien. En effet, il entame sa floraison en fanfare dès le début du mois de juin et la prolonge tout au long de l’été jusqu’au milieu de l’automne. Mieux, elle est aussi forte en septembre qu’en juin. Et ‘Sally Holmes’ nous montre son plaisir à fleurir dès la première année suivant sa plantation.

En buisson ou en grimpant
Les premiers spécimens que j’ai remarqués étaient cultivés en buisson et en isolé sur une pelouse. ‘Sally Holmes’ le mérite. Mais en réalité, il a assez de vigueur pour être conduit, et palissé, comme un grimpant. Au lieu de le tailler à 50 ou 60 cm en sortie d’hiver, on le taille plus long pour lui permettre d’étirer ses tiges. Souples, elles sont faciles à arquer ou à enrouler autour du pilier d’une arche. En plein soleil et avec assez d’air tout autour, il donnera vite des floraisons généreuses.

Il résiste aux maladies et aux intempéries
‘Sally Holmes’ est un rosier moderne créé en 1976 par l’obtenteur allemand Holmes. Il est non seulement très florifère et assez vigoureux, mais il est aussi résistant aux différentes maladies des rosiers. Quand un R. Veilchenblau ou R. ‘Albéric Barbier’ souffrent de blanc, notre ‘Sally Holmes’ reste épargné. Son feuillage d’un beau vert franc et presque brillant est très rarement atteint de taches noires. C’est très appréciable, surtout lorsqu’on a des étés plutôt maussades comme c’est le cas depuis deux ans au nord de la Loire. Par ailleurs, ‘Sally Holmes’ supporte bien mieux que la moyenne des rosiers les fortes pluies et le manque de soleil. On a encore pu le vérifier cette année en juin lorsque deux jours après des pluies abondantes, il avait fière allure alors que les autres rosiers du jardin étaient littéralement lessivés. Enfin, il est assez rustique pour être retenu dans toutes nos régions et il est assez costaud pour résister aux chaleurs même caniculaires du sud-ouest ou sud-est. Mais attention, cette bonne volonté nécessite de bonnes conditions de culture dès le départ.

Soignez la plantation
On le sait tous très bien mais on n’est pas tous aussi attentif qu’il faudrait l’être : pour qu’un rosier fasse preuve de longévité, il faut soigner la plantation. Pour ça, creusez un trou deux fois plus large et plus profond que la motte du rosier. Les plus sérieux attendront une à deux semaines, le trou grand ouvert pour que la terre puisse s’aérer. Au cours de ce laps de temps, vérifiez le bon écoulement de l’eau en arrosant le trou. Si nécessaire, améliorez le drainage avec un lit de graviers. Préparez un mélange de terre de jardin (2/3) et terreau de feuilles (1/3) et versez d’abord au fond du trou une pelletée de compost. Attendez octobre ou  novembre pour planter de préférence un sujet à racines nues. Vous épointerez les racines avant de les tremper dans un pralin assez liquide. Et bien sûr, finissez la plantation en arrosant copieusement, quelle que soit la météo.

Louis Vittu

Butternut : un succès largement mérité

On l’appelle Butternut ou Doubeurre. C’est l’une des courges préférées des français. D’origine américaine, elle s’est d’abord adaptée au climat méridional où la chaleur estivale lui convient bien. Puis, au fil du temps, on a appris à la cultiver au nord de la Loire avec des rendements intéressants.

Il ne faut pas démarrer le semis trop tôt
La Butternut est une courge un peu tardive. On compte environ 110 jours entre le semis et la récolte et celle-ci intervient en octobre, voire en novembre dans les régions douces et sans grosses pluies. Il est donc inutile de démarrer le semis trop tôt. C’est essentiel car il faut compter environ trois semaines entre le semis et la plantation en terre. C’est court et le sol doit être alors suffisamment réchauffé et surtout les nuits pas trop froides. La température ne doit pas être inférieure à +12°C. C’est la raison pour laquelle, dans certaines régions, on attend la fin du mois de mars pour planter fin avril et ailleurs on sème en avril pour planter seulement en mai.

Une levée rapide est un gage de succès
Plus la germination s’éternise et plus les risques sont grands d’obtenir des plants fragiles au développement incertain. Pour éviter ça et assurer un bon départ à la culture, on commence par préparer un mélange terreux de qualité : terre de jardin tamisée, terreau et sable à parts égales. On mélange bien et on remplit des godets dans lesquels on sème en poquet (groupe de trois graines). On les place à 1 cm de profondeur et on humidifie le tout en gardant dans un local chauffé (22°C) et lumineux. La levée prend six à dix jours. Si vous semez en pleine terre, à partir de mai, coiffez l’emplacement d’une cloche durant les nuits pour éviter que la germination ne prenne plus de dix à douze jours.

On éclaircit d’abord et on repique ensuite
Une fois la levée intervenue, le développement va vite. Dès que les plants portent deux vraies feuilles (en plus des cotylédons), vous en supprimez deux pour ne conserver que le plus fort du godet. Arrosez sans mouiller le plant mais juste pour garder le substrat frais. Maintenez le godet dans un local aéré mais autant chauffé (+18°C puis dans une véranda à +16°C). On l’endurcit ainsi progressivement et on évite que le plant file trop vite. Il faut de la lumière mais pas de soleil direct. Enfin, quand au jardin on ne craint plus de nuits trop froides, on peut planter en pleine terre.

Une terre vraiment riche et beaucoup de soleil
Comme toutes les courges, la Butternut demande une terre très fertile, c’est-à-dire riche en matières organiques. On aura donc apporté un bon compost maison mais le mieux est encore un fumier bien mûr. Evitez les matières trop riches en azote comme les tontes de gazon décomposées car vous aurez un fort développement de feuilles au détriment des fruits. Certains sèment directement sur le tas de compost et les courges apprécient. Mais on obtient de très belles courges avec une brouette de compost sur 20 m2. C’est déjà très bien. Ces apports de fumures doivent être effectués au plus tard un mois avant la plantation. Répartissez bien sur l’ensemble de la parcelle et enfouissez en ratissant. Reste que l’emplacement doit être très bien exposé. Il faut du soleil et de la chaleur pour que la croissance soit rapide et aussi vigoureuse que possible.

Pincer pour limiter le nombre de fruits
La Butternut fait partie de ces courges dites coureuses. Elle peut ainsi étirer ses longues tiges sur 3 à 4 m de long. Il est donc nécessaire de lui consacrer assez d’espace pour qu’elle puisse prendre ses aises. Généralement, on espace deux pieds de Butternut d’au moins 2 m. Evidemment, on peut limiter son expansion en pinçant ses longues tiges. Cette « taille » est surtout utile pour limiter le nombre de fleurs et donc de fruits. Mieux vaut en garder trois à quatre et pas davantage. Du coup, on rabat après la troisième ou quatrième feuille située derrière la fleur. Cela évite une dispersion de sève et favorise le développement de la courge.

Le paillis est très utile
Normalement, on met en place un paillis dès la plantation sur un sol propre. On étale de préférence une paille bien sèche ou des fougères. C’est à la fois léger et bien couvrant. Ce paillis permet de garder le sol frais plus longtemps après l’arrosage. C’est précieux surtout durant des étés secs et chauds. Les mauvaises herbes sont étouffées et du coup, ne viennent pas prendre de la fraîcheur du sol convoitée par les courges. Enfin, les fruits ne doivent pas rester au contact direct avec la terre car dès qu’il pleut, ils peuvent très vite se gâter. Un bon paillis leur permet de rester toujours au sec. A l’arrosage, dégagez-le du pied. Arrosez au goulot assez lentement pour que la terre puisse absorber. Ensuite, on remet le paillis en place.

Un arrosage copieux qu’on stoppe en fin d’été
On arrose régulièrement, quelle que soit la météo, pour éviter les à-coups de croissance. Si le temps est pluvieux, on arrose moins en volume qu’en cas de chaleurs et de sécheresse, mais on essaie de garder à peu près la même fréquence. Pour être précis, on compte environ 1 à 2 litres par arrosage et par pied un jour sur deux ou sur trois. On utilise une eau chambrée à température ambiante, c’est-à-dire qui est restée stockée dans une réserve d’eau. L’eau en sortie de robinet est toujours trop froide. En juin et juillet, on peut diluer un purin de consoude une semaine sur deux. Ce fertilisant, riche en potasse, favorise la formation de fruits. Evitez le purin d’ortie, très riche en azote, qui fortifiera le plant mais développera surtout les feuilles et ses tiges au détriment des fruits. Les courges ont besoin de cet arrosage régulier dès la plantation et jusqu’au milieu du mois d’août. Ensuite, on ralentit progressivement jusqu’à stopper début septembre car les fruits ont terminé leur développement. Il faut juste leur laisser le temps d’arriver à maturité en prenant toute leur saveur. Si vous continuez à arroser en fin d’été jusqu’à la récolte, vous obtiendrez de beaux fruits mais à la chair souvent insipide.

Récoltez au bon moment
Il faut attendre que les feuilles sèchent  et jaunissent pour s’apprêter à récolter. Il faut aussi que la couleur du fruit vire du beige rosé au beige orangé. Enfin, quand le pédoncule qui tient le fruit est bien sec, on peut cueillir. A l’aide d’un couteau, on coupe ce pédoncule au niveau de son attache sur la tige pour qu’il reste entier sur le fuit. Cela permettra à la Butternut de garder toute sa saveur durant plusieurs mois. Le plus souvent, la Butternut arrive à parfaite maturité en octobre (début ou fin de mois selon le climat et la météo de l’année). Mais il faut aussi savoir anticiper de une à deux semaines si on craint des pluies diluviennes au milieu de l’automne.
Normalement, un fruit affiche un diamètre de 10 à 12 cm, 14 à sa base, pour une longueur de 20 à 25 cm et un poids de 1,5 à 3 kg.

On la garde cinq à sept mois
Si le fruit est de qualité, et qu’on l’a bien récolté avec son pédoncule, on peut le conserver au moins cinq à six mois, parfois sept et même un peu plus, en gardant toutes ses qualités gustatives. Pour cela, il faut le poser sur une bonne couche de paille dans un local aéré où la température reste toujours constante entre 10°C et 12°C, maximum 15°C. Evitez d’entreposer les courges dans des caisses ou des cartons. Evitez aussi d’empiler les courges les unes sur les autres. Elles ne doivent pas se toucher.

Une saveur très appréciée
La Butternut mérite son surnom de Doubeurre car sa chair a une saveur qui tient de la noix de beurre légèrement sucrée avec une touche de muscade. On l’apprécie crue et râpée en entrée ou bien cuite à l’eau pour en faire un écrasé ou un gratin, ou encore sautée à la poêle et même en frites. Les plus gourmands en font des flans et des gâteaux. C’est sans doute la courge la plus appréciée des enfants. Et puis, faible en calories, cette courge est riche en vitamines C, B1, B6 et en magnésium. Elle a aussi des vertus anti-oxydantes.

Walter Brousse

 

Le noyer spontané

En ramassant les noix tombées au sol, regardez bien si l’arbre n’a pas fait quelques semis spontanés. Eh oui, le noyer en est capable ! La noix oubliée et enterrée par hasard peut fort bien germer au printemps. Du coup, on récupère un jeune pied qu’on peut glisser dans un pot avec un mélange terre de jardin et terreau. On le garde à l’abri du gel et du soleil direct. Au cours des trois mois les plus froids on le remise sous serre froide. Après deux ans, on pourra le planter en place définitive.

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