Les arums

Voici une plante qui nous est familière et sur laquelle on se trompe souvent. Certaines idées préconçues sont à corriger si on veut cultiver cette solide vivace avec succès.

Il y a d’abord cette idée répandue, qu’il faut pourtant relativiser, sur le sol dont a réellement besoin l’arum. Il y a ensuite cette question sur la frilosité prétendue de la plante. On s’interroge encore sur la synonymie réelle ou fictive avec Calla dont l’aspect est identique à celui des arums. Enfin, il ne faut pas se tromper sur les origines de cette plante qui expliquent pour beaucoup certaines de ses aptitudes. Bref, même si les arums sont des plantes très présentent depuis longtemps dans la plupart de nos régions, il est nécessaire de rappeler quelques vérités à leur sujet.

Hélophyte ou amphiphyte
On qualifie souvent les arums de plantes semi-aquatiques, ce qui n’est franchement pas très précis. Pour les uns, il s’agit de plantes de berge (amphiphytes) et pour d’autres, elles peuvent avoir les pieds dans l’eau (hélophytes). En réalité, l’arum est une plante de berge qui a besoin d’un sol frais à humide et qui supporte très bien d’avoir quelques jours, voire semaines, les pieds immergés. Mais attention : cette plante a aussi besoin d’être sur un sol seulement frais (ni humide, ni inondé) durant deux à trois mois pour profiter d’une période de repos. C’est souvent au milieu de l’été. On peut également cultiver l’arum en bac avec des arrosages réguliers mais sans l’inonder. Enfin, après deux ou trois étés, l’arum peut vivre toute seule sans un seul arrosage dans l’année sur une terre de jardin normalement consistante et fertile.

Rustique jusqu’à -10° C
J’ai très souvent entendu que l’arum était assez frileuse et qu’elle souffrait dès -5° C. Or, pour l’avoir expérimenté, je peux affirmer qu’elle supporte très bien des minimales à -10° C. Mais dans mon jardin, elle est plantée en haut d’un petit talus et bénéficie d’un bon drainage. L’hiver, la terre est fraîche mais pas gorgée d’eau. Il est vrai que si le sol reste détrempé et qu’il gèle, la rusticité de l’arum sera beaucoup moindre. Et puis, comme toujours, la plante développe sa rusticité au fil des années. Une arum de 8 ans et plus sera beaucoup moins frileuse qu’un jeune sujet d’un ou deux ans.

Elle ne se propage pas
La plante communément appelée arum fait partie du genre botanique Zantedeschia. Celui-ci compte six espèces, les plus connues étant Z. aethiopica (essentiellement aux fleurs blanches mais parfois colorées), Z. rehmannii (blanc, rose, pourpre), Z. elliottiana (jaune d’or). Il existe par ailleurs une autre plante qui constitue à elle seule un genre spécifique appelé Calla qui compte une seule espèce palustris. Cette plante a elle aussi une inflorescence composée d’un spadice au cœur d’une grande spathe colorée mais elle ne dépasse pas 25 cm de haut alors que les Zantedeschia font entre 30 et 80 cm, voire 1 m. Et puis le rhizome de Calla trace dans la vase sous 5 cm d’eau et peut atteindre 50 cm de long. Ce n’est pas le cas des Zantedeschia. Mais l’utilisation du même nom vernaculaire, arum, pour les deux catégories de plantes laisse croire à certains, à tort, qu’il s’agit des mêmes plantes.

Elle n’est pas éthiopienne
La belle Z. aethiopica ne vient pas d’Ethiopie mais d’Afrique du Sud. On comprend mieux le comportement de cette plante moins fragile qu’on peut le craindre, même si son aspect est quelque peu exotique.

Catherine Larenaudie