Camélias du Japon : ils sont moins fragiles qu’on le croit

Ni fragiles, ni capricieux, les camélias ont une réputation qu’il est temps de rectifier. Plantés dans des conditions qui leur conviennent, ils sont florifères, costauds et font toujours preuve d’une fort belle longévité.

Originaires d’Asie, plus précisément des littoraux de Chine, de Corée et bien sûr, du Japon, les camélias apprécient les climats océaniques chargés d’une forte humidité. Il est vrai que chez nous, on les retrouve en nombre sur toute la côte ouest de Bayonne à Dieppe. Mais on peut aussi planter des camélias dans le Centre, en Ile-de-France, voire dans l’est. Toutefois, avant même le climat, c’est bien la nature du sol qui est le critère essentiel.

Une vraie plante de terre de bruyère
Comme les rhododendrons et les érables, les camélias exigent un sol franchement acide, c’est-à-dire dont le pH est égal ou inférieur à 6. C’est le cas des terres de bruyère qu’on trouve dans les landes bretonnes et normandes. Il y a aussi des terres acides dans bien d’autres régions. En revanche, ce n’est pas forcément le cas sur tout le littoral atlantique, par exemple vendéen ou charentais.
Attention, si ce n’est pas le cas chez vous, ne croyez pas qu’il suffise d’apporter dans le trou de plantation de la terre de bruyère achetée dans une jardinerie. Elle va se diluer très vite dans le sol et le camélia peinera toujours. C’est efficace seulement pour les sujets cultivés en bac et pour lesquels on mélange terre végétale, terre de bruyère et terreau. N’utilisez jamais de la terre de bruyère seule car elle est beaucoup trop pauvre et filtrante. Elle ne retient pas l’eau d’arrosage.

Respectez les rythmes de croissance
C’est vrai, en comparaison à d’autres arbustes à fleurs, les camélias ont une croissance un peu lente. Et encore, sur une terre acide, fertile, à l’ombre légère et avec un hiver doux, ils peuvent pousser et surtout s’étoffer assez vite. En tout cas, ne cherchez pas à les bousculer en apportant des engrais. Respectez leur rythme. Certains ne dépassent pas 3 m et d’autres atteignent 6 à 8 m de haut. Et puis, dans l’ensemble, tous les camélias font preuve d’une très belle longévité. Ils survivent le plus souvent aux jardiniers qui les ont plantés.

Le choix de l’emplacement est important
On entend souvent dire que les camélias sont fragiles. C’est faux car lorsqu’ils sont plantés au bon endroit, ils ne posent aucun problème. Mais le bon endroit c’est où ? Si vous êtes dans une région où les étés sont chauds à caniculaires, c’est sous une ombre légère qui les protègera entre 12 et 18h de juin à août. Il faut éviter les soleils brûlants qui les grilleraient. Dans les régions aux étés plus doux, on peut les planter au soleil mais ils apprécieront toujours l’ombre portée de grands arbres caducs qui retrouvent leurs feuilles qu’au milieu du printemps. Et puis, le bon endroit, c’est à l’abri des vents trop forts qui pourraient condamner une floraison prometteuse.

On plante entre novembre et avril
C’est bien en hiver et au début du printemps, en dehors des périodes de gel, qu’on plante les camélias. Quand l’emplacement est choisi, on creuse un trou qui soit assez large (deux fois le diamètre de la motte) et surtout assez profond : un bon fer de bêche sur un massif déjà cultivé et deux fers sur un terrain en friche. Fouillez bien le fond du trou de plantation et attendez deux à trois semaines avant de mettre en place le jeune camélia. Assurez un bon drainage, au besoin avec un lit de gravier, et préparez un mélange à parts égales de terre de bruyère, terre de jardin et terreau. Ajustez la profondeur de plantation de façon à faire affleurer le haut de la motte au niveau du sol. Si le chevelu racinaire est assez dense, découpez le contenant en plastique pour sortir la motte sans arracher les racines et mettez à tremper dans une bassine d’eau quelques minutes. Une fois le sujet en place et le trou comblé, tassez au pied en formant une cuvette autour du tronc que vous remplissez d’eau. La terre va se tasser, vous devrez donc ajouter un peu de mélange terreux. Dans les semaines qui suivent, arrosez copieusement une fois par semaine (un arrosoir de 10 litres). Paillez avec des feuilles mortes, des fougères ou des aiguilles de pin qui acidifieront un peu le sol.

Méfiez-vous des satanés otiorhynques
Ces petits charançons sont une véritable plaie. Ils logent souvent dans les mottes des sujets vendus en jardinerie. C’est beaucoup plus rare sur des camélias vendus en pépinières spécialisées. L’otiorhynque est noctambule. Il sort la nuit et dévore les jeunes feuilles et parfois les racines superficielles de ces arbustes. La seule solution efficace est de les chasser à la nuit tombée à l’aide d’une lampe torche pour les récupérer, s’en saisir et les écraser. C »est simple mais au moins sans recours aux pesticides.

Un choix très large parmi les camélias du Japon
Le genre Camellia compte de nombreuses espèces mais au sein de la seule Camellia japonica on dispose déjà d’un choix très large. Il existe d’abord des coloris variés avec des fleurs d’un rouge feu coiffé d’un opulent bouquet d’étamines jaune d’or, mais aussi des fleurs d’un blanc pur ou d’un rose délicat. On trouve également une large palette de formes de fleurs avec des simples, doubles voire très doubles comme une pivoine ou sagement ordonnancé comme des anémones. Citons quelques coups de cœur ‘Jupiter’, arbuste de 3 à 4 m, très apprécié pour ses fleurs simples d’un rose soutenu tirant vite sur le rouge et un bouquet d’étamines jaune d’or. Elles s’épanouissent de février à avril sur un feuillage vert foncé presque brillant.
‘Marguerite Gouillon’ pousse assez vite mais se stabilise autour de 3 m. On aime ses fleurs d’un blanc strié de rose, plus ou moins doubles, épanouies de février à avril. Rustique, cette variété supporte des -20°C à l’abri du vent. La superbe ‘Nobilissima’ (ou ‘Surpasse Nobilissima’) est une ancienne variété du milieu du 19e siècle. Elle connaît un succès constant grâce à ses fleurs très doubles d’un blanc éclatant mises en valeur par un feuillage vert foncé et lustré. Particularité, ‘Nobilissima’ peut fleurir dès la fin novembre et se renouvelle jusqu’en mars. Elle résiste à -12°C, là encore si on est à l’abri du vent.
Sous une pluie de janvier, ‘Smellie Nellie’ garde une tenue exceptionnelle avec des fleurs aux pétales bicolores rehaussés par un très grand bouquet d’étamines. Petit plus, cette variété est parfumée.
‘Madame Picouline’ est une variété créée en Belgique au milieu du 19e siècle qui reste assez basse (1,50 m) et offre de nombreuses fleurs très doubles, péoniformes (à forme de pivoine), rouge cerise, dès le mois de janvier jusqu’en mars.

Jules Bara

Citronnier : pour qu’il passe l’hiver sans encombre

Sur le littoral méditerranéen, on cultive le citronnier en pleine terre. Ailleurs, on le cultive en bac mais il s’y prête très bien. Plus solide et rustique qu’on le croit, il mérite tout de même des soins. Mais attention : pas d’excès !

Le citronnier est l’agrume le plus facile à cultiver chez soi. Plus que le froid et même la neige, ce sont d’abord les chutes brutales de température qui sont à craindre. Le citronnier est capable de résister à -2°C voire encore un peu moins si c’est bref. Bien évidemment, on peut le protéger mais pas n’importe comment. Il arrive trop souvent que des mesures inadaptées empirent les choses.

Des mesures utiles
Certes, il faut protéger la partie aérienne de la plante, mais il est plus important de protéger la partie souterraine, c’est-à-dire les racines, surtout pour les sujets en bac plus exposés au froid, et surtout si le citronnier est dans un pot en terre cuite qui peut éclater sous l’effet du gel. Faites aussi une petite taille de nettoyage. Cela consiste à supprimer les branches qui se croisent et les rameaux en surnombre, pour laisser entrer un maximum de lumière. Retirez les fleurs, s’il y en a, surtout si l’hivernage a lieu sous véranda. Raccourcissez les rameaux trop longs pour maintenir un port arrondi. Enfin, chassez les cochenilles et araignées rouges qui pourraient s’y réfugier. Si les feuilles sont déjà couvertes de fumagine (dépôt noirâtre), nettoyez-les avec un chiffon d’eau un peu savonnée (savon de Marseille). Seulement en cas de forte attaque, vous pouvez pulvériser un insecticide naturel.

Les sujets en extérieur
Si votre citronnier en bac doit hiverner en extérieur, essayez de le placer contre la façade sud de la maison. Si possible rapprochez-le d’une baie vitrée afin qu’il profite un peu des déperditions de chaleur. Evitez le vent et les courants d’air. On peut l’en préserver à l’aide d’une vitre-écran. Paillez avec une couche épaisse directement sur la terre et faites-la remonter un peu autour du tronc. La partie aérienne peut être couverte d’un voile d’hivernage durant les jours les plus froids.
Attention, car c’est autant de temps que le citronnier passe sans lumière. Il faut donc le découvrir dès que la température remonte, même pour une seule journée. Cela permet aussi de lutter contre les parasites qui se développent vite en milieu clos.

Sous serre froide
Avant de rentrer le citronnier, lavez les parois du pot ou du bac et préparez le sujet comme nous venons de l’indiquer. Lavez aussi les vitres du local dans lequel vous l’abritez. Il faut une serre froide, ou véranda non chauffée, avec une température entre 6° et 12°C. Si la pièce est chauffée autour de 18°C , le cycle de l’arbre fruitier sera perturbé. Il va continuer de fleurir et donnera des fruits. Il sera donc privé d’un repos dont il a besoin et s’épuisera très vite. À défaut de serre froide assez grande, un sous-sol ou un garage peut convenir mais à la condition expresse qu’il y ait une fenêtre. Votre citronnier ne peut pas être privé de lumière. Dès que la météo le permet, ouvrez la porte pour aérer.

La diète est nécessaire
L’hiver, l’arbre est au repos. On n’arrose pas du tout les sujets en pleine terre. Pour les citronniers en bac rentrés sous serre, on réduit les arrosages à un par mois juste pour éviter un dessèchement de la terre. Surtout, n’arrosez jamais avant une vague de froid annoncée. Les racines sont sensibles, même en hiver.

François Willemin