Butternut : un succès largement mérité

On l’appelle Butternut ou Doubeurre. C’est l’une des courges préférées des français. D’origine américaine, elle s’est d’abord adaptée au climat méridional où la chaleur estivale lui convient bien. Puis, au fil du temps, on a appris à la cultiver au nord de la Loire avec des rendements intéressants.

Il ne faut pas démarrer le semis trop tôt
La Butternut est une courge un peu tardive. On compte environ 110 jours entre le semis et la récolte et celle-ci intervient en octobre, voire en novembre dans les régions douces et sans grosses pluies. Il est donc inutile de démarrer le semis trop tôt. C’est essentiel car il faut compter environ trois semaines entre le semis et la plantation en terre. C’est court et le sol doit être alors suffisamment réchauffé et surtout les nuits pas trop froides. La température ne doit pas être inférieure à +12°C. C’est la raison pour laquelle, dans certaines régions, on attend la fin du mois de mars pour planter fin avril et ailleurs on sème en avril pour planter seulement en mai.

Une levée rapide est un gage de succès
Plus la germination s’éternise et plus les risques sont grands d’obtenir des plants fragiles au développement incertain. Pour éviter ça et assurer un bon départ à la culture, on commence par préparer un mélange terreux de qualité : terre de jardin tamisée, terreau et sable à parts égales. On mélange bien et on remplit des godets dans lesquels on sème en poquet (groupe de trois graines). On les place à 1 cm de profondeur et on humidifie le tout en gardant dans un local chauffé (22°C) et lumineux. La levée prend six à dix jours. Si vous semez en pleine terre, à partir de mai, coiffez l’emplacement d’une cloche durant les nuits pour éviter que la germination ne prenne plus de dix à douze jours.

On éclaircit d’abord et on repique ensuite
Une fois la levée intervenue, le développement va vite. Dès que les plants portent deux vraies feuilles (en plus des cotylédons), vous en supprimez deux pour ne conserver que le plus fort du godet. Arrosez sans mouiller le plant mais juste pour garder le substrat frais. Maintenez le godet dans un local aéré mais autant chauffé (+18°C puis dans une véranda à +16°C). On l’endurcit ainsi progressivement et on évite que le plant file trop vite. Il faut de la lumière mais pas de soleil direct. Enfin, quand au jardin on ne craint plus de nuits trop froides, on peut planter en pleine terre.

Une terre vraiment riche et beaucoup de soleil
Comme toutes les courges, la Butternut demande une terre très fertile, c’est-à-dire riche en matières organiques. On aura donc apporté un bon compost maison mais le mieux est encore un fumier bien mûr. Evitez les matières trop riches en azote comme les tontes de gazon décomposées car vous aurez un fort développement de feuilles au détriment des fruits. Certains sèment directement sur le tas de compost et les courges apprécient. Mais on obtient de très belles courges avec une brouette de compost sur 20 m2. C’est déjà très bien. Ces apports de fumures doivent être effectués au plus tard un mois avant la plantation. Répartissez bien sur l’ensemble de la parcelle et enfouissez en ratissant. Reste que l’emplacement doit être très bien exposé. Il faut du soleil et de la chaleur pour que la croissance soit rapide et aussi vigoureuse que possible.

Pincer pour limiter le nombre de fruits
La Butternut fait partie de ces courges dites coureuses. Elle peut ainsi étirer ses longues tiges sur 3 à 4 m de long. Il est donc nécessaire de lui consacrer assez d’espace pour qu’elle puisse prendre ses aises. Généralement, on espace deux pieds de Butternut d’au moins 2 m. Evidemment, on peut limiter son expansion en pinçant ses longues tiges. Cette « taille » est surtout utile pour limiter le nombre de fleurs et donc de fruits. Mieux vaut en garder trois à quatre et pas davantage. Du coup, on rabat après la troisième ou quatrième feuille située derrière la fleur. Cela évite une dispersion de sève et favorise le développement de la courge.

Le paillis est très utile
Normalement, on met en place un paillis dès la plantation sur un sol propre. On étale de préférence une paille bien sèche ou des fougères. C’est à la fois léger et bien couvrant. Ce paillis permet de garder le sol frais plus longtemps après l’arrosage. C’est précieux surtout durant des étés secs et chauds. Les mauvaises herbes sont étouffées et du coup, ne viennent pas prendre de la fraîcheur du sol convoitée par les courges. Enfin, les fruits ne doivent pas rester au contact direct avec la terre car dès qu’il pleut, ils peuvent très vite se gâter. Un bon paillis leur permet de rester toujours au sec. A l’arrosage, dégagez-le du pied. Arrosez au goulot assez lentement pour que la terre puisse absorber. Ensuite, on remet le paillis en place.

Un arrosage copieux qu’on stoppe en fin d’été
On arrose régulièrement, quelle que soit la météo, pour éviter les à-coups de croissance. Si le temps est pluvieux, on arrose moins en volume qu’en cas de chaleurs et de sécheresse, mais on essaie de garder à peu près la même fréquence. Pour être précis, on compte environ 1 à 2 litres par arrosage et par pied un jour sur deux ou sur trois. On utilise une eau chambrée à température ambiante, c’est-à-dire qui est restée stockée dans une réserve d’eau. L’eau en sortie de robinet est toujours trop froide. En juin et juillet, on peut diluer un purin de consoude une semaine sur deux. Ce fertilisant, riche en potasse, favorise la formation de fruits. Evitez le purin d’ortie, très riche en azote, qui fortifiera le plant mais développera surtout les feuilles et ses tiges au détriment des fruits. Les courges ont besoin de cet arrosage régulier dès la plantation et jusqu’au milieu du mois d’août. Ensuite, on ralentit progressivement jusqu’à stopper début septembre car les fruits ont terminé leur développement. Il faut juste leur laisser le temps d’arriver à maturité en prenant toute leur saveur. Si vous continuez à arroser en fin d’été jusqu’à la récolte, vous obtiendrez de beaux fruits mais à la chair souvent insipide.

Récoltez au bon moment
Il faut attendre que les feuilles sèchent  et jaunissent pour s’apprêter à récolter. Il faut aussi que la couleur du fruit vire du beige rosé au beige orangé. Enfin, quand le pédoncule qui tient le fruit est bien sec, on peut cueillir. A l’aide d’un couteau, on coupe ce pédoncule au niveau de son attache sur la tige pour qu’il reste entier sur le fuit. Cela permettra à la Butternut de garder toute sa saveur durant plusieurs mois. Le plus souvent, la Butternut arrive à parfaite maturité en octobre (début ou fin de mois selon le climat et la météo de l’année). Mais il faut aussi savoir anticiper de une à deux semaines si on craint des pluies diluviennes au milieu de l’automne.
Normalement, un fruit affiche un diamètre de 10 à 12 cm, 14 à sa base, pour une longueur de 20 à 25 cm et un poids de 1,5 à 3 kg.

On la garde cinq à sept mois
Si le fruit est de qualité, et qu’on l’a bien récolté avec son pédoncule, on peut le conserver au moins cinq à six mois, parfois sept et même un peu plus, en gardant toutes ses qualités gustatives. Pour cela, il faut le poser sur une bonne couche de paille dans un local aéré où la température reste toujours constante entre 10°C et 12°C, maximum 15°C. Evitez d’entreposer les courges dans des caisses ou des cartons. Evitez aussi d’empiler les courges les unes sur les autres. Elles ne doivent pas se toucher.

Une saveur très appréciée
La Butternut mérite son surnom de Doubeurre car sa chair a une saveur qui tient de la noix de beurre légèrement sucrée avec une touche de muscade. On l’apprécie crue et râpée en entrée ou bien cuite à l’eau pour en faire un écrasé ou un gratin, ou encore sautée à la poêle et même en frites. Les plus gourmands en font des flans et des gâteaux. C’est sans doute la courge la plus appréciée des enfants. Et puis, faible en calories, cette courge est riche en vitamines C, B1, B6 et en magnésium. Elle a aussi des vertus anti-oxydantes.

Walter Brousse

 

Pâtisson : une courge à la saveur fine et délicate

Autrefois bien présent dans les jardins potagers, ce légume ancien a fini par tomber dans l’oubli avant d’être remis au goût du jour il y a quelques années. Sa culture est pourtant des plus faciles.

Courge d’été non coureuse
Originaire du Mexique où sa culture remonte à des temps très anciens, le pâtisson (Cucurbita pepo var. ovifer), encore appelé artichaut de Jérusalem ou bonnet d’évêque, fait partie, comme les courgettes, de l’espèce Cucurbita pepo qui se rattache à la famille des Cucurbitacées. Vigoureux, il forme une touffe dressée buissonnante de 40 cm de haut. Ses grandes feuilles velues et découpées sont portées par de fortes tiges. De grandes fleurs jaunes en cornet, de sexes séparés mais portés simultanément par le même pied, apparaissent du milieu de l’été jusqu’au début de l’automne. Les fleurs mâles donnent des fruits ronds et bombés dont les bords plats sont munis de curieuses excroissances un peu bosselées. Blancs, jaunes, oranges ou verts selon les variétés, ils peuvent atteindre 25 cm de diamètre et peser jusqu’à 2,5 kg. Pour récolter dès la fin juillet, semez fin avril sous serre ou dans la maison, en godets de 10 cm, ou en godets tourbe pour éviter le stress du repiquage.

Semer au chaud ou en place
Placez 3 ou 4 graines par godet après les avoir fait tremper dans l’eau 24 heures afin de favoriser la germination. Recouvrez de terreau. Gardez humide jusqu’à la levée qui se produit en 6 ou 8 jours à une température de 18 à 20°C. Conservez uniquement les plus beaux plants au chaud et à la lumière jusqu’à la mise en place. Vous pouvez aussi semer directement en pleine terre dès le 15 mai.

Sol riche et soleil
Comme toutes les cucurbitacées, les pâtissons sont très gourmands en matière organique et ils apprécient les sols riches et fertiles, surtout en début de culture. Apportez à la plantation 3 kg de fumier ou de compost et complétez par un engrais de fond bien dosé en potasse. Plantez les pâtissons au soleil à 1 m ou 1,20 m de distance en recouvrant la motte de 2 cm de terre fine. Dès la formation des fruits, complétez éventuellement par de l’engrais (type engrais à tomate, riche en bore et magnésie, qui favorise la fructification).

Arrosages fréquents
La végétation très active du pâtisson nécessite beaucoup d’eau, notamment lors des périodes de sécheresse. Arrosez tous les 2 à 3 jours selon le climat et la nature du sol à raison de 5 litres par m2. Ne mouillez pas le feuillage pour limiter les risques de maladies comme l’oïdium et n’utilisez pas une eau trop froide, ce qui entraîne la chute ou le pourrissement des fruits. Pour réduire les arrosages et maintenir la fraîcheur du sol, paillez-les avec de la paille, des paillettes de lin, de chanvre ou même du compost demi-mûr.

Un ou deux pieds suffisent
Même si le pâtisson est un légume prodigue, il est moins prolifique que la courgette. A la différence de celle-ci, il ne s’épuise pas et ce sont en fait les premières gelées d’automne qui mettent un terme à la récolte. De fin juillet ou début août jusqu’en octobre, vous pourrez récolter de 10 à 15 pâtissons par pied. Ne laissez pas les fruits devenir trop gros, leur peau deviendrait dure et la chair perdrait un peu de sa saveur typique d’artichaut. Cueillez-les dès qu’il font 15 cm de diamètre et entreposez-les au frais où ils se conserveront 2 à 3 semaines. En fin de saison, placez une tuile ou une pierre plate sous les fruits pour les protéger de l’humidité du sol.

Les meilleures variétés
Certaines variétés peu connues sont pourtant intéressantes. ‘Croc blanc’ donne des fruits assez petits mais très savoureux. ‘Disco’, qui est précoce, produit des fruits excellents qui peuvent être confits au vinaigre quand ils sont jeunes. ‘Polo’, un pâtisson hybride produit beaucoup de fleurs femelles et donc une quantité importante de fruits à la chair fine et au goût délicat. Parmi les variétés à fruits colorés, il faut citer ‘Orange’. Ses fruits orange vif très découpés comptent parmi les meilleurs sur le plan gustatif, tout comme ceux de ‘Sunburst’, un hybride à fruits jaunes. Il existe aussi des pâtissons verts, notamment ‘Gagat’ dont les fruits presque noirs sont délicieux ou ‘Maskacik’ dont la peau verte est mouchetée de blanc. Ils peuvent se récolter dès qu’ils font 7 cm de diamètre. ‘Patty green’ enfin, est un pâtisson aux fruits verts miniatures qui sont très bons confits ou consommés entiers. Les pâtissons panachés aux fruits striés de vert et de blanc ou de vert et de jaune, offrent des fruits à la chair ferme et goûteuse.

Stéphane Jourdain