Le premier vol du carpocapse

En avril, bon nombre de mouches et papillons parasites prennent leur premier envol. C’est le cas du carpocapse dont la femelle pond ses œufs dans les fleurs du pommier. Quand l’œuf s’ouvre, la larve est installée au cœur du fruit naissant et il est trop tard pour intervenir. En revanche, en piégeant le papillon mâle quand il vole, on l’empêche d’aller féconder la femelle. Du coup, pas de ponte et donc pas de ver dans le fruit quelques semaines plus tard.
Il suffit pour cela de suspendre dans le pommier un piège à phéromones capable d’attirer le papillon mâle et de l’empêcher de repartir en le gardant englué sur le carton. Attention, chaque parasite est sensible à certaines phéromones et pas d’autres. Prenez bien un piège contre le carpocapse. Un piège suffit pour protéger 2 ou 3 arbres.

Poser un piège à phéromones a plusieurs avantages

Voilà un geste pratique et vraiment simple à réaliser. Pourtant, on n’utilise pas suffisamment ces pièges qui ciblent les mâles et leur irrépressible pulsion

Il existe depuis plusieurs années mais il est trop peu utilisé. Pourtant, ce type de piège est écologique, facile à poser, efficace immédiatement et permet même d’identifier les parasites présents au jardin.

Les mâles sont piégés par un appât sexuel
Le principe de ce piège est hyper simple. Il consiste à attirer les insectes mâles en libérant une substance identique aux phéromones de leurs femelles. Les mâles succombant à leur irrésistible pulsion se ruent sur le piège et se font prendre. Résultat : en les capturant on empêche l’accouplement avec les insectes femelles et du même coup on bloque leur reproduction. C’est simple et ne nécessite aucun pesticide particulier.

Carpocapse, mineuse, teigne, piéride, mouches …
Ces pièges à phéromones sont avant tout utilisés au verger pour protéger toutes sortes d’arbres fruitiers. On bloque ainsi le papillon qui pond les larves appelées carpocapses. On vise aussi les mouches du prunier, du cerisier, du pêcher et de l’olivier. On peut aussi cibler le fameux papillon jaune pâle qui cause la teigne du poireau, la mouche de la carotte ou encore le taupin qui mine la pomme de terre. Normalement chaque insecte a ses propres phéromones mais un même piège avec une seule capsule peut attirer plusieurs types d’insectes différents. Les cibles visées sont identifiées sur les emballages des pièges.

Il faut les poser aux bons moments
L’idéal est de pouvoir piéger les parasites dès leur premier vol. Pour les arbres fruitiers, on pose les pièges à la fin de la floraison pour ne pas risquer de perturber la pollinisation mais pas plus tard. On commence donc en avril ou mai selon les cas. Au potager on pose aussi à partir de la mi-avril et on les garde en place jusqu’en juillet. Contre les noctuelles du chou on peut poser les pièges en juin. Dans les arbres fruitiers suspendez le piège à 1,50 m du sol et au potager à 60 cm du sol, juste au-dessus des cultures, au milieu d’un rang.

Le delta ou l’entonnoir
Le piège le plus utilisé dans les jardins d’amateurs est le modèle delta que nous vous présentons ici. Il est facile à déplier. Surtout portez des gants pour récupérer la capsule de phéromones logée dans un sachet et que vous devez déposer sur le piège englué. Il est efficace sur une trentaine de mètres (ce qui est déjà bien). Il existe aussi le piège à entonnoir. Il fonctionne de la même façon, avec le même type de capsule, mais l’insecte tombe dans l’eau de l’entonnoir au lieu de se coller à la glu du piège delta. Il serait plus puissant en attirant les insectes éloignés de plusieurs dizaines de mètres. La durée d’efficacité serait également un peu plus longue qu’avec un delta. En revanche, avec un entonnoir il est impossible d’identifier les prises, ni de les quantifier.

Le rôle d’alerte est très intéressant
Avec un piège delta on voit très bien quels sont les parasites pris et surtout leur nombre. Si on attrape seulement un ou deux papillons et quelques pucerons ailés il n’y a pas lieu de s’affoler. En revanche si les victimes sont plus nombreuses on peut se décider à traiter en adaptant la préparation à la cible (voir dans ce numéro les insecticides adaptés en p 44). Au final, on traite plus juste et seulement quand il faut en limitant au minimum les traitements uniquement préventifs.

Louis Vittu