Nigelles de Damas

Entre les vivaces ou au pied des rosiers, nichées dans une rocaille ou se dressant sur un talus, les nigelles apportent une fraîcheur et un charme particulier. Elles sont si faciles qu’il serait dommage de les oublier.

On les a toujours vues dans les jardins de notre enfance. Par la suite, on les a un peu oubliées alors qu’on les apprécie beaucoup pour leur fraîcheur. Est-ce parce qu’elles sont annuelles ?

De vraies annuelles
Les nigelles, de la famille des Renonculacées, font l’objet d’un genre botanique Nigella qui compte une vingtaine d’espèces. Certaines sont cultivées uniquement en Orient comme
N. sativa. D’autres se sont acclimatées à nos régions comme N. arvensis (la nigelle des champs) et N. damascena (la nigelle de Damas). Celles-ci sont de vraies annuelles, ce qui signifie que le développement de la plante, de la germination à sa mort, se déroule du printemps à l’automne de la même année. Pourtant, la nigelle se comporte presque comme une vivace.

Elle se ressème toute seule
Les premières pousses sortent de terre fin mars début avril. En juin, la floraison commence et se prolonge en juillet et août. En fanant, la fleur se métamorphose en une grosse capsule assez décorative qui abrite des dizaines de petites graines noires. Au fil des semaines, la capsule sèche puis libère les graines qui vont se glisser dans le sol. Une nouvelle levée spontanée se produit au printemps suivant et ainsi de suite chaque année. Il suffit souvent de faire une fois un semis directement en place pour voir durant une dizaine d’années les nigelles fleurir avec une constance digne d’une vivace. Si vous récupérez des graines, semez-les dès la fin de l’été. Sinon, conservez-les dans un bocal hermétique ou une enveloppe de papier sans humidité. Semez au plus tard en avril mais ne conservez pas plus longtemps ces graines.

Sur tous les types de sols
Les nigelles de Damas sont vraiment faciles. Compte tenu de leur taille modeste (souvent 20 à 40 cm), on les sème dans les rocailles ou sur un talus avec un sol pauvre, drainant, sec, caillouteux. Elles s’en arrangent très bien mais apprécient aussi une bonne terre de jardin au premier rang d’un massif. Acide, neutre, basique, peu importe. Si possible, semez à la volée au soleil ou sous un ombre légère aux heures les plus chaudes. A l’ombre, la floraison sera moins soutenues.

Gare aux limaces
Le feuillage dense mais très finement découpé donne à la plante un aspect presque fragile. De la même façon, les fleurs, simples ou doubles selon les variétés, sont d’une légèreté délicate. Mais qu’on ne s’y trompe pas : les nigelles sont des solides qui ne craignent ni maladie, ni parasite particulier. Il faut juste se méfier des limaces au printemps, qui se régalent des jeunes poussent. Mais dès le mois de mai, il n’y a plus grands risques.

Garder les capsules… ou pas
En ôtant les fleurs fanées (les capsules), on soutient la floraison jusqu’en fin d’été. Mais on ne peut plus espérer de semis spontanés. Il faudra alors semer. Mais c’est si facile : il suffit de jeter les graines à la volée !

Catherine Larenaudie

Rudbeckias : spectaculaires et increvables

Avec elles, l’effet est garanti tout au long de l’été. Il leur faut juste du soleil et un sol un peu frais. Mais attention : il existe un large choix de variétés au sein même d’une espèce. Certaines sont annuelles quand d’autres, la plupart, sont vivaces. Rustiques, solides, résistantes aux maladies, elles sont de croissance rapide. Prévoyez d’en planter en septembre.

Depuis quelques temps, ces grandes stars de l’été ont tendance à être un peu délaissées. Peut-être parce qu’on en trouve encore dan les jardins publics et qu’on les imagine mal dans nos massifs. Peut-être aussi parce ce qu’on les classe parmi les annuelles alors qu’une même espèce peut compter à la fois des annuelles et des vivaces. C’est dommage car ce genre botanique très riche mérite vraiment qu’on s’y intéresse davantage.

Une grande diversité d’une espèce à l’autre
Quand on parle de rudbeckias on pense d’abord à l’espèce Rudbeckia fulgida. Vivace, solide, ses tiges bien dressées de 70 cm de haut portent des fleurs simples, jaune d’or avec un disque central brun ou noir. ‘Goldstrum’ est sans doute la variété la plus répandue. De croissance rapide, elle fleurit dès le premier été suivant la plantation. On peut même diviser les touffes assez grosses après trois ou quatre ans. Avec l’espèce R. hirta on trouve de très grandes vivaces comme ‘Herbstonne’ qui dépasse 2 m de haut. Elles fleurissent plus tard (à partir d’août) mais plus longtemps en saison (jusqu’en novembre). Les fleurs ont de grands pétales jaune citron avec souvent un disque noir assez proéminent. Attention, plus le sol est riche et frais, plus la plante est grande et plus sa bonne tenue sera compromise. Les tiges trop longues et trop souples seront malmenées par le vent. R. hirta compte à la fois des vivace de 70 à 80 cm de haut comme ‘Chocolate Orange’, des bisannuelles comme ‘Becky’ et des annuelles de 50 cm comme la célèbre ‘Marmalade’.
Vérifiez bien la durée de vie de la variété que vous choisissez. Avec R. maxima et R. laciniata on sera vigilant sur la taille de variétés qui va de 80 cm à 2 m. Mais toutes donnent des fleurs caractéristiques du genre, c’est-à-dire d’un jaune vif avec un cœur noir. Citons encore le cas particulier de R. simulata plus souvent appelée Echinacea purpurea. La blanche ‘Alba’, la rose ‘Magnus’ ont des allures de rudbeckias mais des couleurs variées. De nouveaux cultivars apparaissent régulièrement sur le marché avec des tons saumon, rose, jaune, rouge. La croissance est sans doute plus lente que chez le autres rudbeckias mais une fois installées, elles sont tout autant florifères et solides.

Une terre très moyenne mais assez fraîche
Les rudbeckias vivaces ne sont pas exigeantes sur la qualité de la terre. Inutile de leur apporter des quantités de matières organiques. A la plantation, un compost sera appréciable mais pas par la suite. La terre peut très bien être moyenne, voire médiocre. En revanche, il faut qu’elle ne dessèche pas trop en plein été. C’est souvent la clé du succès. Evidemment, cela oblige à un arrosage au pied chaque semaine en cas de sécheresse prolongée. Sinon les plants peineront vite et la floraison sera plus faible. On gagne même à pailler au pied pour garder le sol frais plus longtemps. En plus, ça étouffe les mauvaises herbes qui, précisément, viennent concurrencer les rudbeckias. C’est vrai pour les sujets en plein terre et encore plus pour les rudbeckias cultivés en pot. J’en ai fait l’expérience en Ile-de-France, avec une grande potée dans laquelle le bouquet de rudbeckias ressurgit fidèlement depuis près de dix ans, sans engrais ni astuce particulière. Avec assez de soleil et un sol toujours un peu frais, les rudbeckias sont increvables.

Un entretien minimum
De juillet à octobre, on supprime régulièrement les fleurs fanées. C’est plus joli mais surtout ça favorise l’apparition  de nouveaux boutons floraux. En fin de saison, en novembre, on peut garder les tiges sur pied avec les dernières fleurs pour que les oiseaux puissent se régaler des graines. On peut aussi tout rabattre à 10 cm et jeter l’ensemble au broyeur. Ça fera un bon paillis à répandre avant l’hiver ailleurs au jardin. En effet, les rudbeckias ne demandent pas de terre fertile et sont bien assez rustiques pour supporter des -15° et même jusqu’à -25°C. Toute protection hivernale est donc inutile. D’autant que les hivers sont de moins en moins froids d’une année sur l’autre.

Planter en septembre
Si vous succombez à la vue de ces massifs spectaculaires de rudbeckias vivaces, et en sachant que cette culture est vraiment simple, attendez au moins septembre ou octobre pour planter (ou le printemps prochain). Ameublissez bien la terre pour que l’enracinement soit plus facile. Ajustez la profondeur de plantation de façon à faire affleurer le collet au niveau du sol. Arrosez au pied lentement avec une eau pas trop froide et conservez le sol propre. Le rudbeckia aura largement le temps de s’installer avant la fin de l’année et donc de passer l’hiver sans problème. Vous aurez une première floraison l’été suivant.
On peut associer différentes variétés (ou même espèces) de rudbeckias dans un même massif en comptant 3 à 4 plants au m² selon la hauteur de la variété. On peut aussi les marier à des dahlias, des hellénies, des asters qui fleurissent en fin d’été et automne et qui toutes aiment le soleil, l’air et un sol frais.

Jules Bara