Pulmonaires

Très rustique, la pulmonaire se plaît aussi bien dans les régions froides de l’est et du centre que sur le grand ouest plus doux. On salue sa floraison précoce, mais on admire surtout ses feuilles aux taches parfois sublimes.

Dans les bois, l’espèce type est déjà surprenante avec ces taches claires qui viennent ponctuer les grandes feuilles vert foncé. Mais ce n’est rien en comparaison des variétés ornementales cultivées au jardin. Sur certaines variétés, on a l’impression que les feuilles ont été éclaboussées de peinture blanche encore toute fraîche. C’est lumineux et vraiment spectaculaire.

Un genre beaucoup plus riche qu’on l’imagine
Pour un bon nombre d’entre nous, la pulmonaire est cette petite vivace téméraire qui surgit des tapis de feuilles mortes en fin d’hiver et fleurit très tôt en saison. Mais qui imagine que ce genre botanique Pulmonaria rassemble une quinzaine d’espèces et de nombreuses variétés propres à séduire les collectionneurs. L’espèce type, P. officinalis, ressemble à la consoude. Elle pousse au pied des arbres et atteint 40 cm de haut. C’est la pulmonaire sauvage. Pour les variétés horticoles avec seulement deux espèces, on a déjà un choix vraiment très large.

Les belles « saupoudrées »
L’espèce P. saccharata, appelée communément la pulmonaire saupoudrée est sans doute la plus importante. Citons ‘Mrs Moon’ aux feuilles éclaboussées de blanc pur. ‘Blue Moon’ a des boutons rose qui virent au violet. ‘Sissinghurst’ a des fleurs blanches. ‘Leopard’ a des feuilles aux taches larges et régulières. On aime ‘Silverado’ pour ses feuilles gris argent. Toutes font entre 20 et 40 cm de haut et s’étalent sur 40 à 70 cm.

Les longues feuilles
Et puis, comme son nom le signale, P. longifolia (synonyme angustifolia) compte des variétés à feuilles plus étroites mais souvent plus longues. Elles atteignent dans certains cas 50 à 60 cm de long ! C’est le cas parfois avec ‘Diane Clare’ aux feuilles argent, ‘Azurea’ aux fleurs d’un bleu dur ou encore ‘Bertram Anderson’ aux feuilles joliment tachées. Ces longues pulmonaires sont persistantes, sauf lorsque l’hiver est très rigoureux, et sont moins sensibles que les P. saccharata aux manques d’eau. Mais elles ont les mêmes besoins.

Plantez au pied des arbres
En effet, toutes les pulmonaires demandent un sol humifère qui reste frais même en plein été. Si les chaleurs sont trop fortes, le risque d’oïdium est élevé. Du coup, l’ombre est obligatoire. Le sol peut être acide ou neutre, drainant ou lourd, argileux mais pas gorgé d’eau l’hiver. L’idéal est de planter au pied des arbres ou d’une haie sans avoir à craindre leurs racines.

On sème ou on divise
Cette vivace, très rustique, fait facilement des semis spontanés. Il faut juste que les graines aient connu au moins un été chaud et un hiver assez vrai pour pouvoir germer. C’est plus prudent d’acheter des graines pour être certain de semer la variété voulue. Les hybridations sont possibles. Mais si vous le pouvez, divisez une plante déjà bien établie. La plumonaire est une rhizomateuse à souche épaisse qui se développe en formant des petites rosettes de feuilles périphériques. La reprise dans les conditions rappelées ici, est très rapide.

Walter Brousse

Solanum

Sa floraison est généreuse et dure sept à huit mois par an. Volubile, elle a besoin d’un support. Mais attention : on lui reproche d’être envahissante, de gêner les plantes voisines, d’être frileuse. Distinguons le vrai du faux.

Voilà une belle grimpante, très florifère et qui, dans certaines circonstances, fait preuve d’une solide résistance. Chaque année, j’admire sa floraison généreuse et forcément, j’en ai planté trois pieds au jardin. Pourtant, deux de mes amies, expérimentées, ont émis de grandes réserves à l’encontre du solanum.

Des racines partout et un grand développement
Martine est catégorique : « C’est presque une peste. Oui, c’est vrai, c’est joli » reconnait-elle, « mais ça fait des racines partout dans tous les sens. Toutes les plantes situées autour d’elle en souffrent. » Non seulement le bloc racinaire situé au pied de la plante est dense, mais plusieurs tiges souterraines courent en émettant des rejets un peu partout dans le massif. A écouter Martine, ça prolifère au point de gêner des vivaces voisines (heuchères, campanules, géraniums) et même des rosiers. Second reproche, ce faux jasmin a un trop grand développement. C’est vrai, cette grimpante émet de longues tiges avec un feuillage exubérant. Mais là encore, elle peut vite gêner une clématite que vous auriez plantée à proximité ou sur le même support. Elle peut couvrir un rosier et le priver de soleil et d’air. Bref, ce n’est pas une plante compagne facile. Il est donc plus prudent de bien choisir son emplacement.

Une grimpante volubile sans vrille ni crampon
Communément appelée morelle faux jasmin, cette grimpante est un Solanum jasminoïdes (synonyme de Solanum laxum). Selon les conditions et surtout le climat, elle atteint 3 à 10 m de haut pour 2 à 6 m de large. Sa croissance est le plus souvent ultra rapide. En deux ou trois ans, elle peut atteindre sa taille adulte. C’est une véritable plante volubile car n’ayant ni crampon (comme le lierre ou la bignone), ni vrille (comme la clématite), ce sont ses tiges qu’elle enroule autour du support. Pour y parvenir, les tiges sont capables de s’allonger démesurément pour aller attraper un rameau ou un grillage sur lequel s’appuyer. Mais il lui faut un support. A défaut, elle formera un buisson informe et s’étouffera elle-même assez vite.

Plus rustique qu’on le pense
On a longtemps considéré ce solanum comme une grimpante frileuse adaptée aux jardins de bord de mer. C’est à la fois faux et vrai. Faux parce que la plante est plus rustique qu’on le pense. Sa partie aérienne souffre à partir de – 5 °C et il suffit de la rabattre en mars pour qu’elle reparte de plus belle. Ce n’est qu’à – 10 °C que la motte est menacée. Mais il est vrai qu’elle adore la douceur des climats océaniques et méditerranéen. Elle encaisse sans broncher les embruns et les vents marins. Néanmoins, on peut fort bien la planter ailleurs, hormis les régions aux hivers froids où on devra la cultiver en bac.

6 à 8 mois de floraison
L’espèce type donne des fleurs en forme d’étoile, d’un joli bleu-mauve assez pâle. Elles sont regroupées en cymes, sortes de grappes généreuses. Mais il existe des variétés aux fleurs d’un blanc pur et aux feuilles vert foncé comme ‘Album’ ou encore ‘Aureovariegatum’ avec un feuillage panaché. Pour la plupart, la floraison commence en mai. Elle est très forte en plein été, faiblit en octobre et s’achève en novembre. En bord de mer, elle peut se prolonger sporadiquement jusqu’en décembre.

Tous types de sols légers
Enfin, ce solanum s’adapte à peu près partout, même sur des terrains un peu calcaires. Mais sa préférence va tout de même sur des sols neutres à acides. Il faut éviter les terres lourdes, argileuses qui sont humides en hiver. La plante résistera moins bien au froid. A l’inverse, sur des terres filtrantes, on peut apporter un peu de compost pour donner au sol la consistance qui lui manque. Toutefois, ne cherchez pas à fertiliser la terre, et encore moins à utiliser des engrais. Cette grimpante est bien assez vigoureuse pour avoir besoin d’aide. Il lui faut du soleil, de l’air et un bon support pour donner le meilleur.

Au départ, il faut arroser
Plantez entre début mars et mi-mai, le plus tôt est le mieux, mais hors gel. On doit arroser au pied les deux premières années, du printemps à l’automne. Un arrosage copieux par semaine en plein été.

Jules Bara

Comment bien hiverner les différentes plantes aquatiques

Plantes flottantes ou émergées, plantes immergées, mais aussi plantes des berges, toutes sont des aquatiques qui méritent notre attention en hiver. Vous nous interrogez sur ce qu’il faut faire : voici nos réponses.

Faut-il protéger les nénuphars du bassin ?
Les nénuphars sont, dans leur grande majorité, assez rustiques pour supporter des grands froids. Dans les étangs, ils ont le réflexe de plonger profondément leurs rhizomes pour les protéger du gel. Dans un bassin de jardin, faites la même chose : les paniers dans lesquels vous cultivez les nénuphars doivent être descendus de leurs plots et déposés au fond du bassin. Ils seront alors beaucoup moins exposés. En effet, quand il gèle en surface, la couche de glace atteint rarement 5 cm d’épaisseur. Et, très logiquement, plus le volume d’eau séparant la souche du nénuphar de la glace est important, mieux c’est pour la plante. C’est vrai aussi pour des iris d’eau (Iris ensata), les aponogetons et les acorus. Enfin, les jeunes plants de trois ans et moins sont forcément plus sensibles au grand froid que les plants installés depuis plus longtemps. Soyez plus vigilant.

Comment mettre à l’abri les plantes exotiques ?
Il faut prendre la même mesure que pour les autres plantes du jardin : les rentrer tout simplement à l’abri du gel. Cela signifie qu’il faut les sortir du bassin de jardin extérieur pour les replonger aussitôt dans une grande bassine d’eau entreposée sous serre froide ou véranda. L’eau n’est pas chauffée. Elle est juste à température ambiante. La température du local peut varier autour de 10°C. Ce sera suffisant pour la plupart des aquatiques frileuses. Mais il faut aussi un espace où la lumière soit suffisante. C’est vrai pour les plantes flottantes comme une jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) ou les laitues d’eau (Pistia stratiotes) toutes deux souffrant dès que la température fraîchit, et même bien avant qu’il ne gèle. C’est vrai également pour les plantes aquatiques cultivées en pot comme les papyrus.

Quelles sont les principales erreurs à éviter avec les poissons ?
De nombreuses personnes commettent l’erreur de casser la glace quand il gèle. Certes, il faut éviter que l’ensemble de la surface du bassin soit gelée. Mais en cassant la couche de glace, vous causez une onde de choc qui va perturber très sérieusement les poissons en dormance au fond du bassin. Le mieux est de faire fondre la glace en douceur en posant dessus une bouilloire pleine d’eau chaude. On peut aussi laisser flotter un petit fagot de branches, voire un ballon en plastique, autour duquel la glace a plus de mal à prendre. La seconde erreur, heureusement moins fréquente, consisterait à donner à manger aux poissons. Ils ne s’alimentent pas en plein hiver. Ils se posent au fond et dorment plusieurs semaines à plusieurs mois d’affilée. Il ne faut surtout pas les déranger, même au prétexte de les aider.

Les feuilles mortes représentent-elles un vrai danger ?
Oui et c’est toujours assez difficile à admettre car des feuilles mortes semblent tout à fait anodines. Pourtant, dans l’eau, elles se décomposent et pourrissent vite avec deux inconvénients majeurs : elles pompent beaucoup d’oxygène de l’eau et elles émettent un gaz polluant l’équilibre du microcosme que représente un bassin de jardin. Il est donc vraiment utile de chasser les feuilles mortes. Sur les petites surfaces, égales ou inférieures à 15 m2, on peut assez facilement tendre un filet au-dessus de l’eau. En revanche, si le bassin est plus grand, il faut tout simplement éviter que les feuilles arrivent dessus. A vous de balayer régulièrement la pelouse qui ceinture la pièce d’eau. C’est vrai aussi pour les aiguilles et pommes de pin, les brindilles et bois divers qui peuvent tomber après un bon coup de vent.

Pourquoi faut-il supprimer des plantes oxygénantes ?
Il ne faut surtout pas les supprimer totalement mais seulement les éclaircir. C’est en tout cas le bon moment. On fait ça en fin d’automne lorsqu’on range à l’abri les plus frileuses, ou en début d’hiver quand on nettoie les abords du bassin et donc la surface de l’eau. La pesse d’eau (Hippuris vulgaris) a tendance à coloniser la surface libre en peu de temps. Mais il faut aussi se méfier des autres plantes aquatiques qui prolifèrent. Par exemple, les nymphéas sont très vigoureux. En quelques années, ils peuvent couvrir la totalité d’une pièce d’eau même assez grande. Or, il faut laisser au moins la moitié de la surface à l’air libre. On surveille aussi les lotus, les massettes (Typha latifolia), certains iris. Les presles et les menthes galopent également au point de devenir envahissantes. Un manque d’aération et de lumière cause toujours des problèmes.

Les plantes de berge risquent-elles moins que les aquatiques ?
Non bien sûr. C’est fonction de la rusticité naturelle de chaque plante. Par exemple, les énormes gunneras, plantes de berge par excellence, ont besoin d’être installées sur un sol toujours frais, voire humide. Mais elles sont frileuses. Il est donc indispensable de les protéger dès que la température s’approche de 0°C. Une couche épaisse de paille bien sèche est nécessaire. A l’inverse, des astilbes sont bien assez rustiques pour se dispenser de protection. C’est même vrai des arums (Zantedeschia) pourtant réputées plus ou moins rustiques. Sur les bords de Charente ou encore sur les bords de Loire où le gel fait tomber le thermomètre chaque année au moins à – 4°C, les gros bouquets d’arums n’ont besoin d’aucune couverture. C’est vrai encore des iris des marais, des joncs classiques et des joncs en spirales (Juncus effusus spiralis).

Louis Vittu

L’agave américaine

On est toujours un peu surpris de voir ces grandes agaves sur le littoral atlantique. On l’est encore plus quand elles s’installent en Manche jusque sur les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey. Et on est franchement étonné de les voir dans l’Orléannais.

Une rusticité beaucoup plus forte qu’on l’imagine
Il est vrai que cette grande agave, originaire du Mexique, s’est totalement intégrée au paysage méditerranéen, au point de l’associer aux plantes indigènes de ces régions. Elle y pousse et s’y développe toute seule, appréciant les longs étés chauds et secs, souvent caniculaires. Mais elle tolère bien les hivers froids avec des minimales jusqu’à -10° C. En réalité, et comme toujours, si le sol est consistant, franc, le gel ne doit pas excéder -5° C, mais si le sol est rocailleux, drainant, voire filtrant, la température peut tomber à -10° C une nuit ou deux. Et si des feuilles ont gelé, il suffit de les rabattre pour rendre au plant un bel aspect.

L’humidité de l’air n’est pas un problème
A la différence d’autres agaves plus fragiles, cette espèce (Agave americana) ne craint même pas l’humidité de nos climats océaniques. Des pluies fréquentes et brèves, le crachin breton, la bruine, la brume sont très bien vécus. L’humidité de nos automnes et de certains printemps ne posent pas de problèmes. Mais c’est du côté du sol qu’il faut être attentif.

Des sols calcaires ou acides mais toujours drainants
En effet, spontanément, l’agave va se loger sur les parois des falaises en parvenant à s’accrocher entre deux rochers. Il faut donc non seulement une terre légère, voire sableuse, en tout cas très drainante, mais si possible une pente pour être certain que l’eau ruisselle systématiquement . Le sol peut être calcaire, neutre ou acide, peu importe.

Elle fleurit une seule fois
Monocarpique, cette grande agave américaine fleurit une seule fois puis meurt. Mais rassurez-vous : la croissance est lente et la floraison intervient au plus tôt à dix ans, le plus souvent entre quinze et vingt-cinq ans, parfois davantage. L’épi floral, haut de 6 à 8 m, est impressionnant. Lorsqu’il fane, la plante sèche et s’éteint en ayant auparavant développé des rejets solides autour de sa rosette de grandes feuilles.

On plante au printemps
On peut les récupérer et les transplanter ailleurs, au soleil. L’idéal est de le faire au milieu du printemps. Prélevez un rejet, laissez-le sécher au soleil durant une journée pour cicatriser la plaie et replantez-le au soleil ou sous une ombre légère. On peut même tenter une culture en bac avec un mélange équilibré (1/3 de terre du jardin, 1/3 de terreau et 1/3 de sable de rivière). La pousse sera encore plus lente qu’en pleine terre.

Des alternatives possibles
Il existe plusieurs autres espèces d’agaves. Parmi les plus rustiques, A. montana pousse spontanément jusqu’à 3 000 m d’altitude au Mexique. La neige et des minimales à -12° C ne lui font pas peur.
Plus petite, avec une rosette de feuilles dense et compacte, A. parryi supporte bien -15° C ainsi que l’une de ses sous-espèces neomexicana.
A. utahensis serait même la plus rustique (-20 °C ) mais sur sols arides et sans humidité.

Catherine Larenaudie

Planter une vigne sans raisin

Ce n’est pas une vigne-vierge et c’est bien une vigne qui ne donne pas de raisin. En revanche, la qualité de ses feuilles et sa vigueur en font une excellente grimpante ornementale.

Elle est rare en France alors qu’elle est toute à fait adaptée à nos régions. C’est sans doute parce que nous avons du mal, nous Français, à concevoir qu’une vigne ne puisse pas donner de raisin et donc de vin. Mais je vous rassure : le jardinier y trouve d’autres motifs de satisfaction.

Un feuillage spectaculaire surtout en automne
Le premier atout de cette vigne ornementale est son feuillage opulent composé de très grandes feuilles de 30 à 40 cm de long. On est toujours surpris la première fois qu’on découvre cette plante. Ces feuilles caduques, en forme de coeur, sont cuivre au printemps, d’un vert tendre à franc en été et virent sur des jaunes lumineux et des rouges écarlates en octobre et novembre. Sous un beau soleil d’automne, les teintes sont très spectaculaires.

Elle aime bien les sols secs
Comme ses soeurs fructifères, cette vigne s’adapte sur des sols neutres à basiques, moyens à pauvres, secs et même calcaires. En tout cas, la terre doit être légère et drainante. Un excès d’humidité ne sera pas toléré. Il ne faut pas, non plus, une terre trop riche. Ne la dorlotez pas avec des apports réguliers et trop copieux de compost. Non seulement c’est inutile, mais plus la terre est fertile et moins les feuilles en automne seront vives et colorées. Bref, elle va bien sur des sols naturellement difficiles, ce qui constitue une seconde bonne raison de la choisir.

Elle grimpe vite jusqu’à 10 mètres de haut
Le troisième atout appréciable est sa grande vigueur. Un peu comme une glycine ou une bignone, cette vigne ornementale va grimper jusqu’à 8 à 10 m de haut en s’étalant sur 3 à 4 m de large. Et avec un tel feuillage, elle est toujours très couvrante. Mieux, elle est de croissance rapide. En trois ans, elle aura déjà fière allure alors qu’il faut souvent patienter au moins le double avec la plupart des autres grimpantes de sa catégorie.
Mais attention : elle est munie de vrilles et pas de ventouses comme une vigne-vierge, ni de crampons comme un lierre ou une bignone. Elle ne grimpe pas sur un mur mais sur un support sur lequel ses vrilles peuvent s’enrouler (treillage, grillage, arche, arceau, cable, fer, tige, vieil arbre…).

Une taille très facile
La taille est simple puisque cette vigne ne donne pas de raisin. Certes, elle fleurit tout de même en mai. Cependant, ses fleurs d’un blanc verdâtre, en grappes, sont insignifiantes et donnent des petits fruits non comestibles, noirs en automne, d’un diamètre inférieur à 1 cm et sans intérêt. Attention car en tombant, ils peuvent tacher le sol d’une terrasse.
Du coup, on taille juste pour contenir le développement de la plante. En février ou mars, on rabat les tiges secondaires au-dessus d’un oeil et en juillet, on peut raccourcir les tiges qui s’étirent trop loin. Le travail est simple et sans risque.

Un choix parmi plusieurs cultivars
Nous avons décrit ici l’espèce type, Vitis coignetiae. Elle est originaire du Japon et a été introduite en France par le couple lyonnais Coignet en 1875. Mais il existe aujourd’hui quelques cultivars.
Le plus connu est sans doute ‘Claret Cloak’ avec des jeunes pousses pourpre foncé, qui monte à 6 m seulement.
Plus vigoureux, ‘Sunningdale’ monte à 10 m et devient écarlate fin octobre. ‘Pulliat’, 6 à 8 m de haut, d’un beau vert franc en été, est aussi flamboyant en octobre, surtout si le sol est sec.
Tous sont à planter entre février et avril (hors période de gel) ou en octobre. En régions froides, c’est mieux en hiver. Faites un trou de 50 x 50 et enterrez de 2 cm le dessus de la motte en laissant bien le point de greffe hors sol.

Catherine Larenaudie

Salvia microphylla

L’espèce type souvent appelée Salvia grahamii est très répandue. En revanche, on connait moins les cultivars qui en sont issus. Or, ils sont eux aussi très florifères, résistants, assez rustiques et parfois libèrent des parfums étonnants. Il suffit de les effleurer ou d’une petite brise pour profiter de ces fragrances de rose, d’agrume, de fruits ou de menthe.

Les sauges constituent un seul genre botanique mais sont regroupées sur plus de 900 espèces et comptent des milliers de variétés. Elles forment à elles seules tout un monde capable de faire tourner la tête des passionnés. Mais je vous rassure, sans prétendre embrasser un éventail aussi large, nous pouvons déjà combler les collectionneurs avec une seule espèce, Salvia microphylla, riche de nombreux cultivars très intéressants.

Une rusticité plus forte qu’on le pense
Les sauges de cette espèce sont des vivaces arbustives qui ont la réputation d’être relativement frileuses. Il est vrai qu’elles adorent les étés longs et chauds et la douceur des bords de mer. On les retrouve dans les régions méditerranéennes et sur tout le littoral atlantique. Pour autant, Salvia microphylla tolère des froids jusqu’à -8° C, ce qui n’est déjà pas si mal. Au-delà, il suffit de mettre en place un bon paillage pour protéger le plant. Mais attention, comme toujours, deux facteurs peuvent aggraver la situation. Evitez de les exposer aux vents du Nord et de l’Est qui font vite tomber la température de quelques degrés supplémentaires. Par ailleurs, une plante dans un sol lourd, compact, mal drainé, sera beaucoup plus exposée au froid que si elle est dans une terre légère, drainante et sans excès d’humidité. Du coup, plantée au bon endroit, cette sauge peut encaisser sans difficulté des minimales de -10° C et même inférieures. On peut donc planter ces sauges dans la plupart des régions de France.

Une floraison généreuse qui dure plus de sept mois
L’intérêt majeur de ces sauges à petites fleurs (S. microphylla) est la qualité des floraisons. Les variétés sont toutes très florifères. Elles développent des fleurs caractéristiques des sauges, c’est-à-dire tubulaires et composées de cinq pétales soudés avec une forme de bec très typique. La lèvre inférieure est souvent très large et permet aux insectes pollinisateurs de s’y poser avant de progresser vers le nectar. Second atout, la floraison commence en mai, parfois un peu plus tôt dans les régions méridionales. La sauge devient un énorme bouquet de fleurs en plein été, puis garde une floraison soutenue jusqu’en octobre, et parois même novembre. Bref, ces sauges sont en fleurs durant plus de sept mois d’affilée. Mais attention : s’il est inutile d’apporter de l’engrais pour la doper, il faut parfois adapter l’arrosage.

Elle supporte la sécheresse mais on peut arroser
Comme pour toutes les vivaces, on doit arroser à la plantation et surtout les deux premiers étés qui suivent. C’est même indispensable puisque vous devez installer ces sauges à petites fleurs au soleil. Il est vrai qu’elles acceptent l’ombre légère mais plus elles sont ensoleillées et plus elles fleurissent, mais plus elles ont chaud. A partir de la troisième année, il n’est plus nécessaire de les arroser, même si l’été est très chaud. Avec leurs petites feuilles, elles sont bâties pour affronter de très longues sécheresses. Cependant, si vous les arrosez un peu au pied, elles fleuriront beaucoup plus. Dans l’ouest, le climat est sec l’été mais avec une humidité dans l’air et des petites pluies brèves qui leur conviennent très bien.

Il faut une taille franche
Mais pour que ces sauges fleurissent, il faut aussi oser les tailler. On peut dire oser car il ne faut pas hésiter à rabattre toute la plante au moins de moitié, voire aux deux-tiers. On peut même tailler toutes les tiges à 20 cm du sol, surtout pour les herbacées. On intervient soit en novembre ou décembre dans les régions douces, soit en mars dans les régions froides. Eclaircissez aussi le cœur de la sauge. Si vous ne taillez pas, ou trop légèrement, la sauge va vite manquer d’air et péricliter.

De la classique grahamii à la flamboyante Hot-Lips
Salvia microphylla, l’espèce type, est également connue sous le nom de S. grahamii. Elle est originaire du Mexique mais pousse spontanément sur le pourtour méditerranéen. C’est cette sauge aux petites fleurs rouge vermillon, florifère, classique, qui forme des buissons de 80 cm à 1 m de haut et au moins autant de large. Elle est classée dans le top 10 des sauges les plus résistantes à la sécheresse et des plus rustiques. Elle est vraiment très tolérante et facile à cultiver un peu partout. Cette sauge s’hybridant facilement, des obtenteurs ont vite développé de nombreux cultivars. Nous avons été séduits par ‘Hot-Lips’ dont les fleurs sont bicolores, rouge vermillon et blanc. Mais attention, cela varie selon la température. Cette sauge est surtout rouge au printemps et devient bicolore en été. Nous aimons encore ‘Alba’ blanc, ‘Blush Pink’ rose, ‘Cerro Potosi’ magenta, ‘Ribambelle’ rose et peut-être plus encore ‘Stormy Pink’ d’un rose très frais même en novembre. Mais il suffit de consulter les catalogues de pépiniéristes spécialisés pour découvrir la diversité des fleurs dans cette seule espèce.

Achetez et plantez bien
Il est toujours plus prudent d’acheter ses plantes chez un pépiniériste, et peut-être plus encore pour les sauges. Grattez une tige pour voir si elle est bien verte sous l’écorce ou si le bois est mort. Evitez un sujet dégarni à sa base. Vérifiez l’état de la motte et ne prenez pas un chignon racinaire trop dense. A la plantation, creusez un trou au moins trois à quatre fois plus grand que la motte. Le sol peut être acide, neutre ou calcaire mais il doit surtout être drainant. Finissez en arrosant.

Walter Brousse

Abutilon du grand fleuve

Pour beaucoup, l’abutilon est cet arbuste de serre froide ou de véranda qu’on sort dans les massifs des jardins publics l’été. C’est sans compter sur cette espèce originale, plus rustique qu’on le pense et très décorative.

C’est à coup sûr une touche exotique au jardin. Cet abutilon n’est pas comme les autres espèces du même genre. Son style est particulier et surtout ses fleurs sont toujours très appréciées.

Il est rustique malgré ses origines subtropicales
Cette espèce aussi originale est A. megapotamicum, ce qui signifie l’abutilon du grand fleuve. Originaire du Brésil et des régions subtropicales d’Amérique du Sud, le grand fleuve serait sans doute Rio Grande. Quoi qu’il en soit, A. megapotamicum s’est adapté à nos climats. Son feuillage reste persistant jusqu’à -2° à -3°, devient semi-persistant jusqu’à -5°C et disparait si le froid s’intensifie. A partir de -8°C il faut pailler sérieusement au pied. Cela laisse tout de même de la marge, même si cet abutilon est plus adapté aux climats doux. Mais si vous craignez des froids rigoureux, vous pouvez le planter en bac et le rentrer sous serre froide durant quelques semaines.

Il est vigoureux et peut être conduit en grimpant
Les abutilons, notamment cette espèce, sont de croissance assez lente. Il leur faut du temps pour commencer à se développer (deux ou trois ans). Néanmoins, ils sont vigoureux et s’étalent à l’aide de rameaux longs et souples. Planté dans un massif, A. megapotamicum atteindra 1,20 à 1,50 m de haut avec un port retombant. Toutefois, si on le palisse contre un mur au soleil et à l’abri des vents, il peut atteindre 3 m de haut. Les anglais l’appellent « Trailing Abutilon« , ce qui souligne sa belle vigueur.

Des lanternes chinoises très originales
L’atout principal de cette espèce reste sa floraison. Elle intervient le plus souvent en juin et se prolonge jusqu’à la fin de l’été. Dans les Côtes d’Armor, on voit encore des fleurs jusqu’à la fin octobre. C’est à l’aisselle des feuilles qu’elles apparaissent, solitaires, pendantes, tenues par un long pédoncule. Les pétales sont jaune vif, le calice allongé est rouge et les étamines noires. Elles ne sont pas parfumées mais attirent tout de même de nombreux papillons. Au soleil, la floraison est toujours plus soutenue qu’à la mi-ombre, surtout si le sol est assez fertile. Une terre neutre à acide et humifère est idéale mais cet abutilon s’adapte aussi sur un sol un peu calcaire.

Des cultivars panachés
L’espèce type a des feuilles pointues d’un vert franc avec un bord denté. Elles sont légèrement palmées, un peu comme des feuilles d’érables. Il existe des feuilles panachées de crème ou de blanc avec les variétés ‘Variegatum’ et ‘Aureum’. ‘Canary Bird’ a des fleurs d’un jaune très vif. ‘Kentish Bell’ a un feuillage vert foncé intéressant. Les fleurs de ‘Melon Delight’ sont saumon et ‘Grandiflorum’ mérite son nom avec des longues fleurs.

Walter Brousse

Le faux sureau

Il n’est pas franchement beau et ne sent pas franchement bon. Il est vite envahissant et menace la biodiversité sur l’aire qu’il occupe. Et c’est difficile de le supprimer. Mais ce vilain petit canard peut tout de même être utile.

On l’appelle à tord le faux sureau car le sureau connu est l’arbre (Sambucus nigra) qui fleurit en mai le long des voies ferrées et dans les friches. Pourtant, ce sureau yèble est bel et bien un Sambucus espèce ebulus. D’ailleurs, ses fleurs et ses fruits ressemblent à ceux du sureau en arbre même s’ils sont dressés vers le ciel et non retombants comme sur l’arbre.

Il est toujours redouté
Ce sureau yèble, ou hièble, ou petit sureau, est une vivace herbacée et rhizomateuse. Elle disparait totalement l’hiver. Au printemps, ses rhizomes émettent de nouvelles tiges qui ne se lignifient pas au fil des saisons. Evidemment, les rhizomes courent sous la terre. Quelques plants deviennent vite une colonie envahissante.
Le yèble investit les talus qui bordent les chemins et les champs ou encore les lisières des forêts humides. Quand ce sauvageon s’installe, il couvre l’espace et menace directement toute biodiversité. En plus, il ne suffit pas de le faucher pour s’en débarrasser. C’est toujours long et difficile de supprimer une plante rhizomateuse.

Comment l’identifier
Le sureau yèble est assez facile à reconnaître. Hautes de 50 cm à 1,50 m, les tiges portent des feuilles composées qui comptent chacune entre 7 et 11 folioles. Les petites fleurs, blanches avec des anthères pourpres, sont regroupées en corymbes plates et tournées vers le haut. Elles apparaissent entre juillet et septembre. Elles font place ensuite à des baies d’un noir violacé, brillant. Toutes les parties de la plante sont toxiques, mais peuvent rendre service.

Une décoction à tester
En effet, les feuilles du sureau yèble, comme celles du sureau noir (l’arbre), sont utilisées en décoction pour protéger les rosiers du marsonia (maladie des taches noires) et du mildiou. En plus, la solution serait inoffensive pour les coccinelles et les abeilles.
Il faut faire bouillir 30 minutes 500 g de feuilles fraîches et hachées dans 3,5 l d’eau.
On rajoute un peu d’eau pour maintenir le niveau au cours de l’ébullition.
Ensuite, on filtre et on pulvérise froid et pur (sans diluer).
On peut stocker dans des bouteilles fermées durant 2 à 3 mois.

Walter Brousse

En + : C’est en juin, avec des jeunes feuilles, qu’il faut faire les décoctions utilisables sur les rosiers.

Alstroemères

Ces vivaces tubéreuses forment de grands massifs colorés très tard dans l’année. Elles demandent parfois un peu de temps avant de fleurir aussi généreusement. En plantant en automne,vous gagnez une année. Robustes, rustiques, florifères, faciles, ces hybrides ont tout de même quelques exigences qu’il faut savoir satisfaire.

C’est toujours étonnant de voir un massif en fleurs en plein mois de novembre. Et pourtant, chaque année, j’admire ces brassées multicolores d’astroemères, aussi bien dans le Loir-et-Cher que dans l’Oise ou dans les Côtes d’Armor. Mais attention, toutes les alstroemères n’ont pas cette capacité à fleurir si tardivement.

Des hybrides plus costauds que les espèces types
Le genre Alstroemeria compte près d’une cinquantaine d’espèces. Parmi les plus connues, A. psittacina (50 cm de haut) est appelée l’alstroemère perroquet en raison de ses fleurs brun-rouge strié de vert et taché de noir. A. aurantiaca (70 à 80 cm de haut) a des fleurs jaunes ou d’un beau rouge-orangé. A. inticancha, A. aurea, A. pulchella, A. pelegrina sont également assez répandues, ou plus précisément l’étaient du temps de nos grands-mères. En effet, ces lys des Incas plaisaient beaucoup dans les années soixante, même si elles étaient d’une rusticité assez moyenne (- 5° à – 8 °C). On appréciait leurs floraisons estivales (juin à septembre) et leur touche jugée à l’époque un peu exotique. Puis, plusieurs hybrides ont été mis au point et commercialisés, notamment certains issus de croisements entre A. ligtu et A. haemantha. Ces alstroemères ont le mérite de proposer des floraisons très colorées, et surtout, beaucoup plus longues. C’est le cas par exemple de A. x ‘Indian Summer’ dont les fleurs jaunes, orangées, rouges, sont encore épanouies fin novembre. Rustiques jusqu’à – 10 °C, elles sont aussi solides avec des tiges bien dressées et résistantes aux maladies.

Avant de planter, choisissez bien l’emplacement
Les alstroemères sont faciles mais elles n’aiment pas être trop souvent déplacées. Autant bien choisir l’endroit où vous les plantez et ne pas y revenir trop vite. Et le bon emplacement c’est d’abord une terre moyenne à fertile, fraîche, assez meuble, en tout cas drainante, neutre, acide ou même légèrement calcaire. Si votre terre est trop compacte et durcit en été, la souche tubéreuse de l’alstroemère éprouvera de vraies difficultés à s’installer et prospérer. Quant à l’exposition, l’alstroemère doit profiter d’une place ensoleillée mais pas brûlante en plein été. On peut également la planter à mi-ombre, c’est-à-dire avec le soleil du matin ou de fin de journée, assez doux, et une ombre légère aux heures les plus chaudes pour ne pas « griller ».

La souche tubéreuse doit être bien enterrée
L’alstroemère est dotée d’une souche tubéreuse. Méfiez-vous vraiment des sachets plastiques qui ne contiennent souvent que des fragments de souches et dont la reprise n’est pas certaine. Préférez des plants vendus en pot dont vous pouvez inspecter facilement la motte. A la plantation, creusez un trou assez profond mais surtout trois à quatre fois plus large que le diamètre de la motte, pour permettre aux radicelles de s’installer. Avant la mise en place, apportez un bon compost ou un terreau de feuilles. Ensuite, plantez en enterrant suffisamment la motte. Le haut doit être un peu plus bas que le niveau du sol, de façon à concentrer l’arrosage autour du pied. C’est à cette condition que vous obtiendrez une floraison dès le premier été qui suivra la plantation.

Pourquoi les alstroemères rechignent-elles à fleurir 
D’abord on doit commencer par se méfier de notre impatience. L’alstroemère est un peu longue à s’installer. Elle peut demander deux à trois ans pour fleurir généreusement. Laissez-lui le temps qu’elle demande et n’oubliez pas qu’en plantant à l’automne, on gagne souvent un an de patience. Ensuite, tous les paramètres recensés plus haut doivent être satisfaits. J’ai fait une fois l’amère expérience de planter une belle alstroemère au printemps dans une situation pourtant ensoleillée et sur une terre drainante et fertile. J’avais bien pris soin d’enterrer correctement la plante. En revanche, à proximité, un jeune mimosa (Accacia dealbata) développait de puissantes racines qui asséchaient la terre autour d’elles. Et les alstroemères en souffraient. Les quelques jours de pluie ne suffisaient pas à mouiller en profondeur. Il est indispensable d’arroser une fois par semaine pour garder le sol frais au printemps et en été la première année. Il faut aussi maintenir cette fraîcheur avec une bonne couche de paillis. Mais là encore, faites bien attention : ne mettez pas de la paille qui étoufferait rapidement la plante. Préférez des fougères sèches, légères, qui laissent respirer la plante tout en restant très efficaces. Enfin, éliminez les mauvaises herbes (souvent la chélidoine) qui imposent une concurrence sur les arrosages, mal vécue par des jeunes alstroemères.

Divisez l’alstroemère si vous devez la déplacer
Si vous n’avez pas pris toutes les bonnes dispositions, ou si la plante tout simplement végète là où vous l’avez installée, il ne faut pas hésiter : déplacez-la. Même si elle n’adore pas ça, c’est la seule solution pour la relancer. Comme la pivoine herbacée, l’alstroemère peut se montrer parfois un peu capricieuse sans raison apparente et rechigner à bien fleurir. L’idéal est d’intervenir en automne, entre octobre et Noël, par temps doux et couvert, voire pluvieux. On commence par rabattre toutes les tiges à 5 cm du sol. Ensuite, on plonge en profondeur la fourche-bêche à côté de la souche de façon à ne pas risquer de la blesser et on enlève une grosse motte. Surtout, avant de replanter, on divise en deux ou trois la motte existante de façon à assurer la reprise. On plante alors sans attendre et en arrosant copieusement. En d’autres termes, on ne déplace pas une alstroemère sans la diviser, ce qui revient à la multiplier. Mais elle le vaut bien !

Louis Vittu

Calycanthes

L’arbre aux anémones est peu connu. Les espèces cousines et les nouveaux cultivars le sont encore moins. On admire leurs floraisons imaginant qu’ils sont fragiles ou capricieux. Or, ils s’adaptent à peu près partout.

Ils fascinent avec leurs floraisons très originales. On les croirait fragiles alors que ces arbustes sont de vrais costauds. On les soupçonne même d’être capricieux avec des exigences qu’ils n’ont pas. A chaque fois qu’on en croise dans les foires aux plantes il est difficile de résister. Et pourtant, malgré de nombreuses qualités, ces calycanthes sont encore presque considérés comme des plantes rares. On en voit encore très peu, même dans les jardins d’amateurs les plus beaux.

L’arbre aux anémones
L’espèce la moins rare du genre Calycanthus est C. floridus. On la surnomme arbre aux anémones en raison de ses grandes fleurs si atypiques (diamètre 6 à 8 cm). Composées de pétales linéaires rouge brun, elles semblent posées sur les branches. La floraison a lieu en juin et juillet, parfois dès le mois de mai. Elles libèrent un parfum fruité qui attire les insectes pollinisateurs. La floraison remonte un peu à partir du milieu de l’été et début automne. Cet arbuste est encore appelé arbre Pompadour. Il est beaucoup plus résistant qu’on le suppose. Il n’est sensible à aucune maladie particulière et ne craint pas spécialement de parasites. Enfin, on le dit rustique jusqu’à -15° à -20°C. Mais à Montréal, au Canada, il supporte des paquets de neige et des gels encore plus intenses sans que cela gêne sa floraison en fin de printemps.

L’arbre aux épices
L’espèce C. floridus nous vient de Floride. C. occidentalis est originaire de Californie. Très proche de l’espèce précédente, on le surnomme aussi arbre aux épices. Il est vrai que l’écorce, mais aussi les feuilles, libèrent un parfum de camphre, surtout quand on les écrase. Mais attention, certaines parties du calycanthe peuvent s’avérer toxiques, surtout les graines. La fleur de C. occidentalis (8 cm) est un peu plus grande que celles de l’espèce cousine. Pour le reste, il n’y a pas de différences notables. On tient là un arbuste compact à l’âge adulte qui ne dépasse pas 2 à 3 m de haut pour 2 m de large. Cela facilite les choses pour lui trouver une place dans les petits jardins.

Les nouveaux hybrides
Depuis quelques années, on voit de nouveaux cultivars sous le nom de Sinocalycanthus. Ils sont en réalité issus de croisements entre les espèces de Chine (C. sinensis) et américaines. C’est le cas de Sinocalycanthus x raulstonii ‘Venus’ avec ses grandes fleurs blanches (10 cm) au coeur pourpre. La floraison de printemps (avril, mai) est soutenue et remonte un peu en fin d’été. Les feuilles caduques d’un vert tendre virent au jaune d’or en automne. Et puis, plus récent, ‘Hartlage Wine’ est un cultivar aux grandes fleurs rouge bordeaux spectaculaires.

On plante maintenant
Oui, cet arbuste est à la fois très rustique et très solide. Si on le trouve dans les régions à terre acide, ce n’est pas pour autant un arbuste de terre de bruyère. Il a peut-être une préférence pour les sols neutres ou acides, riches, mais il supporte aussi les sols un peu calcaires et moyens. On a tout intérêt à le planter en octobre pour qu’il ait le temps de s’installer avant le premier été. Il faudra tout de même l’arroser régulièrement tout au long de la première année en le paillant de mai à septembre pour garder le sol frais. On lui réserve un endroit ensoleillé (mais pas de soleil brûlant), ou avec une ombre légère l’après-midi. Attention, trop d’ombre réduirait la floraison.

Catherine Larenaudie