Oligo-éléments : identifiez les carences

Chaque oligo-élément occupe une place spécifique dans le développement d’une plante. On les utilise généralement en faibles quantités mais ils n’en sont pas moins indispensables à la bonne santé de nos cultures, arbustes et rosiers.

En plus des éléments nutritifs majeurs que sont l’azote, le phosphore et le potassium, chaque plante doit trouver dans le sol d’autres éléments. Pour estimer les quantités nécessaires, il faut se rendre à l’échelle des grandes cultures et parler de besoins à l’hectare. Ainsi, pour les éléments nutritifs secondaires tels que le soufre, le calcium ou même le magnésium, on parle en kilogrammes par hectare. Toutefois, pour les oligo-éléments qui nous intéressent aujourd’hui, les quantités se mesurent en grammes par hectare. Pour nos plantes, l’absorption insuffisante de ces oligo-éléments provoque des troubles végétatifs qui sont appelés maladies de carences. Sans entrer dans des détails trop techniques, voire scientifiques, il est donc important de connaître les principaux oligo-éléments et leurs fonctions. Ainsi comprend-t-on mieux certaines faiblesses de nos cultures, notamment potagères. En identifiant le problème, on peut essayer de le résoudre.

Le fer
Il est absorbé par les racines sous forme d’ion ferreux. Bien qu’abondant dans le sol, l’absorption du fer par les racines est complexe car dans des conditions oxydantes, c’est-à-dire avec un sol alcalin au pH élevé, il disparaît et se transforme en oxyde ferrique, devenant alors inassimilable. Le fer est un composant essentiel de nombreuses enzymes. Son rôle est associé à la fixation d’azote de l’air par la symbiose entre légumineuses et rhizobium. Les plantes ont développé différentes stratégies pour absorber la quantité dont elles ont besoin, et qui sont disponibles dans les sols. Cependant, la carence induite en sol calcaire (alcalin) est fréquente et se caractérise par une forte chlorose. Cela se manifeste par un jaunissement allant jusqu’à la décoloration des feuilles les plus jeunes. On peut remédier à la chlorose ferrique par un apport au sol, ou par pulvérisation sur les feuilles, de produits à base de fer.

Le magnésium
Voilà un élément nutritif essentiel pour les plantes car il intervient dans de nombreux métabolismes. Il est vraiment indispensable à la formation de boutons floraux, notamment chez les rosiers.

Le manganèse
Lui, est absorbé par les racines sous forme de cation. Comme le fer, il est assez abondant dans le sol, mais son absorption devient difficile en conditions oxydantes ou de pH élevé car il se transforme alors en oxyde insoluble. Le manganèse est particulièrement actif concernant la synthèse de protéines et particulièrement de la chlorophylle. Il joue également un rôle important dans la dernière étape de la réduction du nitrate dans les feuilles. Certaines cultures, comme par exemple la betterave et la pomme de terre, en demandent beaucoup. Le manganèse se trouve dans la nature à l’état d’oxyde. Par ailleurs, de nombreux engrais, amendements, substrats et terreaux proposés en jardinerie sont enrichis en oligo-éléments dont le manganèse.

Le cuivre
Il est absorbé par les racines, également sous forme du cation Cu++. Il est assez absorbant dans le sol, mais il est fortement lié à la matière organique. Lui aussi est un composant essentiel de nombreuses enzymes qui concernent la synthèse de protéines, particulièrement de la chlorophylle. Notez que la stérilité du pollen est un effet de la carence en cuivre. Elle affecte la fécondation et le remplissage des épis chez les céréales à paille. C’est la maladie dite des « bouts blancs », qui se caractérise par des épis vides et des repousses après récolte. Le traitement consiste à épandre au sol du sulfate de cuivre à titre préventif, ou en traitement curatif à pulvériser sur les feuilles des spécialités à base de cuivre.

Le zinc
La plante absorbe le zinc sous forme du cation Zn++. Cet ion intervient dans la synthèse des protéines et de l’amidon. Il a un rôle spécifique dans le métabolisme de l’auxine, cette hormone responsable de l’élongation cellulaire. Le zinc protège aussi la plante des stress oxydants surtout en cas de forte lumière et de sécheresse.

Le bore
Il est essentiel au bon développement des légumes « racines », des dahlias, des iris et à la fructification des arbres fruitiers. Une carence en bore nécessite une amélioration du sol, avec des amendements complets, enrichis en oligo-éléments. En règle générale, on ne peut se procurer du bore séparément des autres oligo-éléments. Il est indispensable pour la production d’un pollen fertile. Peu mobile, il n’est pas aisément remobilisé à partir des feuilles vers les points de croissance. Les symptômes de carence apparaissent sur les jeunes pousses, les boutons ou les cœurs de certains végétaux (betterave, tournesol, chou-fleur, navet…). Attention car le bore peut devenir toxique au-delà d’une concentration à peine supérieure à celle jugée adéquate pour la plante. Les symptômes apparaissent par une nécrose qui commence par le bord extérieur des feuilles.

Le molybdène
Peu utilisé, ses fonctions sont spécifiques et importantes. Il est associé au métabolisme du fer et du phosphore. Il permet aussi de fixer l’azote de l’air.

Les « oligos » secondaires
Il existe aussi d’autres éléments dits « secondaires » car on les trouve en très faibles quantités. Mais ils ont tout de même des rôles très spécifiques et souvent indispensables, soit pour certaines espèces végétales, soit pour la chaîne alimentaire et les animaux. Attention car ils peuvent être toxiques au-dessus de certains seuils. C’est le cas notamment du cobalt, du nickel, de l’iode et du sélénium.

François Willemin